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mercredi 8 août 2012

Le Club des Incorrigibles Optimistes - Jean-Michel Guenassia

"Toi et les maths, c'est sans espoir. Ne te fais pas de souci, il y a une foule de métiers où on n'a pas besoin de maths."

"Je suis de plus en plus convaincu que la démocratie n'est qu'une supercherie inventée par la bourgeoisie pour diriger en permanence le système. Il va falloir tout foutre en l'air. Sans égard ni discussion. Les libertés individuelles sont des leurres et des chimères. A quoi ça sert d'être libre de dire ce que tu penses si tu as un salaire de merde et que tu vis comme un chien? Tu t'exprimes, tu jouis des libertés dites fondamentales de la pseudo-démocratie mais ta vie est pourrie. On a fait des révolutions et des guerres. On a renversé des gouvernements. Rien ne change. Les riches restent riches et les pauvres aussi pauvres. C'est toujours les mêmes qu'on exploite. La seule liberté qu'on doit donner aux citoyens, c'est la liberté économique. Il faut en revenir au fondamental: "A chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins." Plus que jamais, le seul vrai pouvoir est économique et c'est celui-là qu'il faut reprendre. Ce ne sera pas de gré mais de force. Tant pis s'il faut, de nouveau, éliminer les tenants de l'ordre ancien. Tant qu'on n'aura pas fait une nouvelle révolution et guillotiné ceux qui ont confisqué le pouvoir économique, on n'aura rien fait que bavarder. Les élections ne sont que des pièges à cons."

"En général, les matheux sont nuls dans les matières littéraires et ils en sont fiers."

"-L'Homme révolté d'Albert Camus.
-Je ne vais peut-être pas comprendre.
Elle a ouvert le livre. J'ai lu la première ligne: "Qu'est-ce qu'un homme révolté? Un homme qui dit non." Ca n'avait pas l'air compliqué. Je me suis senti concerné. Est-ce que ça voulait dire que j'étais un révolté?
-Lis-le, tu verras. Ce qui les emmerde, c'est que Camus est lisible. Et lumineux. Pas Sartre. Ils le haïssent parce qu'il a raison, même si je ne suis pas d'accord sur tout avec lui. Il est un peu trop humaniste à mon goût. Des fois, il faut être plus radical. Tu comprends?"

"La différence entre nous et les autres, c'est qu'ils sont vivants et nous des survivants."

"Soudain, entre ceux qui haïssaient le système et ceux qui croyaient en l'avenir du genre humain, ça explosait. Deux ou trois commençaient à hausser le ton. Ils oubliaient le français pour reprendre leur langue d'origine, transgressant la règle d'or édictée par Igor. Ils s'y mettaient en bloc, même ceux qui ignoraient les causes de l'altercation. Pendant dix minutes, c'était un capharnaüm babélique."

"Des conflits ancestraux, des vieilles rancoeurs d'Europe centrale remontaient à la surface. Les Polonais haïssaient les Russes qui les abominaient, les Bulgares détestaient les Hongrois qui les ignoraient, les Allemands exécraient les Tchèques qui méprisaient les Roumains qui s'en foutaient. Ici, les uns comme les autres étaient apatrides et égaux dans l'adversité."

"Elle cherchait l'occasion rare chez les bouquinistes, le livre inconnu. On arpentait les quais de Seine en discutant ou en faisait le tour du Luxembourg. Comme un aimant, le jardin l'attirait. On s'asseyait sous les platanes de la fontaine Médicis. C'était son coin. Le lieu où elle aimait se réfugier et travailler. On se cherchait un endroit à l'écart, le long du bassin, de préférence sur le côté droit pour attraper le soleil. Pour elle, c'était, et de loin, le plus beau monument de Paris. Elle pouvait rester longtemps à la scruter comme si elle y cherchait un secret caché. Pour moi, c'était une jolie fontaine. Elle a murmuré d'une voix rêveuse:
-Cette fontaine est un rêve impossible entre l'eau, la pierre et la lumière. Elle ne sert à rien qu'au plaisir des yeux. On peut passer à côté sans la voir. Dès qu'on l'aperçoit, on est captivé. C'est une déesse florentine qui jette ses sortilèges et te capture. Ses proportions sont idéales, sa perspective parfaite. Même si tu ne l'es pas, elle te rend romantique. Observe Acis et Galatée, les amants séparés, à jamais réunis. C'est le repère des amoureux et des poètes, gardien des confidences et témoin des serments éternels. Un jour tu amèneras ici celle que tu aimes et tu lui réciteras un poème."

"J'aime la littérature, pas l'enseignement. Il faut avoir la vocation et je ne l'ai pas."

"Quand ils se disputaient, ils laissaient tomber le français qu'ils manipulaient plus ou moins bien pour reprendre leur langue d'origine, ce qui leur permettait de s'injurier plus facilement."

"Seuls ceux qui on été en situation irrégulière peuvent comprendre l'angoisse permanente du réfugié qui, après avoir sauvé sa peau, doit lutter contre cet adversaire mystérieux: le fonctionnaire de la Préfecture."

"On a beau vivre en France depuis trente-trois ans et manier sa langue comme un Parisien, le jour où on pique une colère avec une bordée d'insultes, c'est dans sa langue natale."

"Je n'ai jamais compris comment on pouvait dire une chose et faire son contraire. Jurer qu'on aime quelqu'un et le blesser, avoir un ami et l'oublier, se dire de la même famille et s'ignorer comme des étrangers, revendiquer des grands principes et ne pas les pratiquer, affirmer qu'on croit en Dieu et agir comme s'il n'existait pas, se prendre pour un héros quand on se comporte comme un salaud."

"N'oubliez pas, Igor, rétorquait Mazerin, que les Français sont des râleurs congénitaux."

"Il y a des livres qu'il devrait être interdit de lire trop tôt. On passe ) côté ou à travers. Et des films aussi. On devrait mettre dessus une étiquette: Ne pas voir ou ne pas lire avant d'avoir vécu."

"Les films étaient doublés et, pour lui, c'était un crime. John Wayne en français, ça le faisait rire, et Clark Gable, çe le faisait pleurer."

"Moi, je ne veux rien. Un voeu, c'est triste et impossible. Je n'ai pas envie de rêver."

"Les grands écrivains ont remarqué la supériorité des femmes sur les hommes et leur ont donné une maîtrise psychologique instinctive. (....)
Les grands écrivains ont finement observé que les femmes insistent. Jusqu'à ce qu'elles obtiennent satisfaction et que le héros avoue. Ce qui est une source d'explosion.(...)
Les grands romanciers ont souvent remarqué que les femmes ont un besoin impérieux de certitudes. Une longue partie de leurs récits consiste dans l'obtention de la promesse. Elles reviennent à la charge, elles insistent tant et plus, elles en font une affaire de vie ou de mort et les hommes finissent pas céder. (...)
Les grands romanciers ont constaté que, si les femmes obtiennent des hommes des serments absolus, la plupart du temps, les hommes sont parjures. Les uns et les autres ne leur accordent pas la même valeur. Cette trahison occupe la deuxième partie de l'histoire. Ceux qui se débrouillent bien ont de quoi faire un deuxième tome. Peut-être que la nouveauté dans le roman moderne, miroir de son époque, est d'avoir permis aux femmes de se renier elles aussi, de trahir comme les hommes et de devenir solitaires."

"Presque tous les soirs, on discutait bouquins. Elle essayait de me convaincre de renoncer à cette pratique de lire l'oeuvre d'un écrivain d'une traite.
-C'est idiot. Il faut garder le meilleur, aller à l'essentiel. Une grosse moitié de ce qu'on écrit Balzac, Dostoïevski, Dickens ou Zola n'a aucun intérêt. Tu perds ton temps en lisant leurs mauvais livres.
-Comment le saurai-je si je ne les lis pas? Vous pouvez porter un roman aux nues et moi pas. J'ai adoré Les Nuits Blanches et vous me dites que c'est le plus mauvais de Dostoïevski. Qui a raison?"

"Il y a dans la lecture quelque chose qui relève de l'irrationnel. Avant d'avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas. On hume, on flaire le livre, on se demande si ça vaut la peine de passer du temps en sa compagnie. C'est l'alchimie invisible des signes tracés sur une feuille qui s'impriment dans notre cerveau. Un livre, c'est un être vivant. Les gens, rien qu'à les voir, vous savez à l'avance si vous serez leur ami."

"Longtemps, il pensa que la voix de notre mauvaise conscience était faite pour ne pas être obéie. Sinon, le remords n'existerait pas et une vie sans regrets n'a pas d'intérêts. Ensuite, il avait conclu qu'aucun homme ne pouvait résister à un pareil sourire ou ce n'était pas un homme. Aujourd'hui, il se disait qu'il avait été con, comme tous les hommes sont cons devant un sourire de femme. Leonid se baissa, ramassa la manivelle pour changer la roue, et ses ennuis commencèrent."

"Tu ne connais rien aux femmes. C'est quand elles disent non qu'elles pensent oui."

"L'important, c'est d'être au-dessus des nuages et ils sont partout les mêmes."

"Tu peux te lasser d'une femme, en vouloir une autre. Ce n'est pas de l'amour, c'est du désir. Parce que l'amour, le vrai, c'est intellectuel."

"On ne vit bien que dans l'oubli. La mémoire est le pire ennemi du bonheur. Les gens heureux oublient."

"Quand je leur ai conseillé des livres, ils m'ont regardé comme si j'étais débile."

"Aujourd'hui j'ai envie de voir en vrai ce que j'ai admiré dans les livres."

"Les hommes n'ont rien compris à l'Evolution. Celui qui travaille est le roi des cons."

"-Et la démocratie? protesta Tomasz.
-Tu confonds avec l'égalité. La démocratie est un système injuste. On demande leur avis à des imbéciles de ton espèce."

"La littérature, ce n'est pas des histoires. Il y a un fond de vérité."

"Pour éliminer le chagrin, il y a trois remèdes. Il faut manger. Un bon repas, des gâteaux, du chocolat. Ensuite, écouter de la musique. On se fait toujours avoir. On oublie."

"Ils se sont dit qu'il avait perdu la boule comme certains grands joueurs. Il montait à un tel sommet de réflexion, de pureté intellectuelle et de concentration cérébrale qu'ils basculaient de l'autre côté."

"Je cherchais le paragraphe où j'avais arrêté ma lecture quand j'ai été percuté de plein fouet avec brutalité. Je me suis retrouvé par terre, désorienté et endolori. Je m'étais cogné la tête. Je ne savais pas contre quoi. J'ai récupéré mes esprits. Je l'ai vue. En face de moi. Elle se frottait le front qui disparaissait derrière ses cheveux frisés. Elle paraissait surprise, comme égarée. On se découvrait, comme deux voyageurs perdus qui se trouvent sur une île déserte. Elle portait un blue-jeans et des chaussures de tennis. Elle lisait Le Matin des magiciens et moi Bonjour tristesse. Je n'avais aucune chance."

"Nous sommes déterminés par notre milieu social et nos capacités intellectuelles. Je passe ma vie à vérifier qu'il est impossible d'éduquer une majorité d'abrutis. On ne force pas son destin."

"-Tu es toujours aussi belle.
-Il ne faut pas se fier à l'apparence. Les rides sont à l'intérieur."

"Il y a longtemps, Gorki a écrit à Romain Rolland: "Il n'existe pas au XXe siècle un seul "peuple trompé"." Proclamer: "On ne savait pas" est un mensonge collectif rassurant. Les Russes comme les Allemands, les Français, les Japonais, les Turcs et les autres savaient ce qui se passait chez eux. Personne n'est dupe. Les arrestations, les expulsions, les exactions, les tortures, les déportations, les exécutions, la propagande, les photos truquées."

"Pour la mort, on se réconcilie parce qu'on sait que là, on est tous égaux."

Le Club des Incorrigibles Optimistes - Jean-Michel Guenassia

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