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samedi 27 octobre 2012

19 Lunes - Kami Garcia & Margaret Stohl

« Le monde ne recèlerait jamais assez de chocolat pour améliorer la situation. »

« Elle n’entendait plus rien dès lors qu’elle était absorbée dans sa lecture. Lire était sa version d’un Voyage. »

« Lena a paru ne pas s’en rendre compte ou s’en moquer, quand bien même son haleine formait de douces volutes blanches sous son nez. J’ai remarqué ses cernes noirs, la maigreur et la fragilité identiques à celles qui s’étaient emparées d’elle lors de la mort de Macon. Cependant, elle n’était plus la même qu’alors ; elle était beaucoup plus forte à présent. »

« -Charlie… Voyez-vous, il y a une fille…
-Il y a toujours une fille, m’a-t-il coupé. »

« C’était plus simple avant, quand je ne savais rien. J’avais à peine conscience d’être vivant. »

« Il s’est appuyé sur sa gaule, ses yeux d’un bleu surnaturel et dénués de pupilles vrillés sur moi. »

« Je me faisais l’effet d’être Peter Pan à l’envers. Comme si Wendy avait décousu mon ombre de mon corps au lieu de la recoudre à mes pieds. »

« Malheureusement, on ne répare pas une bulle qui a explosé.
Même moi, je savais ça. »

« Cousine, a-t-elle Chuchoté, tandis que j’enfouissais mon visage dans le creux de son épaule, humant des odeurs de laque, de gel douche et de sucre. Des paillettes ont virevolté autour de nous, s’échappant de la lotion étincelante dont elle s’était enduit tout le corps.
Lumières ou Ténèbres, cela n’avait jamais fait beaucoup de différence entre nous. Pas quand l’heure était grave. Nous étions du même sang, et nous étions réunies. »

« Ce qui se passait entre ces deux-là m’échapperait toujours. Ca échapperait à tout le monde. A eux y compris. »

« L’amour est avant tout la manière dont tous les liens commencent à dénouer. »

« Un sourire malsain a étiré ses lèvres. »

« Une de ses fameuses citations, d’un certain Leonard Cohen en l’occurrence : « Il y a une fissure dans tout. C’est ce qui permet à la lumière d’entrer. » »

« Les dons ne servent à rien si l’on a personne à tourmenter ou à dominer, a-t-il répondu. »

« Les poèmes se trompent. C’est un éclat, un vraiment gros éclat. Pas un cri plaintif. Et, parfois, l’or perdure. Tout être ayant aimé vous le dira. »

« Link débitait tellement de merdouilles qu’on aurait pu le confondre avec une cuvette de toilettes. Comme au bon vieux temps. Comme c’était censé être. »

« Ensuite, j’ai pleuré jusqu’à ce que le soleil se couche et que le ciel et le pré soient aussi Ténèbres et Lumière que moi. »

« Rien n’est vain. Je ne sais pas quel est le but de l’existence, mais tout ce que j’ai eu, tout ce que j’ai perdu et tout ce que j’ai ressenti- ça n’a pas été en vain.
La vie n’a peut-être pas de sens. C’est vivre qui en a un, sans doute.
Voilà ce que j’ai appris. Voilà ce que je vais tâcher de faire dorénavant. »

« Parce que le firmament n’est pas du tout composé de peinture bleue, et qu’il n’existe pas juste deux sortes de personnes sur terre, les bouchés et les bornés. Ca, c’est seulement ce que nous croyons. Ne perdez pas votre temps avec, ne perdez votre temps avec rien. Ca n’en vaut pas la peine. »

« Je lève mon verre à la lune et j’avale son contenu. La vie n’a jamais eu aussi bon goût. »

19 Lunes – Kami Garcia & Margaret Stohl

mercredi 10 octobre 2012

Histoire de la Turquie contemporaine - Hamit Bozarslan

« Plutôt que de partir des catégories normatives, qui construisent tout autant un monde musulman, associé aux « ténèbres asiatiques », qu’une personnalité quasi miraculeuse capable de rapprocher une partie de ce monde d’un « modèle occidental », lui aussi anhistorique, j’essaie de placer le kémalisme dans le contexte des courants et expériences politiques « révolutionnaires », notamment européens, d’entre les deux guerres. »

« La proclamation d’un « ordre nouveau » (nizam-i cedid) en 1793, qui remplaça l’ « ordre universel » (nizam-i âlem) de l’Empire, parut dans un premier temps suffisante pour enrayer le « déclin ». »

« Enfin, les réformateurs voyaient dans les écoles militaires et civiles « à la française », dont la fameuse Mülkiye (Ecole d’administration), le pilier central d’une nouvelle bureaucratie fidèle et efficace. Le résultat fut l’émergence d’une intelligentsia très différente des alim (savants) ottomans : en rupture avec le Palais, elle fut plus attirée par l’action révolutionnaire que par le devoir d’obéissance et, comme le dit Cemil Meriç, s’attacha plus à l’idée de progrès qu’à celle de l’ordre. »

« Pour la première fois, en effet, un sultan ottoman, Abdûl Aziz (intronisé quelques mois auparavant), était assassiné lors d’un coup d’Etat monté par des officiers et bureaucrates civils. Si le régicide n’était pas inédit dans l’histoire ottomane, l’assassinat d’un sultan par des éléments extérieurs au Palais l’était. Il témoignait clairement que les réformes avaient produit une nouvelle génération de militaires et de bureaucrates qui ne se considéraient plus comme de simples serviteurs de l’Etat, mais visaient à en devenir les maîtres. »

« le congrès de Berlin, réuni le 13 juin 1878, reconnut la Serbie et la Roumanie comme Etats indépendants et la Bulgarie accéda à une large autonomie qui réduisait à néant la souveraineté ottomane. Bien que toujours officiellement territoires ottomans, la Bosnie et l’Herzégovine passèrent sous le contrôle militaire de l’Autriche. Enfin, les chrétiens de l’Empire furent placés sous la protection de la France. Au lendemain de ce désastre qu’il interpréta comme une preuve flagrante de l’échec des Tanzimat, Abdûl Hamid II dissolvait l’Assemblée et suspendait la Constitution. Il fit également arrêter Midhat Pasa, architecte et principal responsable de l’expérience constitutionnelle (sa mort en prison fut imputés au Palais). »

« Sans leur faire de concessions majeures, Abdûl Hamid II se montra attentif aux critiques venues d’oppositions islamistes aussi variées que les wahhabites ou les salafistes. »

« Les massacres de 1894-1896, qui firent au moins 100 000 victimes arméniennes, constituèrent effectivement le premier pas concret vers la réinvention de l’Anatolie comme une entité turque et musulmane. »

« La majorité des Jeunes-Turcs était des Ottomans musulmans, mais d’autres étaient chrétiens, juifs, ou encore musulmans de Russie. Si « Liberté et Constitution » étaient leurs mots d’ordre, ils ne s’inspiraient pas moins de multiples courants d’idées européens, des plus conservateurs aux plus révolutionnaires. Alors que certains désiraient le renouveau de l’Empire, d’autres aspiraient à une révolution comme une « fête de sang ». Et parfois, ils pouvaient s’identifier à plus d’un courant en vogue dans la capitale française : « En Europe, au début du XXème siècle – selon la narration moqueuse de Yahya Kemal -, les Jeunes-Turcs en extase écoutaient les discours de Jaurès, ils suivaient ensuite, les larmes aux yeux, la marche des membres de l’Action française et, un autre jour, applaudissaient les monarchistes. » 
Dans ce foisonnement d’idées, deux courants parvinrent néanmoins à se dégager au tournant du siècle pour déterminer par la suite la vie politique ottomane et turque : l’Union ottomane, rebaptisée plus tard Comité Union et Progrès, officiellement dirigée par Ahmed Riza, et l’Organisation de l’Initiative privée et de la Décentralisation, dont le prince Sabahaddin, neveu du sultan, était la figure emblématique. »

« D’emblée, cette deuxième monarchie constitutionnelle fut perçue comme la « proclamation de la liberté »). A partir du 24 juillet, toutes les grandes villes de l’Empire connurent fêtes et fraternisation ; d’Istanbul à Salonique, des cortèges mixtes, réunissant musulmans, chrétiens et juifs, célébrèrent la fin de l’ « absolutisme », et scandèrent la devise « Liberté, Egalité, Fraternité, Justice ». L’image de la liberté, incarnée par un personnage féminin dévêtu à la manière de Marianne, et celle de la Constitution, représentée par un enfant, devinrent les symboles d’une période d’attente et d’espoirs La « proclamation de la liberté » permit ainsi de prendre la mesure des changements qu’avait silencieusement connus l’Empire sous le règne d’Abdûl Hamid II. En quelques semaines, des organisation politiques, aussi bien musulmanes que grecques et arméniennes, une presse libre d’une grande vitalité, les premiers syndicats, les premières organisation féminines et les premiers entre culturels de nombre de communautés musulmanes virent le jour.
Le 24 juillet fut salué, aussi bien à Istanbul qu’à Paris, comme la « deuxième Révolution française en Orient ». Les Jeunes-Turcs commencèrent d’ailleurs à évaluer leurs avancées et reculs, ou encore leur place dans l’histoire par rapport à leurs prédécesseurs français grâce à une table de concordance entre les deux révolutions. Mais contrairement à la révolution française, le 24 juillet ottoman avait lieu dans un Empire « malade », convoité par plus d’une puissance étrangère, et dans un cadre multiethnique et multiconfessionnel où la notion de tiers état renvoyait à la donne communautaire. »

« Toujours est-il que cet événement constitua une source de traumatisme pour le Comité Union et Progrès, puis pour le pouvoir kémaliste qui le considéra comme la première manifestation organisée de l’irtica, autrement dit l’islamisme réactionnaire. »

« Le véritable pouvoir reposait désormais entre les mains d’une troïka de fait, composée d’Enver, Cemal et Talat, tous trois gratifiés du titre de pacha et chacun disposant de son propre service secret. »

« Au-delà du souci de l’indépendance économique, la guerre offrait l’occasion d’une revanche historique sur la Russie et ouvrait la voie à la conquête de l’Asie centrale, l’Ergenekon du nationalisme turc, le berceau mythique de la nation. 
La guerre mondiale, en outre, signifiait un double processus : de sortie d’empire et d’islamisation de l’Anatolie. Le premier était déjà largement entamé par la guerre russo-turque de 1877, puis les guerres balkaniques de 1912-1913 qui avaient réduit à néant la présence ottomane dans les Balkans. La guerre de 1914-1918 allait mettre un terme à la présence ottomane dans les provinces arabes, déjà secouées par une contestation nationaliste que la politique de la terre brûlée de Cemal Pasa, membre du triumvirat et proconsul de Syrie, ne pouvait mater. Mais la guerre se présentait aussi comme le moment opportun d’islamiser, à défaut de turciser, l’Anatolie par l’extermination des Arméniens (800 000 victimes, selon les estimations établies par les autorités ottomanes en 1919, plus d’un million selon la quasi-totalité des spécialistes). Avec la disparition de l’une des ses principales composantes historiques, tout le paysage humain de l’Anatolie changeait de fond en comble. »

« L’extermination des Arméniens fut organisée pour l’essentiel par l’  « Organisation spéciale » (Teskilat-i Mahsusa), organe de sécurité de la Troïka, regroupant les komitaci d’Union et Progrès, qui, selon la définition de l’un d’eux (Fuad Balkan), « brûlent, détruisent et tuent sans pitié, pour leur patrie et leur nation. » »

« La liquidation des biens arméniens par des commissions ad hoc ne suffisait certainement pas à créer une « économie nationale », mais elle n’en contribua pas moins à la formation d’une certaine « bourgeoisie nationale ». Les spéculations sur les denrées alimentaires et les matériaux de guerre, ainsi que  les contrats publics liés notamment aux transports, offrirent d’autres opportunités à cette bourgeoisie, lui permettant de mener un train de vie pour le moins insolite dans la capitale d’un pays en ruine. Un roman écrit en 1924 par Sebaheddin Enis décrit les rituels festifs de cette nouvelle classe, avec bains de champagne pour ses demoiselles émancipées. L’une d’elle, Jale Türkan (Sang-turc), adepte inconditionnelle des soirées d’alcool et de sexe, était saluée pour cette raison par l’Allemand Von Wolf comme « civilisée ». »

« L’armistice de Moudros fut suivi par l’occupation et la participation de fait de ce qui restait de l’Empire ottoman : la Grande-Bretagne s’empara de la totalité de la province de Mossoul (l’actuel Kurdistan irakien), l’Italie et la France d’une partie de la région méditerrannéenne de la Turquie actuelle, et la Grèce, de Smyrne. Athènes , qui considérait le moment opportun pour mettre en œuvre son projet de Megali Idea (La Grande Idée, c’est-à-dire la Grande Grèce), incluant théoriquement aussi Constantinople, avança d’ailleurs rapidement vers l’Anatolie intérieure, terres qu’elle allait avoir du mal à contrôler. Enfin le 16 mars 1919, ce fut le tour de la capitale de passer sous le contrôle des forces anglaises, françaises et italiennes.
Le traité de Sèvres (10 août 1920) que le gouvernement ottoman fut contraint de signer consacra le démembrement de l’Empire et, plus grave encore, de l’Anatolie : une grande partie  de la Thrace occidentale fut offerte à la Grèce. Smyrne, resta, du moins pour une période de cinq ans, sous la souveraineté théorique de l’empire, mais il était évident qu’à terme elle allait être annexée à la Grèce. La France se vit octroyer plusieurs provinces méridionales. Un contrôle international sur les Détroits fut instauré. Enfin, le traité prévoyait la constitution d’un Etat arménien et d’une zone autonome kurde, susceptible de déboucher sur l’indépendance. »

« Puis, l’arrivée en Anatolie, le 19 mai 1919, de Mustafa Kemal, général qui s’était fait remarquer aux Dardanelles et en Syrie lors de la guerre mondiale, dota l’opposition d’un porte-parole. D’emblée, Mustafa Kemal s’opposa à l’occupation des forces alliées. Il rejeta aussi le projet d’instauration d’un mandat américain sur ce qui restait de l’Empire, que certains nationalistes considéraient comme la seule chance de survie de la nation turque. Le 22 juin 1919, depuis Amasya, Mustafa Kemal lança l’appel à le désobéissance au gouvernement d’Istanbul, qui fut chaleureusement accueilli par la quasi-totalité de la bureaucratie des provinces anatoliennes. Enfin, les congrès d’Erzurum et de Sivas (23 juillet et 4 septembre 1919), organisés par des notables locaux, devinrent les premières plates-formes d’une résisance tant soit peu coordonnée et consacrèrent la place de Mustafa Kemal comme dirigeant. »

« Enfin, la majorité écrasante des chefs de tribu et ulémas kurdes, qui durant la Grande Guerre avaient collaboré avec les unionistes, figurait parmi les soutiens du pouvoir kémaliste émergent. Les lettres de Mustafa Kemal les assurant de sa protection contre une Etat arménien et leur promettant la fraternité turco-kurde ne pouvait que consolider cette alliance. »

« Le traité de Lausanne signé le 23 juillet 1923 consacra la victoire de Mustafa Kemal, qui récupérait une grande partie des territoires revendiqués par le Pacte national de 1920. De même, il n’était plus question dans ce traité d’un Etat arménien (les Arméniens, les Grecs et les juifs obtinrent le statut de « minorités »), ni d’une autonomie kurde. « Lausanne » était la pièce maîtresse de toute une série de traités qui allaient fixer la donne territoriale et démographique de la Turquie actuelle. Ainsi, le traité d’échange de populations avec la Grèce, conclu avec celui de Lausanne, mais mis en application après, aboutit à un vaste mouvement de transfert des chrétiens orthodoxes, parmi lesquels des turcophones, vers la Grèce (plus de 900 000 personnes) et, inversement, de près de 400000 musulmans, y compris grécophones, vers la Turquie. Cette transhumance forcée fit de la Turquie un pays à 99% musulman. Les traités entre Ankara, Londres et Bagdad, signés en 1926 tranchèrent le sort de l’ancienne province de Mossoul, qui annexée à l’Irak. Enfin, en 1937, les pressions turques sur Paris portèrent leurs fruits, et le sandjak (district) d’Alexandrette (actuelle Hatay), d’abord proclamé « République » indépendante, fut annexée en 1939 à la Turquie, provoquant par là le départ massif des Arméniens de cette province. La nouvelle Turquie était née. »

« En 1923 et 1924, les deux « groupes » parlementaires se transformèrent en partis politiques : le Parti du peuple (rebaptisé Parti républicain du peuple, fondé le 11 septembre 1923) de Mustafa Kemal et le Parti progressiste républicain (17 novembre 1924- 3 juin 1925) de Kâzim Karabekir. »

« La Parti progressiste républicain fut également interdit, ses dirigeants, accusés de collusion avec les insurgés, condamnés à des peines de prison ou publiquement humiliés. Un an après, une tentative d’attentat contre Mustafa Kemal à Izmir (15 juin 1926) offrit une nouvelle occasion de consolider son pouvoir et la mainmise de son parti : certains unionistes, parmi lesquels l’ancien ministre des Finances Cavid Bey, étrangers à l’attentat, mais qui refusaient de se convertir au kémalisme, furent éliminés (19 condamnations à mort, 18 exécutions, un suicide), et de nouvelles peines de prison furent prononcées.
C’est sur cette toile de fond que Mustafa Kemal prononça entre les 15 et 20 octobre 1927, son fameux Discours (Nutuk), qui se révéla un acte de condamnation sans appel de ses « opposants » et de ses anciens collaborateurs désormais réduits au silence. Mustafa Kemal avait dès lors toute l’autorité requise pour réécrire l’histoire immédiate de la Turquie expurgée de la quasi-totalité des figures qui avaient participé à la guerre de l’Indépendance. D’emblée saluée par la presse kémaliste comme le « Livre sacré des Turcs », la parole de l’homme devenue parole d’Etat montrait combien la consolidation du régime de parti unique était inséparable du culte de la personnalité. Pour utiliser la formule heureuse de Hülya Adak, avec le Discours, Mustafa Kemal inventait le je-nation ». Le Nutuk, dit encore Adak, ne se contentait pas de contrôler la « mémoire historique », il laissait aussi « les générations futures avec une unique mission : celle de préserver la nation, entité immuable fixée une fois pour toutes, et le nom de con créateur/père : Atatürk ». »

« La revue Kadro (« Cadre ») lancée en 1932 était essentiellement destinée à cette entreprise doctrinaire. Elle révéla l’ambition du kémalisme de ne plus rester dépendant de l’héritage unioniste ou de la matrice de la Révolution française (sévèrement critiquée pour ses échecs), mais de s’ériger en un modèle universel à part. Le kémalisme se projetait désormais comme le troisième pôle, avec les fascisme italien et le bolchévisme soviétique, d’un nouveau monde qu’il concevait comme antilibéral et antidémocratique. Les transfuges du Parti communiste turc, devenus idéologues par défaut du régime, jouèrent un rôle déterminant dans ce « chantier » nommée Kadro, qui bouleversa le paysage intellectuel turc. La revue suscitait cependant la méfiance du régime par son radicalisme et fut arrêtée en 1934 sur décision de Mustafa Kemal, mais d’autres ouvrages, des « manuels de la révolution turque » ou des « précis du kémalisme », prirent la relève. »

« Enfin, le culte de Mustafa Kemal fut considérablement renforcé durant la décennie de 1930. Tout en restant « Gazi » (commandeur victorieux) et « Chef éternel », il devint, par une loi spéciale adoptée en 1934, Atatürk, le « Père des Turcs » (la même loi interdisant l’adoption de ce nom par tout autre citoyen turc). L’appellation était conforme à l’image que Mustafa Kemal avait de lui-même : « Seul le chef de la communauté humaine est digne d’être sacralisé. » Ce culte trouva aussi son expression esthétique : les statues de Mustafa Kemal, réalisées notamment par le sclpteur Heinrich Krippel, le présentèrent comme l’incarnation de la force brute. Le Chef éternel était le sommet de la pyramide constituée par la « nation-armée » turque, le deuxième niveau de la pyramide était formé des autres chefs. Enfin, à la base, se trouvait le peuple. Recep (Peker) expliquait ainsi, en 1933, l’objectif du parti dont il était le secrétaire général : « Une société disciplinée, qui suit les verdicts des chefs nationaux en lesquels elle a confiance. » »

« Mais la qualification du kémalisme comme régime radical et modernisateur découle surtout de sa politique dans le domaine religieux. I est en effet considéré comme la seule expérience laïque qui aurait réussi à ébranler les fondements même d’une société musulmane livrée à la tyrannie théocratique. »

« Quelles étaient ces réformes ? Le 3 mars 1924, après la monarchie, le califat (succession du Prophète), assurée par les sultans ottomans depuis 1517, fut aboli et le dernier calife, Abdûl Mecid II, expulsé de Turquie. La même année, la loi sur l’unification de l’enseignement réduisit considérablement l’autonomie des institutions religieuses. En 1925, dans le sillage de la répression des la révolte kurde dirigée par Cheikh Said, de la confrérie nakchibandiyya, les confréries religieuses furent interdites et les biens des fondations pieuses transférés au Trésor public. La même année, la réforme dite « du chapeau » déclara hors la loi les couvre-chefs autres que le chapeau (la résistance fur durement réprimée, plus d’une centaine de personnes furent exécutées). 1926 vit l’introduction du code civil suisse. En 1928, en signe de rupture avec l’héritage ottoman, l’alphabet latin fut adopté et l’usage des caractères arabes pour de nouveaux documents se vit pénalisé. De même, la mention à la religion d’Etat fut supprimée. En 1933, l’appel à la prière fut turcifié et la dernière faculté de théologie ferma ses portes. Le 5 décembre 1934, le droit de vote et d’éligibilité (dans les faits de participer aux plébiscites des candidats du parti unique) fut reconnu aux femmes. En 1935, le dimanche remplaça le vendredi comme jour férié, et enfin, en 1937, avec les cinq autres « Flèches », la laïcité fit son entrée dans la Constitution. Il faut bien admettre que ces mesures drastiques plaçaient l’expérience kémaliste parmi les plus radicales du monde musulman. Pourtant, cette « laïcité » avait quelque chose de paradoxal, ne serait-ce que parce qu’elle s’imposait dans un care préalablement islamisé. »

« Mustafa Kemal convenait d’ailleurs de ce lien inextricable entre nation et religion, puisque ses discours en la matière se résument, en gros, en une seule phrase : « Puisque, Dieu merci, nous sommes tous turcs, dont tous musulmans, nous pourrons et devrons être tous laïques. » »

« Comme le  souligne Olivier Abel, dans sa définition kémaliste, la laïcité cessa d’être le synonyme de la ‘pluralité des langues de Dieu ». Bien au contraire, une seule de ces langues fut acceptée comme la « langue de la nation », voire imposée comme telle, et les autres, y compris l’alévisme, confession de 20% des citoyens de la République, furent interdites. »

« De même, la référence religieuse pour légitimer le politique ne fut pas abandonnée, mais simplement réservée à l’usage strict de l’Etat, lequel n’hésita d’ailleurs pas à y recourir fréquemment, y compris pour imposer ses réformes. Comme nombre de ses homologues musulmans au XXème siècle, en effet, le pouvoir kémaliste avait trouvé dans le verset 4/59 du Coran sa référence religieuse de prédilection : « ô vous qui croyez ! Obéissez à Dieu, obéissez au Prophète et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité. » »

« Comme le montre Etienne Copeaux, l’histoire de toute l’Anatolie fut turcifiée et les auteurs kémalistes s’efforcèrent de faire remonter l’origine turque de cette contrée d’abord à plusieurs millénaires, puis à l’éternité. Ainsi, l’Institut turc de l’histoire et l’Institut turc de langue, fondés respectivement en 1931 et 1932, déclarèrent la turcité de toutes les civilisations anatoliennes et mésopotamiennes (Hittites, Sumer…). Puis une demi-douzaine de congrès historiques et linguistiques permirent à ces deux instituts d’aller plus loin pour édifier la Thèse turque de l’histoire et la Théorie de la Langue-Soleil, la première apportant les « preuves irréfutables » de l’origine turcique de l’humanité à travers toutes ses civilisations, la seconde affirmant que toutes les langues du monde ne constituaient que de simples dérivés, nécessairement corrompus d’ailleurs, de la langue « Soleil » turque. Toujours dans les années 1930, sous l’impulsion du docteur (puis professeur) Afet Inan, fille adoptive de Mustafa Kemal et disciple du théoricien raciste Eugène Pittard (Suisse), le nationalisme kémaliste glissa vers l’interprétation raciale de la turcité. La chaire d’anthropologie de la faculté de médecine, sous la direction de Sevket Aziz Kansu, procéda en 1937, « sur ordre d’Atatürk », à des vastes enquêtes « anthropométriques » auprès de 64 000 « paysans turcs » pour finalement établir, à partir de leurs crânes « brachycéphales », l’origine aryenne de la « race turque ». »

« Les Kurdes furent sans doute les principales victimes de cette politique nationaliste. Leur résistance, qui se traduisit par des révoltes incessantes, ne s’expliquait pas exclusivement par leur adhésion au nationalisme kurde. La division du Kurdistan ottoman entre la Turquie, l’Irak et la Syrie, considérée comme la trahison de Mustafa Kemal à ses propres engagements, l’abandon des promesses de fraternité kurdo-turque qu’il avait formulé dans moult lettres aux chefs kurdes lors de la guerre d’Indépendance, l’abolition du califat et les réformes dans le domaine religieux convainquirent nombre de Kurdes non nationalistes que la fraternité avec les Turcs n’avait plus cours et qu’ils devaient désormais prendre en main leur destin et, partant, celui de l’Islam. »

« Très tôt, en effet, nombre d’intellectuels se concevaient comme un disconnectus erectus : curieuse espèce inventée par le romancier Oguz Atay, qui, faute de pouvoir se tenir quelque part, est condamnée à tomber. »

« Ainsi, les courant Nurcu, fondé dans les années 1930 par un religieux kurde, Said-i Kurdî (alias Said-i Nursî), qui regroupait notamment les classes moyennes urbaines de sensibilité religieuse, s’imposa comme une véritable société parallèle que le pouvoir ne parvint jamais à démanteler. Il n’était pas le seul. Les courants Süleymanci et Isikçi germèrent à l’époque kémaliste pour lui survivre et s’inscrire dans la durée. »

« Si la présidence d’Inönü inaugura une période de glaciation qui allait durer jusqu’en 1945, elle excella dans le domaine de la politique étrangère. La guerre lui offrait en effet de nouvelles opportunités, même si elle l’obligeait aussi à agir sur le fil du rasoir. »

« Lors de sa rencontre, le 27 août 1942, avec Franz von Papen, ambassadeur nazi à Ankara, le Premier ministre turc Sükrü Saraçoglu expliquait, non pas à titre de « responsable politique », mais « en tant que Turc », que l’Allemagne ne pouvait résoudre « le problème russe qu’en massacrant la moitié des Russes, en libérant définitivement les régions des minorités nationales de l’influence russe et en les éduquant comme alliées des pays de l’Axe et ennemies des Slaves ». Il « désirait avec virulence la destruction de la Russie », disait-il, avant d’ajouter : « Si le Führer réalisait (ce rêve), il ouvrirait une nouvelle ère. »

« Certes, la Turquie accueillit certains professeurs juifs ou allemands antinazis, parmi lesquels le mathématicien Richard Courant, les physiciens Max Born et James Franck, les philosophes Ernest von Aster et Hans Reichenbach ou encore le juriste Carl Ebert, qui fuyaient la répression nazie. Tous en gardèrent une très grande dette de reconnaissance. D’autres purent gagner la Palestine via la Turquie. Mais cette politique généreuse se révéla très sélective pour ne concerner qu’une élite. 
Dès le 28 juin 1938, Ankara promulgua plusieurs lois, rendant quasiment impossible l’accès des juifs persécutés en Turquie. De même, une nouvelle loi « obligea » le gouvernement à ne délivrer de passeports qu’à « ceux qui appartiennent à la race turque », excluant par là tout ressortissant allemand. Sous la pression de Berlin, la Turquie refusa, malgré les demandes insistantes des autorités britanniques, pourtant prêtes à leur accorder le visa pour la Palestine, de recevoir les 780 juifs roumains qui avaient fui leur pays à bord du navire Struma. Elle opposa également une fin de non-recevoir aux demandes du capitaine d’accoster provisoirement dans un port turc. Après plusieurs mois d’errance en mer Noire, le bateau fut finalement coulé, avec ses passagers à bord, par des sous-marins officiellement non identifiés (février 1942). Tout en présentant ses regrets, les Premier ministre turc Refik Saydam justifia la position de son gouvernement : « La Turquie ne peut devenir la patrie de ceux qui sont déclarés indésirables par les autres. »
Enfin, en novembre 1942, une loi dite de l’  « impôt sur la fortune », visant à taxer les revenus de la spéculation et de l’enrichissement illicite, fut adoptée par le Parlement turc. Bien que ne faisant pas référence à l’origine des imposables, elle fut appliquée essentiellement à l’encontre des Arméniens Grecs et juifs. »

« Le 8 mai 1945 marqua aussi la fin du régime du Chef national et du parti unique. La chute de l’Italie fasciste avait déjà brisé le projet de se constituer en troisième pôle d’un monde non démocratique ; celle de l’Allemagne nazie, qui réduisait à néant pour la deuxième fois en vingt-cinq ans les rêves de l’Empire touranique, sonna le glas du parti unique. »

« Dès 1949, Ankara adhéra au Conseil de l’Europe et montra les premiers signes d’alliance avec Washington (la Turquie constitua l’un des centres névralgiques de la doctrine Truman et le plan Marshall, adopté en juillet 1948, inclut également ce pays). Le gouvernement démocrate, admirateur du « modèle américain » et désireux de faire de la Turquie « une petite Amérique », poursuivit cette politique. Rapidement, la pays devint, avec les deux Allemagnes, le front le plus avancé de la « guerre froide ». Le 17 octobre 1951, Ankara adhéra à l’OTAN et, la même année, envoya des troupes en Corée. »

« La politique de rapprochement avec l’Occident se poursuivit aussi dans le domaine économique, la Turquie devenant dès leur création membre de la Banque mondiale, de l’OCDE, et du FMI. Ankara put profiter de crédits directs ou indirects, souvent généreusement accordés, ainsi que de capitaux étrangers qui, tout en restant modestes, contribuèrent à la vitalité économique du pays. En quelques décennies, la Turquie devint, avec Israël, le seul pays véritablement industrialisé du Moyen-Orient. »

« Au terme de ces décennies émergea une société plus ouverte sur le monde. L’immigration vers l’Allemagne, puis les autres pays européens (près de 2 millions de ressortissants de Turquie vivaient à l’étranger en 1980), l’envoi massif d’étudiants dans les universités américaines, l’introduction d’abord du transistor, puis de la télévision, et le dynamisme de la presse… modifièrent profondément la société. »

« Un second facteur aggrava la situation : l’opposition de l’élite kémaliste et de l’armée au gouvernement de Menderes, qui, dans les faits, commença dès 1950. L’élite républicaine trouva dans le repli sur Mustafa Kemal et son héritage sacralisé (et également partagé par le parti démocrate) une source de résistance et de radicalisme. Le Chef éternel n’avait-il pas mis la nation en garde contre la probable « trahison » des futurs dirigeants du pays ? N’avait-il pas chargé la jeunesse de protéger son héritage ? Au lieu d’une Turquie robuste, fière et indépendante, correspondant à la projection que le régime kémaliste faisait de lui-même, les jeunes (et les moins jeunes) voyaient une Turquie faible, sans confiance en elle-même et dépendante de Washington. Ce décalage poussa nombre d’intellectuels, jeunes officiers et étudiants à élaborer un néokémalisme largement imaginaire, totalement détaché des réalités des années 1920 et 1930. Les « concessions » du Parti démocrate dans le domaine religieux (réarabisation de l’appel à la prière – même si elle avait été décidée par Inönü – introduction facultative de l’enseignement religieux dans les écoles primaires, fondation d’une faculté d’enseignement théologique, légalisation d’écoles coraniques, ouverture de tombeaux de certains « saints » au pèlerinage, tolérance à l’égard des confréries et des disciples de Said-i Nursî appelés Nurcus…), quant à elles, furent considérées comme une trahison à la Révolution. La promulgation par le gouvernement d’une loi de « Protection d’Atatürk », qui fit suite aux actes visant les statues d’Atatürk (25 juillet 1951), ne suffit pas à apaiser la colère des militaires et des jeunes à l’égard du pouvoir « contre-révolutionnaire ». »

« L’histoire politique de cette dernière décennie n’est cependant pas réductible à la seule donne parlementaire. Derrière cette Turquie officielle des militaires et des politiciens conservateurs, en effet, une autre Turquie, fragmentée et radicale, commençait à se former. Si le kémalisme constituait toujours la seule doctrine « légale » du pays, il n’en était pas moins concurrencé par d’autres idéologies et d’autres projets sociaux. Ces années allaient cristalliser une droite et une gauche radicales, une mouvant islamiste et une nouvelle contestation kurde. »

« L’un et l’autre de ces camps vivaient dans l’attente d’un guerre civile, qu’ils estimaient imminente à leurs yeux, ne pouvait se conclure que par l’extermination de l’un d’entre eux. Cette vision tragique, remarquablement bien décrite par Orhan Pamuk dans son roman La Maison du silence (Paris, Gallimard), poussa les militants à vivre dans l’instant, sans possibilité de se projeter dans un avenir constructif, encore moins dans un effort de réflexion leur permettant de donner un sens à la violence dont ils étaient auteurs et/ou d’en sortir. »

« Des milliers d’autres intellectuels et syndicalistes partagèrent leur expérience carcérale. Les universités furent purgées et l’élan qui avait marqué les sciences sociales dans la Turquie des années 1960 et 1970 fut rompu net. »

« La doctrine de l’armée, cautionnée par le gouvernement, consistait à ne pas traiter la question kurde comme une question politique, ni même « culturelle », mais comme relevant du « terrorisme séparatiste ». Bien au-delà du PKK, toute l’expression de la kurdicité fut désignée comme la « principale menace stratégique » contre la Turquie. »

« Le 28 juin 1998, Recep Tayyip Erdogan, maire d’Istanbul, fut condamné à une peine de prison de dix mois et à la privation à vie de ses droits civiques, pour avoir cité un poème de Ziya Gökalp, théoricien du nationalisme turc, par ailleurs sacralisé par l’armée (« Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques ; les mosquées nos casernes, et les croyants nos soldats »). Si, en 1999, l’électorat continua de voter pour le nouvel avatar du parti islamiste, le Fazilet (Vertu), lors des élections locales, il privilégia d’autres formations au niveau national. Enfin, en mars 2000, Erbakan fut condamné à dix mois de prison et privé de ses droits civiques. Quant au Fazilet, il fut interdit le 22 juin 2001. »

« L’armée était également synonyme du Fonds de soutien à l’industrie de défense, un empire économique en soi : 5% des taxes professionnelles, 10% des taxes sur les boissons alcoolisées et l’essence, ainsi que des proportions variables des bénéfices de la loterie nationale lui revenaient de droit. Les sommes procurées par l’ « achat d’exemption du service militaire », notamment pour les ressortissants de Turquie à l’étranger, lui étaient intégralement versées. Selon Ismet Akça, ce fonds aurait bénéficié d’un revenu cumulatif de 11,6 milliards de dollars entre 1985 et 2000. »

« Certes, à la demande d’Ecevit, Merve Kabakçi, députée en foulard, fut expulsée manu militari de l’Assemblée, puis déchue de son mandat. Mais le Premier ministre entretenait des liens avec Fethullah Gülen, chef d’une communauté religieuse très modérée, et la droite radicale disposait toujours d’une base religieuse. L’essentiel toutefois était ailleurs : sur la question kurde, les deux partis formaient une communion d’idées aussi radicales que celle de l’armée et le parti islamiste était marginalisé. »

« Mais sur le plan intérieur, l’ennemi objectif, la menace frontale sur l’intégrité de l’Etat ou sa laïcité commençait à manquer. Il en allait de même sur le plan extérieur, car après le scandale de Nairobi, qui avait dévoilé ses rapports avec le PKK, la Grèce s’efforçait de se réconcilier avec Ankara et le nouveau gouvernement allemand de Gerhard Schröder était favorable à l’octroi à la Turquie du statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne. Le sommet européen d’Helsinki (décembre 1999) créa d’ailleurs cette surprise tant désirée. »

« Le 3 novembre 2002 marqua le crépuscule de la classe politique turque. »

« A défaut de pouvoir constituer cette famille organique, la Turquie dispose encore de la possibilité de « faire société », ce qui exige l’abandon de toute doctrine officielle ou religion d’Etat, comme c’est le cas du kémalisme, et la reconnaissance des pluralités linguistiques, confessionnelles, politiques qui marquent la société et constituent sa richesse. »

Histoire de la Turquie contemporaine - Hamit Bozarslan