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jeudi 30 août 2012

Barbe bleue - Amélie Nothomb

"Elle en avait assez de la sempiternelle réaction ("Oh! J'ai un ami belge qui..."): elle n'était pas une amie belge, elle était belge et ne voulait pas devenir l'amie de cette personne. Elle répondait:
-Je suis kazakhe.
-Pardon?
-Je viens du Kazakhstan. Vous savez, les cosaques, les plus farouches guerriers du monde. Nous tuons dès que nous nous ennuyons."

"Les gens qui se disent fiables sont aussi dangereux que les autres."

"L'hôte alla chercher des tasses en or massif et les remplit d'une onctuosité jaune. Saturnine en resta figée d'éblouissement.
-Ce jaune opaque dans cet or baroque, c'est d'une beauté! finit-elle par dire.
Don Elmiro, pour la première fois, regarda la jeune femme avec un intérêt véritable.
-Vous êtes sensible à cela?
-Comment ne pas l'être? Rouge et or, bleu et or, même vert et or sont des associations sublimes, mais classiques. Jaune et or, en art, cela n'apparaît pas. Pourquoi? C'est la couleur même de la lumière, modulée du plus mat au plus brillant.
L'homme posa sa cuiller et avec toute la solennité possible déclara:
-Mademoiselle, je vous aime.
-Déjà? Et pour si peu?
-Je vous prie de ne pas gâcher par des paroles inconsidérées l'excellente impression que vous venez de produire. L'or est la substance de Dieu. Aucune nation n'a autant le sens de l'or que l'Espagne. Comprendre l'or, c'est comprendre l'Espagne et donc me comprendre. Je vous aime, c'est ainsi.
-Soit. Je ne vous aime pas.
-Cela viendra.
Saturnine goûta la crème de jaunes d'oeufs.
-C'est délicieux dit-elle.
Don Elmiro attendit qu'elle finisse puis s'exclama:
-Je vous aime encore plus!
-Que s'est-il passé?
-Vous êtes la première qui n'ajoute pas que c'est écoeurant ou trop sucré. Vous n'êtes pas une petite nature."

"-Très bien. Vous me raconterez la suite quand vous aurez fini votre assiette.
-Vous me parlez comme à un enfant! s'exclama-t-il.
-Cela m'agace, les gens qui laissent refroidir de bonnes choses parce qu'ils sont bavards.
-Parlez donc, vous qui avez terminé.
-Désolée, je n'ai aucune conversation.
-Etes-vous une nature secrète?
-Je me méfie de ceux qui se déclarent secrets. Ce sont les mêmes qui, cinq minutes plus tard, vous révèlent les moindres détails de leur vie privée.
-On peut s'épancher en demeurant secret.
-On peut aussi ne pas s'épancher. Vous espérez demeurer une étrangère pour moi?
-Je demeurerai une étrangère pour vous.
-Tant mieux. Ainsi, je vous inventerai.
-J'en étais sûre."

"-Je ne supporte pas l'idée qu'une tâche dégradante soit exercée par une femme. Quand j'étais enfant et que je voyais une fille frotter par terre, j'avais honte."

"Seule l'extase amoureuse m'arrache à la dépression."

"L'inventeur du champagne rosé a réussi le contraire de la quête des alchimistes: il a transformé l'or en grenadine."

"Elle servit le thé et coupa deux parts de cake. Avant de poser la sienne sur l'assiette, elle la mira et ajouta:
-Regarde. On voit la lumière en transparence des fruits confits. Les cerises ressemblent à des rubis, l'angélique à des émeuraudes. Enchâssées dans la pâte translucide, on croirait un gemmail.
-Un quoi?
-Un gemmail, c'est un vitrail en pierres précieuses. Et puis, tu poses la tranche sur l'assiette dorée et le trésor est complet."

"Ils commencèrent à manger. Corinne ne parvenait pas à décortiquer le crustacé. Son amie vint l'aider. En faisant craquer une articulation, elle envoya un jet de jus de homard dans l'oeil de don Elemirio. Saturnine pouffa.
-Je vous supplie de m'excuser! cria Corinne en tremblant.
-Tout va bien, dit l'hôte avec bienveillance. Depuis quand vous connaissez-vous?
-Depuis l'athénée, dit Corinne.
-Pardonnez-moi?
-L'athénée, reprit Saturnine, c'est l'école secondaire, en Belgique.
-Quel mot admirable! Vous avez donc été placées toutes les deux sous l'égide d'Athéna.
-En effet, dit Saturnine. Athéna, déesse de l'intelligence. Méfiez-vous, don Elemirio."

"Aimer, c'est accepter d'être Dieu."

"Dans l'armoire, elle saisit un corsage noir qu'elle enfila, puis elle revêtit la jupe en retenant son souffle: elle épousait si parfaitement sa taille qu'elle eut l'impression d'une étreinte amoureuse."

"Seule la dose fait le poison."

"Il y a une géographie amoureuse qui vaut les cartographies guerrières. Il me semble que dans un studio, la menace de crise est si puissante que le couple fait d'emblée plus d'efforts: c'est une question de vie ou de mort."

"Tomber amoureux est le phénomène le plus mystérieux de l'univers. Ceux qui aiment au premier regard vivent la version la moins inexplicable du miracle: s'ils n'aimaient pas auparavant, c'est parce qu'ils ignoraient l'existence de l'autre.
Le coup de foudre à retardement est le plus gigantesque défi à la raison. Don Elemirio s'éprit de Saturnine quand il la découvrit sensible à l'alliage du jaune et de l'or. On peut comprendre l'irritation de la jeune femme: l'aimer pour cela? Pour le coup, l'Espagnol n'y était pour rien. Les causalités amoureuses sont byzantines."

"La colocation est sur ce point le schéma idéal, pour moi du moins.
-Du vivant de votre père, auriez-vous pu instituer cela?
-Difficile. A supposer qu'il m'y ait autorisé, je n'aurais sans doute pas osé. Il faut reconnaître que les parents sont l'instance la plus anti-érotique du monde."

"-J'ai voulu que vous ne soyez pas un assassin. Je suis une idiote dans le style d'aujourd'hui. Récemment, un best-seller mondial a prétendu qu'il y avait des vampires gentils et innocents. Les gents ne sont jamais aussi contents, désormais, que quand on leur affirme que le mal n'existe pas. Mais non, les méchants ne sont pas de vrais méchants, le bien les séduit, eux aussi. Quelle espèce de crétins abâtardis sommes-nous devenus pour gober et aimer ces théories à la noix? J'ai failli marcher, comme les autres."

"Photographier une vivante, c'est trop difficile, cela bouge sans cesse."
 
"-Le rôle de l'art est de compléter la nature et le rôle de la nature est d'imiter l'art. La mort est la fonction que la nature a inventée dans le but d'imiter la photographie. Et les hommes ont inventé la photographie pour capter ce formidable arrêt sur image qu'est l'instant du trépas. A se demander quel sens pouvait avoir la mort avant Nicéphore Niepce."

"-Je n'aimerai plus jamais après vous!
-Vous êtes particulièrement obscène quand vous abordez ce point. On jurerait Henri VIII! 
-Comment osez-vous me comparer à ce grossier Tudor?
-Posez-vous la question de savoir pourquoi j'ose. A votre avis, qu'est-ce qui suggère cette comparaison?
-C'est totalement injuste. Ses motivations à lui étaient de la dernière vulgarité.
-Quand les vôtres sont tellement aristocratiques, n'est-ce pas?
-Je suis heureux de vous l'entendre dire.
-Vous m'écoeurez. J'espère qu'au demeurant dans cette maison, je vous pourrirai l'existence!
-Ce n'est pas en surgissant dans ma chambre au milieu de la nuit, presque nue sous votre kimono, et en me menaçant d'une arme blanche, que vous me gâcherez la vie, je suis navré de vous l'avouer.
Exaspérée, la jeune femme s'en alla, rangea le couteau dans la cuisine et se servit un verre de lait qu'elle but d'une traite, au dernier degré de l'irritation."

"La couleur n'est pas le symbole du plaisir, c'est la plaisir ultime. C'est tellement vrai qu'en japonais, "couleur" peut être synonyme d'"amour".
-Je l'ignorais. C'est joli.
-La béatitude de l'amour ressemble à celle que chacun éprouve en présence de sa couleur préférée."

"J'ai rêvé d'un oeuf dont le jaune serait d'or. Imaginez cette vision: on le cuit à la coque, on enfonce une mouillette dans de l'or en fusion."

"-Dans ce cas, n'irais-je pas chercher la bouteille de Cristal-Roederer? Nous aurons besoin de carburant.
Elle y consentit. Le champagne est à la photographie ce que la poudre à canon est à la guerre. Saturnine paya de sa personne. Sans lâcher la flûte qu'elle remplissait régulièrement, elle fut gorgone, templier fin de siècle, pagode martienne, idole carthaginoise, succube, Parvati, Amaterasu, Marie-Madeleine, Lilith, Erzébeth, Bathory, apicultrice intergalactique. Lui inventa pour chaque incarnation le cadre, les contrastes et la lumière."

"Les photos étaient trop réussies, ce qui prouvait que quelque chose clochait. Ce détail s'appelait la mort. Ces beaux visages féminins étaient figés par un vernis dont la puissance irradiait le malaise."

"-Saturnine?
Elle sentit qu'il s'était adossé à la porte. Leurs corps n'étaient séparés que par deux centimètres de bois.
-Vous n'imaginez pas la jouissance que j'ai éprouvée, pendant cette dizaine de jours, à contempler vos yeux couleur de jonc.
Elle ne répondit plus. Avant de partir, elle posa ses lèvres sur la porte noire, à l'endroit où s'appuyait la nuque du condamné."

"A l'instant précis où don Elmirio mourut, Saturnine se changea en or."

Barbe bleue - Amélie Nothomb

 

mercredi 29 août 2012

L'Alchimiste - Paulo Coelho

"Et ce fut comme si le temps s'arrêtait, comme si l'Ame du Monde surgissait de toute sa force devant le jeune homme.
Quand il vit ses yeux noirs, ses lèvres qui hésitaient entre le sourire et le silence, il compris la partie la plus essentielle et la plus savante du Langage que parlait le Monde, et que tous les êtres de la terre étaient capables d'entendre en leur coeur. Et cela s'appelait l'Amour, quelque chose de plus vieux que les hommes, et que le désert même, et qui pourtant resurgissait  toujours avec la même force, partout où deux regards venaient à se croiser comme se croisèrent alors  ces deux regards près d'un puits. Les lèvres enfin se décidèrent pour un sourire, et c'était là un signe, le signe qu'il avait attendu sans le savoir pendant un si long temps de sa vie, qu'il avait cherché dans les livres et auprès de ses brebis, dans les cristaux et dans le silence du désert.
Voilà, c'était le pur Langage du Monde, sans aucune explication, parce que l'Univers n'avait besoin d'aucune explication pour continuer sa route dans l'espace infini. Tout ce qu'il comprenait en cet instant, c'était qu'il se trouvait devant la femme de sa vie, et sans la moindre nécessité de paroles, elle aussi devait le savoir. Il en était plus sûr que de n'importe quoi au monde, même si ses parents, et les parents de ses parents, avaient toujours dit qu'il fallait d'abord faire sa cour et se fiancer, connaître l'autre et avoir de l'argent avant de se marier. Qui disait cela n'avait sans doute jamais connu le Langage Universel, car lorsqu'on se baigne dans ce Langage, il est facile de comprendre qu'il y a toujours dans le monde une personne qui en attend une autre, que ce soit en plein désert ou au coeur des grandes villes. Et quand ces deux personnes se rencontrent, et que leurs regards se croisent, tout le passé et tout le futur sont désormais sans la moindre importance, seul existe ce moment présent, et cette incroyable certitude que toute chose sous la voûte du ciel a été écrite par la même Main. La Main qui fait naître l'Amour, et qui a créé une âme soeur pour chaque être qui travaille, se repose, et cherche des trésors sous la lumière du soleil. Parce que, s'il n'en était pas ainsi, les rêves de l'espèce humaine n'auraient aucun sens.
"Mektoub", se dit-il."

"Ma crainte d'échouer est ce qui m'a empêché jusqu'ici de tenter le Grand Oeuvre."

"Fatima rentra dans sa tente. D'ici peu, le soleil allait paraître. Au lever du jour, elle sortirait faire ce qu'elle faisait depuis des années: mais tout avait changé. Le garçon n'était plus dans l'Oasis, et l'Oasis n'aurait plus la signification qu'elle avait jusque là, bien peu auparavant. Ce ne serait plus cet endroit de cinquante mille palmiers dattiers et trois cents puits, où les pèlerins étaient heureux d'arriver au terme d'un long voyage. L'Oasis, à partir de ce jour, serait pour elle un lieu vide.
De ce jour, le désert serait plus important que l'Oasis. Elle passerait son temps à regarder le désert, en se demandant sur quelle étoile le garçon se guidait, à la recherche du trésor. Elle lui adressait ses baisers par le vent, es espérant que celui-ci toucherait le visage du jeune homme et lui dirait qu'elle était vivante, qu'elle l'attendait, comme une femme attend un homme de courage qui suit sa route, en quête de songes et de trésors.
De ce jour, le désert ne serait qu'une seule chose: l'espérance de son retour."

"il suffit de contempler un simple grain de sable, et tu verras en lui toutes les merveilles de la Création."

"Mais le vent se remit à souffler. C'était le levant, le vent qui venait d'Afrique. Il n'apportait pas l'odeur de désert, ni la menace d'une invasion des Maures.
En échange, il apportait un parfum qu'il connaissait bien, et le murmure d'un baiser, qui arrive doucement, tout doucement, pour se poser sur ses lèvres.
Il sourit. C'était la première fois qu'elle faisait cela.
'Me voici, Fatima, dit-il. J'arrive.'"

L'Alchimiste - Paulo Coelho

lundi 27 août 2012

Heart of darkness - Joseph Conrad

"Everything belonged to him—but that was a trifle. The thing was to know what he belonged to, how many powers of darkness claimed him for their own. That was the reflection that made you creepy all over. It was impossible—it was not good for one either—trying to imagine. He had taken a high seat amongst the devils of the land—I mean literally. You can’t understand. How could you?—with solid pavement under your feet, surrounded by kind neighbours ready to cheer you or to fall on you, stepping delicately between the butcher and the policeman, in the holy terror of scandal and gallows and lunatic asylums—how can you imagine what particular region of the first ages a man’s untrammelled feet may take him into by the way of solitude—utter solitude without a policeman—by the way of silence—utter silence, where no warning voice of a kind neighbour can be heard whispering of public opinion? These little things make all the great difference. When they are gone you must fall back upon your own innate strength, upon your own capacity for faithfulness. Of course you may be too much of a fool to go wrong—too dull even to know you are being assaulted by the powers of darkness. I take it, no fool ever made a bargain for his soul with the devil; the fool is too much of a fool, or the devil too much of a devil—I don’t know which. Or you may be such a thunderingly exalted creature as to be altogether deaf and blind to anything but heavenly sights and sounds. Then the earth for you is only a standing place—and whether to be like this is your loss or your gain I won’t pretend to say. But most of us are neither one nor the other. The earth for us is a place to live in, where we must put up with sights, with sounds, with smells, too, by Jove!—breathe dead hippo, so to speak, and not be contaminated. And there, don’t you see? Your strength comes in, the faith in your ability for the digging of unostentatious holes to bury the stuff in—your power of devotion, not to yourself, but to an obscure, back-breaking business. And that’s difficult enough. Mind, I am not trying to excuse or even explain—I am trying to account to myself for—for—Mr. Kurtz—for the shade of Mr. Kurtz. This initiated wraith from the back of Nowhere honoured me with its amazing confidence before it vanished altogether. This was because it could speak English to me. The original Kurtz had been educated partly in England, and—as he was good enough to say himself—his sympathies were in the right place. His mother was half-English, his father was half-French. All Europe contributed to the making of Kurtz; and by and by I learned that, most appropriately, the International Society for the Suppression of Savage Customs had intrusted him with the making of a report, for its future guidance. And he had written it, too. I’ve seen it. I’ve read it. It was eloquent, vibrating with eloquence, but too high-strung, I think. Seventeen pages of close writing he had found time for! But this must have been before his—let us say—nerves, went wrong, and caused him to preside at certain midnight dances ending with unspeakable rites, which—as far as I reluctantly gathered from what I heard at various times—were offered up to him—do you understand?—to Mr. Kurtz himself. But it was a beautiful piece of writing. The opening paragraph, however, in the light of later information, strikes me now as ominous. He began with the argument that we whites, from the point of development we had arrived at, ‘must necessarily appear to them [savages] in the nature of supernatural beings—we approach them with the might of a deity,’ and so on, and so on. ‘By the simple exercise of our will we can exert a power for good practically unbounded,’ etc., etc. From that point he soared and took me with him. The peroration was magnificent, though difficult to remember, you know. It gave me the notion of an exotic Immensity ruled by an august Benevolence. It made me tingle with enthusiasm. This was the unbounded power of eloquence—of words—of burning noble words. There were no practical hints to interrupt the magic current of phrases, unless a kind of note at the foot of the last page, scrawled evidently much later, in an unsteady hand, may be regarded as the exposition of a method. It was very simple, and at the end of that moving appeal to every altruistic sentiment it blazed at you, luminous and terrifying, like a flash of lightning in a serene sky: ‘Exterminate all the brutes!’ The curious part was that he had apparently forgotten all about that valuable postscriptum, because, later on, when he in a sense came to himself, he repeatedly entreated me to take good care of ‘my pamphlet’ (he called it), as it was sure to have in the future a good influence upon his career. I had full information about all these things, and, besides, as it turned out, I was to have the care of his memory. I’ve done enough for it to give me the indisputable right to lay it, if I choose, for an everlasting rest in the dust-bin of progress, amongst all the sweepings and, figuratively speaking, all the dead cats of civilization. But then, you see, I can’t choose. He won’t be forgotten. Whatever he was, he was not common. He had the power to charm or frighten rudimentary souls into an aggravated witch-dance in his honour; he could also fill the small souls of the pilgrims with bitter misgivings: he had one devoted friend at least, and he had conquered one soul in the world that was neither rudimentary nor tainted with self-seeking. No; I can’t forget him, though I am not prepared to affirm the fellow was exactly worth the life we lost in getting to him. I missed my late helmsman awfully—I missed him even while his body was still lying in the pilot-house. Perhaps you will think it passing strange this regret for a savage who was no more account than a grain of sand in a black Sahara. Well, don’t you see, he had done something, he had steered; for months I had him at my back—a help—an instrument. It was a kind of partnership. He steered for me—I had to look after him, I worried about his deficiencies, and thus a subtle bond had been created, of which I only became aware when it was suddenly broken. And the intimate profundity of that look he gave me when he received his hurt remains to this day in my memory—like a claim of distant kinship affirmed in a supreme moment."

Heart of darkness - Joseph Conrad

Le Voyage d'hiver - Amélie Nothomb


"Je n'ai pas l'âme d'un collaborateur. Je n'ai pas l'esprit d'équipe. Je n'ai rien contre l'espèce humaine, j'ai de l'inclination pour l'amitié et l'amour, mais je ne conçois l'action que solitaire."

"On ne détourne pas un avion pour le plaisir, mais pour occuper la une. Supprimez les médias et tous les terroristes se retrouveront au chômage. Ce n'est pas demain la veille."

"Mais quand on traduit soi-même un texte, il se crée entre lui et soi un lien bien plus fort que par la lecture."

"Tout lecteur devrait recopier les textes qu'il aime: rien de tel pour comprendre en quoi ils sont admirables. La lecture trop rapide ne permet pas de découvrir ce que cache cette simplicité."

"D'abord parce que la réussite d'une histoire d'amour, je ne sais pas ce que c'est. Quand l'amour peut-il être considéré comme réussi?"

"J'ignore ce qu'est la réussite d'une histoire d'amour, mais je sais ceci: il n'a pas d'échec amoureux. C'est une contradiction dans les termes. Eprouver l'amour est déjà un tel triomphe que l'on pourrait se demander pourquoi l'on veut davantage.
Sans que ce fût diagnostiqué comme anorexie, j'ai vécu à seize ans la disparition de l'appétit. En deux mois, j'ai perdu 20 kilos. Un garçon de 1,75 mètre pesant 40 kilos est un spectacle repoussant. Cela dura une demi-année et puis je recommençai à me nourrir. Ce phénomène eut ceci de curieux qu'il me révéla le miracle des facultés dont je fus privé: entre autres, cette fabuleuse capacité à cristalliser autour d'une personne."

"Je les lus à m'en arracher les organes de la lecture qui, dans le cas de ces romans, étaient difficiles à identifier. Dévorer l'oeuvre d'un auteur pour conquérir son escorte, ce n'était pas banal."

"Elle ne comprend pas le principe de l'explication de texte.
-Elle a raison."

"Tomber amoureux l'hiver n'est pas une bonne idée. Les symptômes sont plus sublimes et plus douloureux."

"Parfois, il faut agir même en ayant l'assurance de ne pas être compris."

"Koestler dit avec raison que ce qui a le plus tué sur terre, c'est la langage."

"J'étais comme tout le monde: j'avais peur des anormaux. Je me sentais incapable de dépasser cette terreur primitive."

"J'écoutais en boucle La Jeune Fille et la Mort de Schubert pour être sûr de souffrir encore plus fort."

"Comme un fiancé du passé, je prenais congé vers 23 heures et rentrais chez moi en métro, désolé, frustré et transi."

"-Je voulais que les Américains voient votre tandem. Ils se moquent de la conception que nous autres Européens avons de la création littéraire: ils disent que les matérialistes que nous sommes deviennent irrationnellement théologiques quand il s'agit d'inspiration. C'est pourquoi ils soutiennent, contrairement à nous, que l'écriture s'enseigne.
-L'écriture ne s'enseigne pas, elle s'apprend. Aliénor n'a pas trouvé d'emblée son art. Elle a longuement travaillé son instrument, en lisant plus encore qu'elle n'écrivait."

"Elle n'a pas de qualités, elle est la qualité. Et cela ne l'a pas empêchée de me traiter avec une cruauté castratrice. Donc, si même le fleuron de l'humanité ne vaut pas mieux que cela, liquidons l'affaire."

"C'est curieux: tous les champignons sont bons à manger, même les mortels. Pourquoi les psilocybes, qui sont de très loin les plus bienfaisants, sont-ils les seuls à être mauvais? Peut-être la nature prévient-elle ainsi celui qui va consommer: attention, vous allez vivre quelque chose de spécial."

"Remplis-toi de ce bleu Nattier.
-Nattier?
-C'est un peintre français du XVIIIe siècle. Il a créé cette couleur. Imagine ce que c'est d'inventer ça."

"Dans le métro, observe comment les bébés regardent autour d'eux: ils sont en plein trip, c'est évident."

"-Quelle est la mystérieuse correspondance entre Ephèse et un appartement misérable du quartier Montorgueil à Paris? Sans parler du lien qui peut unir le Ve siècle avant Jésus-Christ et notre époque?
-Le lien, c'est notre esprit. Nous sommes pré-socratiquement destinés l'un à l'autre."

"Zigomatic 17, dont les sonorités court-circuités esquissaient un électroencéphalogramme en forme de baobab phonique, et soudain je sus qui était Aliénor Malèze, et je prononçai ces paroles ailées, Aliénor, tu es un baobab, c'est pour ça que tu ne bouges pas, (...) si le baobab rapetisse prodigieusement, il devient un brocoli, le brocoli peut être mangé, le baobab est le brocoli cosmique dont parlait Salvador Dali, Aliénor, elle, c'est la version humaine du phénomène, ses dimensions sont à mi-chemin entre le baobab et le brocoli, c'est pour ça que ses écrits fascinent."

"Depuis le temps qu'on nous assure que l'enfer est sur terre, que l'enfer, c'est les autres! Enfin une confirmation fiable. L'enfer, ce n'est même pas l'autre entier: sa cravate suffit."

"Depuis le 11 septembre 2001, plus personne n'a de doute quand au meilleur moyen de nuire efficacement à l'humanité."

"Je suis parisien. A l'étranger, c'est-à-dire au-delà du périphérique, j'ai vu des bâtiments magnifiques. Mais ils n'appartiennent pas à mon imaginaire. C'est pourquoi j'éliminai le Taj Mahal qui eût été parfait en tant que symbole de l'amour."

"Le moine de Mishima incendia le Pavillon d'or, et non l'une des nouveautés qui défiguraient déjà Kyoto. C'est l'application architecturale du "Chacun tue ce qu'il aime" de Wilde."

"Je suis sidérée par le nombre de Parisiens qui ignorent l'origine de l'emblème architectural de leur ville, dit-elle. Gustave Eiffel était fou amoureux d'une femme qui s'appelait Amélie. D'où son obsession pour la lettre A, qui domine Paris depuis plus d'un siècle."

"Astrolabe, Aliénor, Artémis et son temple, l'Amélie d'Eiffel et sa tour. La voyelle première dont Rimbaud souligne la noirceur, ne surgissait pas là par hasard. Le A géant qui surplombait Paris recevrait l'impact de mon désir."

"Les femmes aiment toujours à contretemps."

"A cette fin, j'ai prévu d'avoir en tête, à ce moment-là, Le Voyage d'hiver de Schubert, parce ce qu'il n'y a aucun rapport entre cet acte et cette musique."

"Nous somme le 19 mars, le ciel est dégagé, la lumière est encore d'une pureté hivernale: la vue sera magnifique.
J'aime ma ville natale: je la chérirai plus que jamais. C'est un phénomène que j'ai remarqué souvent: pour aimer un lieu, il faut l'avoir contemplé de haut. Ce doit être pour cela qu'on imagine Dieu au-dessus de la Terre: sinon, comment ferait-il pour nous aimer?"

Le Voyage d'hiver - Amélie Nothomb

Attentat - Amélie Nothomb

"J'avais inventé cette beauté, comme le prouvait son allure étrange: sa tête était ceinte d'un genre de diadème en métal rudimentaire, arborant des cornes de taureau. En sa longue tunique noire et païenne, son corps était un secret."

"-Votre visage est un merveilleux palimpseste: recouvert d'abord des fards de Marguerite puis du barbouillage du réalisateur. Et le démaquillage ressemble à un travail d'archéologue."

"Dans ses journaux intimes, Baudelaire note que "la volupté unique et suprême de l'amour gît dans la certitude de faire le mal"."

"Je me mis au travail avec l'ardeur du néophyte. Je consultai de nombreuses instances: l'encyclopédie, mon sexe, Sade, le dictionnaire médical, La Chartreuse de Parme, les films X, ma dentition, Jérôme Bosch, Pierre Louÿs, les petites annonces, les lignes de la main. 
Je méditai Bataille: 'L'érotisme est l'approbation de la vie jusque dans la mort.'"

"Lygie nue est accrochée à mon dos. Je sens ses fesses virginales et ses reins archangéliques. Ce contact me rend fou, je me mets à ruer, à sauter, à courir. A force de gesticuler, le corps de Lygie se retourne à cent quatre-vingt degrés. Ses seins pointus se collent à mes omoplates, son ventre et son sexe sont écartelés sur mon échine saillante. Je suis un aurochs et tout ceci me déchire la cervelle. Furibard, je décide que cette créature tombera de moi."

"Il y a une loi dans l'univers: tout ce qui est trop pur doit être sali, tout ce qui est sacré doit être profané."

"Selon Homère, le front du taureau est le symbole de la bêtise. Il a raison."

"Je me mets à bondir comme un four pour manifester mon triomphe. Ton sang dégouline à présent sur mon front et dans mon cou. Il parvient à mes naseaux, son odeur m'enrage. Il coule jusqu'à ma bouche, je le lèche, il a le goût  du vin nouveau, il me saoule. Je t'entends gémir et ça me plaît."

"en martelant ta carcasse avec mes sabots, j'ai fait remonter toute ta splendeur vers ta tête, comme s'il s'était agi d'un tube de dentifrice."

"-Et toi, tu es amoureux?
Elle n'avait aucune conscience de son incongruité. C'était comme si elle demandait à un tétraplégique s'il dansait le tango."

"J'eus ma première insomnie pour excès d'amour."

"S'ensuivit une liste de questions sur son poids, ses mensurations: tout cela me paraissait si pornographique que je me bouchais les oreilles avec des paupières imaginaires."

"L'esprit humain souffre d'une carence intellectuelle fondamentale: pour qu'il comprenne la valeur d'une chose, il faut le priver de cette chose. L'absence lui parle sa langue maternelle; la présence, c'est de l'hébreu pour lui."

"leurs clients avaient l'oeil aussi gavé qu'un estomac occidental."

"Plus le sacré est dévoilé, plus il devient trivial."

"Il y a des choses qui dégoûtent si fort qu'on finit par en crever d'envie."

"Chaque passion a son siège dans le corps humain: l'amour étreint le coeur, le désir tord les tripes, la colère décuple la force des bras. La méchanceté pure, elle, s'en prend aux mâchoires: je sentis les miennes se gonfler sous la pression du mal."

"-C'est de la pornographie. La pornographie a ceci d'excellent qu'elle est une explication globale de notre époque. Qu'est-ce que la pornographie? C'est une réponse à l'anorexie généralisée que nous sommes en train de vivre. Nous n'avons plus faim de rien et nous n'avons pas tort, car on voit mal de quoi nous pourrions avoir envie, Nos yeux et nos oreilles sont encore plus gavés que nos estomacs. La pornographie, c'est ce qui parvient à susciter un simulacre de désir chez ceux qui ont eu trop de tout. C'est pourquoi, aujourd'hui, l'art dominant est pornographique: il est le seul qui parvient à attirer l'attention, en suscitant un faux appétit. Et nous, comment allons-nous réagir à cela? Moi, j'ai choisi une forme d'ascèse, à savoir la frigidité avouée. Je n'ai envie de rien parce que je ne ressens rien. Car le public a une responsabilité dans cette pornographie: s'il n'avait pas tant simulé l'orgasme, les artistes ne continueraient pas à faire semblant de croire que ça leur plaît."

"Je suis ton meilleur ami, j'ai des droits: j'exige de te voir."

"Nous restâmes quelques instants avachis devant le poste. Une publicité pour des serviettes périodiques incroyablement absorbantes nous tira de notre torpeur. Ma bien-aimée éteignit la télévision.
-Quand je vois ça, j'ai honte d'être une femme."

"-Il est écartelé entre deux besoins contradictoires, celui de se jeter à tes pieds pour t'adorer et t'avouer tout l'amour qu'il te porte, et celui de te meurtrir, de te faire du mal pour lutter contre ce que tu lui inspires. Son amour l'agenouille en même temps qu'il lui hérisse les griffes. C'est pour ça que tu le tortures et l'obsèdes au dernier degrè."

"Gloire aux mots, gloire à mes mots qui baisaient mieux que le sexe de mon rival!"

"Ses larmes étaient très silencieuses: il fallait être un homme-oreille pour les entendre au bout du fil. Ainsi sanglote la neige quand elle fond."

"Paul Bowes écrit que le vrai voyageur est celui qui n'est pas sûr de revenir:"

"Si mes souvenirs scolaires sont exacts, le fleuve Amour devrait être dans le secteur. Tout ceci est plein de sens; l'Amour n'a pas choisi pour lit une région surpeuplée comme le Bangladesh ou la Belgique; il a élu le territoire le moins fréquenté."

"Il y a aussi des gens qui vous expliquent l'amour à coups d'hormones et d'instinct de reproduction."

"Voici l'Empire du Soleil levant.Si c'est la première fois de ma vie que j'ai l'impression de voyager, c'est sans doute à cause du prestige de cette destination: dans mon imaginaire, il n'y a pas plus lointain, plus "hors du monde", comme dirait Baudelaire, que le Japon."

"Ma chambre est formidable. Surtout la salle de bain qui est hermétique comme un poème de Mallarmé."

"Rien n'est plus physique que les mots."

"Je me sentis plein comme je ne l'avais jamais été. Elle ferma les yeux pour ne pas voir ma bouche baiser la sienne.
Elle ne vit pas non plus mes mains s'emparer du diadème de taureau et lui enfoncer les cornes dans les reins. Elle poussa un cri. Je murmurai, de la voix la plus amoureuse du monde:
-Tu vois: tout est possible entre toi et moi. Et pour l'éternité."

"C'est au cachot que Julien découvre la plénitude de l'amour avec Madame de Rénal, c'est dans geôle que Fabrice finit par posséder Clélia. Stendhal a raison: pourvu que l'on y soit isolé des importuns, la prison est un lieu érotique."

"Qui d'autre que moi peut lui rendre la vie par le souvenir? Qui d'autre que moi, maintenant, peut assouvir son besoin d'exister? Si Orphée avait été l'assassin d'Eurydice, peut-être aurait-il réussi à la ramener des Enfers.
Il n'y a pas d'amour impossible."

Attentat - Amélie Nothomb


dimanche 19 août 2012

Serenad - Zülfü Livaneli


"Gelen her yabanciyla ilk karsilasma öncesi, genellikle kendimi hazirlardim. Bu ihtiyara da, yüzümde yapmacik bir gülümsemeyle digerlerine verdigim cevaplari verecektim: Cumhuriyet diyecektim, devrimler diyecektim, Türkiye'de kadinlarin seçme seçilme hakkini Avrupa'daki birçok ülkeden önce aldigini, üniversite hocalarinin yüzde kirkinin kadin oldugunu anlatacaktim. Bu ülkede yarim asirdan fazladir fes giyilmedigini, erkeklerin dört kadinla evlenmedigini, Türklerin Arap olmadigini, Istanbul'da çöller ve develer bulunmadigini, kisin soguktan herkesin kiçinin dondugunu ve bunlar gibi bir sürü cümleyi ardi ardina siralayacaktim. (...)
Bu arada bütün yasal haklara ragmen pek çok kadinin hâla dayak yedigi, kadin siginmaevlerinin dolup tastigi, doguda genç kizlarin aile meclisi karariyla idam edildigi gerçeklerini saklayacaktim elbette. Cunku bunlari konusmak milli gururuma dokunuyordu. Hem bütün bunlar gerçegin tümü degil, sadece bir parçasiydi.
Sik sik gelen yabanci konuklara bu açiklamalari yapmak, sonra "Grand Bazaar, Blue Mosque" turlari, deri ceket, elma çayi, mavi nazar boncugu ve Türk lokumu aliverislerine götürmek isimin en can alici noktasiydi. Is bulmanin kolay olmadigi bu dönemde, ister istemez bu aptalca sorulara cevaplar verilecek, yasli profesörlerin kur yapma girisimleri anlamazdan gelinerek basariyla savusturulacak, havaalaninda ugurlarken kirk yillik akraba gibi sarilip öpmelerine ve Türklerin konukseverligi söylevlerine katlanilacakti..."

"Ülkeleri disi ve erkek olarak ayirirdim ben. Mesela Iskandinav ülkeleri, Fransa, Italya, kadindi; Almanya, Ispanya, Amerika ise erkek..."

"Onlarin basina gelenleri anlatmaya karar verdim. Cünkü ancak hikâyesi anlatilan insanlar var oluyordu."

Serenad - Zülfü Livaneli

mercredi 15 août 2012

Les mots - Jean-Paul Sartre

"Il n'y a pas de bon père, c'est la règle; qu'on n'en tienne pas grief aux hommes mais aux lien de paternité qui est pourri. Faire des enfants, rien de mieux; en avoir, quelle iniquité!"

"Ce n'est pas assez que mon naturel soit bon; il faut qu'il soit prophétique: la vérité sort de la bouche des enfants."

"Tous les enfants sont des miroirs de mort."

"Les chiens savent aimer; ils sont plus tendres que les hommes, plus fidèles; ils ont du tact, un instinct sans défaut qui leur permet de reconnaître le Bien, de distinguer les bons des méchants."

"Le Bien naît au plus profond de mon coeur, le Vrai dans les jeunes ténèbres de mon Entendement."

"Je traite les inférieurs en égaux."

"Heureusement , les applaudissements ne manquent pas: qu'ils écoutent mon babillage ou l'Art de la Fugue, les adultes ont le même sourire de dégustation malicieuse et de connivence; cela montre ce que je suis au fond: un bien culturel. La culture m'imprègne et je la rends à la famille par rayonnement, comme les étangs, au soir, rendent la chaleur du jour."

"J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute: au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout; défense était faite de les épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées; droites ou perchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait. Elles se ressemblaient toutes, je m'ébattais dans un minuscule sanctuaire, entouré de monuments trapus, antiques qui m'avaient vu naître, qui me verraient mourir et dont la permanence me garantissait un avenir aussi calme que le passé. Je les touchais en cachette pour honorer mes mains de leur poussière mais je ne savais trop qu'en faire et j'assistai chaque jour à des cérémonies dont le sens m'échappait: mon grand-père - si maladroit, d'habitude, que ma mère lui boutonnait ses gants - maniait ces objets culturels avec une dextérité d'officiant. Je l'ai vu mille fois se lever d'un air absent, faire le tour de sa table, traverser la pièce en deux enjambées, prendre un volume sans hésiter, sans se donner le temps de choisir, le feuilleter en regagnant son fauteuil, par un mouvement combiné du pouce et de l'index puis, à peine assis, l'ouvrir d'un coup sec "à la bonne page" en le faisant craquer comme un soulier. Quelquefois je m'approchais pour observer ces boîtes qui se fendaient comme des huîtres et je découvrais la nudité de leurs organes intérieurs, des feuilles blêmes et moisies, légèrement boursoufflées, couvertes de veinules noires, qui buvaient l'encre et sentaient le champignon."

"Je ne savais pas encore lire mais j'étais assez snob pour exiger d'avoir mes livres."

"Nos visiteurs prenaient congé, je restais seul, je m'évadais de ce banal cimetière, j'allai rejoindre la vie, la folie des livres. Il me suffisait d'en ouvrir un pour y redécouvrir cette pensée inhumaine, inquiète dont les pompes et les ténèbres passaient mon entendement, qui sautait d'une idée à l'autre, si vite que je lâchai prise, cent fois par page, et la laissai filer, étourdi, perdu."

"J'avais trouvé ma religion: rien ne me parut plus important qu'un livre. La bibliothèque, j'y voyais un temple."

"Je vivais au-dessus de mon âge comme on vit au-dessus de ses moyens."

"De ces magazines et de ces livres j'ai tiré ma fantasmagorie la plus intime: l'optimisme."

"Il y avait des joies simples, triviales: courir, sauter, manger des gâteaux, embrasser la peau douce et parfumée de ma mère; mais j'attachais plus de prix aux plaisirs studieux et mêlés que j'éprouvais dans la compagnie des hommes murs: la répulsion qu'ils m'inspiraient faisaient partie de leur prestige: je confondais la dégoût avec l'esprit de sérieux. J'étais snob."

"J'étais un enfant, ce monstre qu'ils fabriquent avec leurs regrets."

"Je vivais parce que j'avais commencé à vivre."

"La mort brillait par son absence."

"Plus absurde est la vie, moins supportable est la mort."

"Il ne pensait guère à Dieu sauf dans les moments de pointe; sûr de le retrouver à l'heure de la mort, il le tenait à l'écart de  sa vie."

"La langue française l'émerveillait encore, à soixante-dix ans, parce qu'il l'avait apprise difficilement et qu'elle ne lui appartenait pas tout à fait."

"Au cours de mes chevauchées fantastiques, c'était le réalité que je voulais atteindre."

"L'écriture, mon travail noir, ne renvoyait à rien et, du coup, se prenait elle-même pour fin: j'écrivais pour écrire. Je ne le regrette pas: eussé-je été lu, je tentais de plaire, je redevenais merveilleux. Clandestin, je fus vrai."

"La mort était mon vertige parce que je n'aimais pas vivre: c'est ce qui explique la terreur qu'elle m'inspirait."

"Mes os sont de cuir et de carton, ma chair parcheminée sent la colle et le champignon, à travers soixante kilos de papier je me carre, tout à l'aise. Je renais, je deviens enfin tout un homme, pensant, parlant, chantant, tonitruant, qui s'affirme avec l'inertie péremptoire de la matière. On me prend, on m'ouvre, on m'étale sur la table, on me lisse du plat de la main et parfois on me fait craquer. Je me laisse faire et puis tout à coup je fulgure, j'éblouis, je m'impose à distance, mes pouvoirs traversent l'espace et le temps, foudroient les méchants, protègent les bons. Nul ne peut m'oublier ou me passer sous silence: je suis un grand fétiche maniaque et terrible. Ma conscience est en miettes: tant mieux. D'autres consciences m'ont pris en charge. On me lit, je saute aux yeux; on me parle, je suis dans toutes les bouches, langue universelle et singulière; dans les millions de regards je me fais curiosité prospective; pour celui que sait m'aimer, je suis son inquiétude la plus intime mais, s'il veut me toucher, je m'efface et disparais: je n'existe plus nulle part, je suis, enfin! je suis partout: parasite de l'humanité, mes bienfaits la rongent et l'obligent sans cesse à  ressusciter mon absence."

"J'avais choisi d'être rassuré; et c'était bien vrai, au fond, que je me croyais immortel: je m'étais tué d'avance parce que les défunts sont seuls à jouir de l'immortalité."

"Je choisis pour avenir un passé de grand mort et j'essayai de vivre à l'envers. Entre neuf et dix ans, je devins tout à fait posthume."

"Elle s'efforça de prouver que je valais mieux que mes devoirs: j'avais appris à lire tout seul, j'écrivais des romans; à bout d'arguments elle révéla que j'étais né à dix mois: mieux cuit que les autres, plus doré, plus croustillant pour être resté plus longtemps au four."

"On m'enseignait l'Histoire sainte, l'Evangile, le catéchisme sans me donner les moyens de croire."

"Si je range l'impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui."

Les mots - Jean-Paul Sartre

dimanche 12 août 2012

Lolita - Vladimir Nabokov

“It was love at first sight, at last sight, at ever and ever sight.”

“Lolita, light of my life, fire of my loins. My sin, my soul. Lo-lee-ta: the tip of the tongue taking a trip of three steps down the palate to tap, at three, on the teeth. Lo. Lee. Ta. She was Lo, plain Lo, in the morning, standing four feet ten in one sock. She was Lola in slacks. She was Dolly at school. She was Dolores on the dotted line. But in my arms she was always Lolita. Did she have a precursor? She did, indeed she did. In point of fact, there might have been no Lolita at all had I not loved, one summer, an initial girl-child. In a princedom by the sea. Oh when? About as many years before Lolita was born as my age was that summer. You can always count on a murderer for a fancy prose style. Ladies and gentlemen of the jury, exhibit number one is what the seraphs, the misinformed, simple, noble-winged seraphs, envied. Look at this tangle of thorns.”

“Human life is but a series of footnotes to a vast obscure unfinished masterpiece”

“All at once we were madly, clumsily, shamelessly, agonizingly in love with each other; hopelessly, I should add, because that frenzy of mutual possession might have been assuaged only by our actually imbibing and assimilating every particle of each other's soul and flesh; but there we were, unable even to mate as slum children would have so easily found an opportunity to do so.”

“She was Lo, plain Lo, in the morning, standing four feet ten in one sock. She was Lola in slacks. She was Dolly at school. She was Dolores on the dotted line. But in my arms she was always Lolita.”

“you have to be an artist and a madman, a creature of infinite melancholy, with a bubble of hot poison in your loins and a super-voluptuous flame permanently aglow in your subtle spine (oh, how you have to cringe and hide!), in order to discern at once, by ineffable signs--the slightly feline outline of a cheekbone, the slenderness of a downy limbs, and other indices which despair and shame and tears of tenderness forbid me to tabulate--the little deadly demon among the wholesome children; she stands unrecognized by them and unconscious herself of her fantastic power.”

“I have often noticed that we are inclined to endow our friends with the stability of type that literary characters acquire in the reader's mind. No matter how many times we reopen 'King Lear,' never shall we find the good king banging his tankard in high revelry, all woes forgotten, at a jolly reunion with all three daughters and their lapdogs. Never will Emma rally, revived by the sympathetic salts in Flaubert's father's timely tear. Whatever evolution this or that popular character has gone through between the book covers, his fate is fixed in our minds, and, similarly, we expect our friends to follow this or that logical and conventional pattern we have fixed for them. Thus X will never compose the immortal music that would clash with the second-rate symphonies he has accustomed us to. Y will never commit murder. Under no circumstances can Z ever betray us. We have it all arranged in our minds, and the less often we see a particular person, the more satisfying it is to check how obediently he conforms to our notion of him every time we hear of him. Any deviation in the fates we have ordained would strike us as not only anomalous but unethical. We could prefer not to have known at all our neighbor, the retired hot-dog stand operator, if it turns out he has just produced the greatest book of poetry his age has seen.”
“I knew I had fallen in love with Lolita forever; but I also knew she would not be forever Lolita.”


“In a nervous and slender-leaved mimosa grove at the back of their villa we found a perch on the ruins of a low stone wall. She trembled and twitched as I kissed the corner of her parted lips and the hot lobe of her ear. A cluster of stars palely glowed above us between the silhouettes of long thin leaves; that vibrant sky seemed as naked as she was under her light frock. I saw her face in the sky, strangely distinct, as if it emitted a faint radiance of its own. Her legs, her lovely live legs, were not too close together, and when my hand located what it sought, a dreamy and eerie expression, half-pleasure, half-pain, came over those childish features. She sat a little higher than I, and whenever in her solitary ecstasy she was led to kiss me, her head would bend with a sleepy, soft, drooping movement that was almost woeful, and her bare knees caught and compressed my wrist, and slackened again; and her quivering mouth, distorted by the acridity of some mysterious potion, with a sibilant intake of breath came near to my face. She would try to relieve the pain of love by first roughly rubbing her dry lips against mine; then my darling would draw away with a nervous toss of her hair, and then again come darkly near and let me feed on her open mouth, while with a generosity that was ready to offer her everything, my heart, my throat, my entrails, I gave her to hold in her awkward fist the scepter of my passion.”

“Words without experience are meaningless.”

“Humbert was perfectly capable of intercourse with Eve, but it was Lilith he longed for.”

“Nowadays you have to be a scientist if you want to be a killer. No, no, I was neither. Ladies and gentleman of the jury, the majority of sex offenders that hanker for some throbbing, sweet-moaning, physical but not necessarily coital, relation with a girl-child, are innocuous, inadequate, passive, timid strangers who merely ask the community to allow them to pursue their practically harmless, so-called aberrant behavior, their little hot wet private acts of sexual deviation without the police and society cracking down upon them. We are not sex fiends! We do not rape as good soldiers do. We are unhappy, mild, dog-eyed gentlemen, sufficiently well integrated to control our urge in the presence of adults, but ready to give years and years of life for one chance to touch a nymphet. Emphatically, no killers are we. Poets never kill.”

“Annabel was, like the writer, of mixed parentage: half-English, half-Dutch, in her case. I remember her features far less distinctly today than I did a few years ago, before I knew Lolita. There are two kinds of visual memory: one when you skillfully recreate an image in the laboratory of your mind, with your eyes open (and then I see Annabel in such general terms as: "honey-colored skin," "thin arms," "brown bobbed hair," "long lashes," "big bright mouth"); and the other when you instantly evoke, with shut eyes, on the dark innerside of your eyelids, the objective, absolutely optical replica of a beloved face, a little ghost in natural colors (and this is how I see Lolita).”

“Wanted, wanted: Dolores Haze.
Hair: brown. Lips: scarlet.
Age: five thousand three hundred days.
Profession: none, or "starlet"

« I insist the world know how much I loved my Lolita, this Lolita, pale and polluted, and big with another’s child, but still gray-eyed, still sooty-lashed, still auburn and almond, still Carmencita, still mine; Changeons de vie, ma Carmen, allons vivre quelque, part o nous ne serons jamais séparés. »

« In my self-made seraglio, I was a radiant and robust Turk, deliberately, in the full consciousness of his freedom, postponing the moment of actually enjoying the youngest and frailest of his slaves. »

« I countered by inquiring whether she would still want to marry me if my father’s maternal grandfather had been, say, a Turk. »

Lolita – Vladimir Nabokov

vendredi 10 août 2012

Piruze - Şam'da Bir Türk Gelin - Sinan Akyüz

"Bir yanda hiç yipranmayacak türden duygulara kendini birakmak isteyen romantik genç bir kadin, diger yanda atalarinin geleneklerini disa buran genç bir adam. Ve ben gidip böyle bir adamla evlenmistim."

"Tüh sana," dedi dayimin yüzüne tükürerek. "Yedi yasindaki çocugun aklina bile komünizmi sokmussun. Her gün donunu yikatiyorsun. Sonra da üniversiteye devrim yapmaya gidiyorsun. Senin kendine bile faydan yokken, devrimi nasil yapacaksin?"

"Masallah," dedi. "Bicir bicir bir kiz çocugu. Allah seni büyüdügün zaman sansindan yana da güldürsün."
O gün yanimda oturan o teyzenin ne demek istedigini yillar sonra çok iyi anladim. Megerse bir insanin kaderinde sans faktörü çok önemliymis. Bir gün kötu kaderin, o çirkin yüzünü sana gösterdiginde, elinde sanstan baska birsey kalmiyormus."

"Gerçek sevgi biz kadinlarda vardir, erkeklerde degil. Cok güzel seydir kadin olmak. Inan bana, erkekler hem kötü bir âsik, hemde kötü bir babadir. Hâlbuki biz kadinlar erkekler gibi miyiz? Gerçek sevgiyi bulduk mu, hem iyi bir âsik, hemde iyi bir anne olabiliyoruz. Ben yillardir onun özlemiyle yanip tutustum. Gerçek ve saf aski yeni yeni buldum."

"Dünyanin neresinde olursan ol, evlendigin zaman kocanin soy ismiyle yasiyorsun."

"Cocuk yapmak için erkegin yasi olmaz. O konuda sanssiz olan biz kadinlariz. Biz biraz yaslanmaya baslayinca hayat trenini kaçiriyoruz ama erkekler her yasta binecek bir tren mutlaka buluyor."

"O ilk aylar, orada iki seyin sikintisini yasadim. Birincisi, dil bilmememin. Ikincisi de Türk olmanin."

"O güne kadar Ingiltere'yi dünyanin merkezi zannediyordum. Megerse toprak ananin nice sasilacak çocuklari varmis. Bu farkli çocuklarin da nice sasilacak gelenekleri varmis. Ben de zamanla bu geleneklerin önünde saygiyla diz çöküp oturdum."

"Ben hiçbir zaman paranin kölesi olmadim. Ben sevdiklerimin kölesi oldum."

"Ingiltere benim genç kizlik günlerimin en güzel askiydi. Ben ingiltere kokuyordum, Ingiltere de ben..."

"Bizde gelenekler böyle. Capkinlik erkegin elinin kiri gibidir. Yeter ki elini yikasin, temiz bir sekilde evine geri dönsün. Evin kapisi sonsuza dek açiktir onlara."

"Bence su yeryüzünde kadin olmak korkunç bir sey olsa gerek. Mesela Fransa'ya bak. Ordaki kadinlarin da metresleri var. Ve her Fransiz kadin bu gerçegi biliyor. Peki ya onlara ne demeli? Onlar da Avrupali. Gördükleri seyi görmezden, duyduklari sözleri duymazdan gelerek yasiyorlar."

"Kadini kutsallastiran annelik duygusudur. Iste o zaman kocani donunda salliyorsun. Iste o zaman kocana sümüklü böcekmis gibi bakiyorsun."

"Erkeklerin en çok sevdigi kadinlar, fahise ruhlu olanlarmis. Hâlbuki biz,  bizi en çok yaralayan kisiyi sevmek için yaratilmisiz. Erkeklerin asil sevdikleri kadinlar,  hep öteki âsiklari olmustur. Belki bu yüzden çok fazla yara aldim. Bir erkegin çocuklarinin anasi olabiliyorsun ama o erkegin hiçbir zaman gerçek asigi olamiyorsun."

"Kulaklarimin duyacagi en mutlu haber, senin yanimdaki varliginla daha da taçlanacaktir."

"Anneannem sokakta yürürken tanklara bakti. Ellerini havaya kaldirdi. "Hele sükür Allah'im," dedi aglarken. "Asker geç de olsa basa geldi."
Dayim anneanneme pis pis bakti. "Manyak misin sen be kadin?" dedi. "Askerin yönetime el koymasinin neresi güzel?"

"Bir zamanlar Suriye, Ingilizler ve Fransizlarin sömürgesi altindaymis. Daha sonralari Ingilizler ile Fransizlar kendi içlerinde kavgaya tutusmuslar. Bunun üzerine Lübnan, yeni bir devlet olarak Suriye'den ayrilmis. Ingilizler Suriye'yi, Fransizlar da Lübnan'i sahiplenmisler."

"Mevlana'yi bile biz yabancilara dogru dürüst tanitamamissiniz."

"Erkekler su dünyada para kazanmayi marifet saniyorlar. Ev kirasini, elektrik, su ve telefon faturalarini ödemeyi erkeklik olarak görüyorlar. Hâlbuki erkek olmak, fatura ödemek degil ki. Erkek olmak; bir kadina, kadinligini hissettirmektir. Ona ilgi göstermektir. Karsisina geçip yarim saat onunla sohbet etmektir. Yataga atmadan önce, bir-iki dakika delicesine öpüsmektir."

"Biz kadinlari, çok film izlemekle suçluyorlar. Hayat hep haksizliklarla mi dolu? Insan olmak, insan yerine konmak için bir kadinlarin hep esip gürlemesi mi gerekiyor? Içimizdeki suskunluklarla dolup tasan yüregimize kim su serpecek? Erkekler mi? Asla. Keske evlendikten sonra da ellerimizi tutabilselerdi. Basimizi dizlerinin üzerine yatirip saçlarimizi oksasalardi. Tenimize dokunsalardi. Erkekler evlendikten sonra bunlari neden yapmiyorlar? Bunlari onlardan istemek neden simariklik olsun ki? Sahi, bunlar hep filmlerde mi yasaniyor Kim? Bizler gerçek hayatta bunlari hiç mi yasayamayacagiz?"

"Ev isi ne yazik ki biz kadinlarin kamburu."

"Iran ve benzeri ülkelerde kadinlar zorla çarsafin içine sokulurken, Suriye'de de çarsafa giren kadinlara silah zoruyla baslari açtiriliyor. Ilahi adalet bu olsa gerek."

"En azindan Katolik erkekler suçüstü yakalandiktan sonra, kimden af dileyeceklerini biliyorlar. Ya bizimkilere ne demeli? Onlari suçüstü yakalasanda, inkâr ediyorlar."

"Unutmayin ki biz, siz Istanbullular gibi degiliz. Bu ülkede ne yazik ki seriat kurallari geçerlidir. Ve bu kurallar, erkeklere dört kadinla evlenme hakkini taniyor."

"Insan anasindan, babasindan ve ôz yurdundan ayri düsünce, yetim kalirmis Kim."

"Bence seriat kanunlariyla kendilerine düzen kuran erkeklerin dertleri bir kadinin gönlünü oksamak degil, o kadinlarin memelerini oksamaktir."

"Tabii ki seviyorum. Sayet seni sevmeseydim üç tane çocuk yapar miydim?"
Aci aci güldüm. "Senin sevgi anlayisin bu mu? Cocuk yapmak mi?"

"Bir kocadan öldüresiye dayak yemek, megerse bir kadin için acilarin en büyügüymüs."

"Allah bir çocugu annesiz birakacagina, babasiz biraksin. Anasi olmayan bir çocugun babasi da olmaz derler."

"Zaman içinde ögrendim ki, etrafimizda bir sürü sahte bûyücüler yasarmis. Megerse bir kadinlar da, o sahte büyücü heriflerin en sadik ve en aptal müsterileriymisiz."

"Su dünyada parasiz kadligim gün, amaçsiz kalirim."

"Bugünden itibaren artik hiçbir erkegin kanatlarinin altinda yasamak istemiyorum. Kendi ayaklarimin üzerinde durmak istiyorum."

"Cünkü bu ülkedeki hukuk sistemi hak üzerine degil, mal üzerine kuruludur. Ulu Önder Atatürk su sözü bosuna söylememis: 'Adalet mülkün temelidir.' Vallahi de billahi de dogru. Bazi hâkimlerin karsisina mülkünle çikiyosan, adaleti de kendi lehine satin alabiliyorsun."
"Off dayi," dedim. "Yine bir komünist gibi konustun."
 
Piruze - Şam'da Bir Türk Gelin - Sinan Akyüz