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jeudi 31 janvier 2013

Lovecraft: Le dernier puritain - Cédric Monget

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« sa nature revendiquée de WASP, de White Anlgo-Saxon Protestant ; sa correspondance immense (40 000 ? 60 000 lettres ?) ; bien sûr, sa vocation pour l’écriture. On sait moins qu’il a voyagé aussi souvent que ses faibles moyens financiers le lui ont permis ; qu’il a eu une vie sociale intense lors des années par ailleurs très dures, de New York (1924-1926) ; son amour des chats et des glaces, pour tout dire, des petits plaisirs de la vie ; en somme, qu’il a vécu comme un homme de son temps, et pas seulement comme un gentleman enfermé dans sa tour d’ivoire de Providence Plantations, RI. » (5)

« Si Lovecraft n’était pas un philosophe, il avait néanmoins une philosophie, S.T. Joshi, son biographe, l’a montré, et cette philosophie se confondait avec le fait qu’il était profondément matérialiste et athée. Son matérialisme était des plus (5) stricts. Cela signifiait trois choses. La première est qu’il croyait à la généralité et à l’universalité des lois régissant la causalité. La seconde, qui découle de la précédente, est que ce qui est à l’origine de l’événement est sa cause, non son but. Il n’y a donc pas de finalité. La troisième et dernière est que, tout répondant à la même loi de causalité, tout est de la même et unique substance. Lovecraft est donc moniste. »

« En effet, l’athéisme de Loevcraft découle tout autant de son rejet violent des religions existantes. Il leur reproche en premier lieu d’être des inventions de l’homme primitif et pense que le progrès aurait du avoir raison d’elles – du moins auprès des personnes instruites. Plus spécifiquement il refuse le christianisme, sa religion natale, qu’il accuse d’avoir assassiné la civilisation romaine et d’être étrangère à la race à laquelle il se considère appartenir, la race aryenne. »

« C’est pour cela que l’on peut paradoxalement évoquer un christianisme de Lovecraft et même voir en Lovecraft un puritain – un puritain athée, certes – et qu’on en trouve trace, notamment dans sa vie privée. »

« La nature foncière de l’horreur lovecraftienne est d’être athée et c’est cela qui la rend si originale et si actuelle malgré son âge. » (6)

« Lovecraft découvre l’astronomie en 1902. C’est l’une des deux découvertes les plus poignantes de sa vie, révèle-t-il dans « La confession d’un incroyant », un texte autobiographique de 1922. »

« Il la découvre dans de vieux livres appartenant à sa grand-mère maternelle, Robie Phillips. Rapidement, il se constitue un bibliothèque personnelle sur le sujet et se fait offrir en 1906, un télescope Bardon de 3 pouces à 50$, une belle somme pour l’époque. Il le gardera toute sa vie. » (8)

« Il connaît (8), en effet, à l’âge de 18 ans, un écroulement nerveux qui l’oblige à renoncer à entrer à l’université. Il souhaitait s’y inscrire pour suivre des cours lui permettant de devenir astronome professionnel. »

« Lovecraft souffrait en effet d’un niveau en mathématique insuffisant pour suivre le parcours universitaire de l’astronome professionnel. »

« L ‘astrologie et l’astronomie sont mère et fille et la première a protégé la seconde et l’a élevée. Certes, l’astrologie est une « pseudo-science » et un système faux et ridicule », mais son origine est légitime et son utilité dans les premiers temps, hors de discussion. Les peuples dans leur enfance ont décelé des corrélations entre la position des astres et les événements terrestres. » (9)

« De là sont nées à la fois l’astrologie et la religion. Et, de la croyance en l’astrologie, est venue la nécessité de connaître scientifiquement le mouvement des astres, l’astronomie. »

« La genèse des astres ne le laisse pas indifférent d’autant qu’elle a des implications métaphysiques qui jouent un rôle non négligeable dans la forme prise par sa fiction. En effet, sa philosophie personnelle, qu’il nommait lui-même indifférentisme, et que le présent ouvrage se donne pour but de définir en partie, impliquait, dans un premier temps, l’extrêmes pluralité des mondes. » (10)

« Cette généralité des mondes habitables, et par conséquent potentiellement habités, venait du fait que Lovecraft croyait dans sa jeunesse à la théorie nébulaire laplacienne comme explication de la création des planètes. »

« Voilà de quoi, pour Lovecraft, rabattre l’orgueil de l’homme qui se croit spécialement et intentionnellement créé par un Dieu bienveillant et satisfait de sa création. 
Cependant, quelques années plus tard, Lovecraft renonce à cette théorie. Il fait notamment état de cet abandon dans une lettre à Woodburn Harris datée du 25 février – 1er mars 1929. La théorie en question a en effet été remise en question par Thomas Chamberlin et Forest Moulton dès 1905. » (11)

« Ainsi écrit-il à Nils Frome le 8 février 1937 : (…) Au lieu de nous lamenter sur notre insignifiance, contentons-nous de ce que nous avons, cultivons notre curiosité intellectuelle par l’étude et développons notre sens esthétique par l’imagination et la création artistique. »

« Pour l’univers, la vie humaine n’est rien ; pour l’homme, elle est tout et cela doit le contenter. Ecartelé entre deux vérités qui paraissent contradictoires, Lovecraft semble manquer de cohérence. » (12)

« Viendra un jour où, dans la nuit des soleils éteints, erreront des planètes glacées. Cette vision n’est pas exactement scientifique car l’entropie ne consiste pas en une glaciation de l’univers, mais en sa disparition. Elle reste néanmoins celle de Lovecraft et le vocabulaire qu’il emploie pour en rendre compte n’est pas sans évoquer les meilleurs moments de sa fiction. »

« Le panthéisme est, selon la formule de Schopenhauer, un athéisme poli et Lovecraft était un athée tout ce qu’il y a de plus poli. Il était le plus souvent respectueux à l’égard des religions car il voyait en elles le garant de l’ordre social… »

« On sait que la plupart des « dieux » lovecraftiens ne sont rien d’autre que des créatures extraterrestres que seul un savoir impie rend supérieures aux humains. » (13)

« Un panthéisme dont la fonction narrative est d’établir la scène neutre, car absolument dénuée de finalité, d’une pièce de théâtre tragique où s’agitent sans but les hommes et les extraterrestres, les seconds broyant les premiers, mais n’étant pas à l’abri d’être broyés à leur tour par plus grand qu’eux. »

« Le cosmos est donc la scène indifférente où se joue la tragédie de la vie. Cette pièce que joue le vivant est le drame du struggle for life darwinien. »

« En cela, il est tout à fait de son époque. Le darwinisme de Lovecraft tient donc plus de Haeckel que de Darwin lui-même. » (14)

« Lovecraft fait de la théorie darwinienne elle-même le mécanisme provoquant l’horreur chez le lecteur. » (15)

« L’horreur (16) que veut communiquer Lovecraft est celle d’une science qui découvre la nature animale de l’homme et le fait que tous les hommes sont cousins du fait d’une origine simienne commune. »

« L’homme n’est pas l’animal familier du vieil homme à barbe blanche qu’il nomme son père et qui est son Dieu. Il est un animal parmi d’autres, fût-il blanc, faut-il rajouter pour comprendre Lovecraft et ses lecteurs. Placé dans le flux aveugle de l’évolution, c’est-à-dire de la sélection naturelle et de la sélection sexuelle, l’homme apparaît indigne des plans que l’on prête à Dieu le concernant. »

«Créature de la nature, l’homme a encore une dignité : celle de tous les êtres. C’est certainement pour le rabaisser plus encore que Lovecraft a écrit Les montagnes hallucinées, mais ce n’est certainement pas la seule raison, nous y reviendrons. Ce court roman écrit en 1931, mais publié seulement en 1936 dans Astounding Stories – Weird Tales l’avait refusé car la jugeant trop long-, est le récit a posteriori d’une expédition en Antarctique. William Dyer, le narrateur, met en (17) garde les instigateurs d’une nouvelle expédition antarctique et leur demande de renoncer à celle-ci à cause de ce qu’ils pourraient trouver au-delà des montagnes hallucinées, cette formidable chaîne plus élevée que l’Himalaya découverte par son équipe.
Voici les grandes lignes de ce récit. En 1930, William Dyer a dirigé une expédition d’explorations polaire pour le compte de l’Université Miskatonic d’Arkham. Il s’agissait d’une mission géologique en Antarctique. Sans entrer dans les détails d’une histoire assez complexe et longue- le texte lui-même fait plus de 41 000 mots dans la version originale- il est important de préciser que l’expédition aboutit à quatre découvertes. La première, qui coûte la vie à plusieurs membres de la race des Anciens dont certains s’«éveillent » de leur congélation. L’expédition sera en effet scindée en deux groupes dont l’un, sous la responsabilité du professeur Lake, s’était aventurée plus à l’ouest, découvrant ainsi les montagnes hallucinées et, non loin d’elles, quatorze êtres dont les huit semblaient en bon état de conservation ; les six autres étant abîmés. Ces Anciens (Old Ones ou Elder Things) sont des créatures mi-animales mi végétales dont la description évoque plus, par la symétrie radiale qui est la leur, certaines pages des Kunstformen der Natur d’Haeckel que la tératologie traditionnelle. Exposées au soleil, les créatures intactes ont repris vie et, soit de leur propre initiative, soit en réaction à l’attaque des chiens qui leur étaient très violemment hostiles, massacrent les hommes et les chiens à l’exception d’un représentant de chaque espèce emporté dans un but que l’on devine scientifique. 
Ekphrasis spenglérienne
La seconde des découvertes est relative à l’histoire des Anciens. Dyer et Danforth dépassent en avion, lors d’un vol de reconnaissance, les fameuses montagnes hallucinées, montagnes gigantesques au pied desquelles les corps des Anciens ont été découverts. Au-delà, se révèle à eux une immense cité. En l’explorant, ils mettent à jour des bas-reliefs racontant l’histoire des Anciens. C’est une vaste fresque historique (17) que Lovecraft nous dévoile, non sans une certaine maladresse, d’ailleurs. En effet, même en considérant l’extrême talent des Anciens et qu’il s’agit là d’un récit fait a posteriori et élaboré en large partie à la lumière de la lecture d’ouvrages rapportant certains faits convergents- on songe au Necronomicon-, on ne peut qu’être surpris de la quantité d’informations réunies d’après la vision rapide (au plus, cinq heures- de simples bas-reliefs.
L’histoire des Anciens est celle de la grandeur d’une civilisation et de son déclin. Lecteur d’Oswald Spengler, Lovecraft ne partage pas entièrement sa vision biologisée de l’histoire des civilisations. Cependant, Lovecraft prête au narrateur une vision assez proche de celle de Spengler. Dyer fait donc le récit de l’histoire de la civilisation des Anciens sur le mode biologique. Elle naît, vit, atteint son acmé puis meurt de vieillesse comme le ferait un être vivant. L’évolution de cette civilisation trouve un écho dans son art. Ainsi donc, Dyer et Danforth, en lisant l’histoire des Anciens au travers des bas-reliefs, constatent le déclin de la civilisation de ces derniers dans son ensemble par celui des qualités artistiques de la statuaire. Lovecraft parle de façon flagrante de « murs décadents » et il prête aux Anciens de l’époque tardive la même attitude que celle de Constantin pillant les œuvres d’art de l’âge classique pour orner sa ville, Constantinople. Dans un cas comme dans l’autre il s’agit de réutiliser ce que l’on est désormais incapable de créer.
Cependant, à l’instar de Rome, la civilisation des Anciens n’est pas morte de sa belle mort, elle a été assassinée. En effet, pour satisfaire à ses besoins de main-d’œuvre, les Anciens ont créée une race d’être polymorphes, capable d’obéir aux impulsions psychiques de leurs maîtres et de prendre la forme souhaitée pour accomplir telle ou telle tâche. Grâce à ces êtres nommés shoggoths, les Anciens ont pu bâtir d’immenses cités sous la mer. Avec le temps, ces shoggoths ont acquis un cerveau semi-permanent et se sont révoltés. Matés dans un premier temps, ils finissent par l’emporter sur les Anciens comme Dyer et Danforth le soupçonnent tout d’abord en voyant que les bas-reliefs deviennent de « détestables palimpsestes » où l’art tardif des Anciens de la décadence est recouvert de gravures essentiellement décoratives et convention-(19)nelles relevant d’un art dégénéré, grossier, prétentieux dont le lecteur devine que les auteurs sont les shoggoths eux-mêmes.
Pour comprendre la pleine signification de ce changement artistique il faut de nouveau se tourner vers Spengler et l’une de ses métaphores. Il existe en minéralogie un processus appelé pseudomorphose par substitution. Il désigne le remplacement d’une substance par un autre sans que la structure de la première ne soit en rien modifiée. Chez Spengler, la pseudomorphose est une métaphore explicative du maintien des formes externes d’une civilisation alors que celle-ci change radicalement dans son cœur même. Les shoggoths, qui furent les esclaves des Anciens, ont remplacé ceux-ci, mais continuent à vivre dans les mêmes murs qu’eux (comme des bernard-l’hermite), dans leur propre cité, pratiquant sans raison un art qui singe le leur. »

« Création de la science des Anciens, puis se retournant contre eux, les shoggoths illustrent la nature faustienne ou prométhéenne de la science. (20) »

« Les Anciens sont nos frères dans la science, mais ils sont aussi nos pères par la science, et c’est là la troisième découverte. »

« Il faut voir là une mise en garde politique et, au-delà, métaphysique. Ces shoggoths, ces esclaves qui se glissent dans la coquille vide d’une civilisation disparue, sont bien évidemment une allégorie tout à la fois des noirs américains, mais aussi des non-anglo-saxons qui viennent s’installer sur le sol des Etats-Unis. Ces derniers sont dans New York comme les shoggoths sont dans la cité des Anciens. Il singent, ils imitent, mais ils ne sont en rien dans la continuité de ce qui a précédé. Dans la lutte désespérée pour la vie dans un monde sans Dieu où la puissance est de droit, les plus forts- Anciens, Occidentaux- doivent parfois être protégésdes plus faibles- shoggoths, noirs, immigrés- qui par leur nombre et leur absence de libido sciendi se révèlent des concurrents farouches. 
La découverte finale- la quatrième- d’un shoggoth vivant dans les ruines de la cité des Anciens témoigne de cette vérité profonde que l’on doit à Nietzsche selon laquelle il faut parfois protéger le plus fort du plus faible. (21) »

« Les montagnes hallucinées nous rappellent que le darwinisme athée de Lovecraft est fondamentalement raciste et qu’il est risqué de le penser en passant cela sous silence soit par ignorance, soit à dessein. (22). »

« La vision que Lovecraft a de la naissance et de l’évolution des religions est purement anthropologique car, « même les mouvements religieux de premier plan ont leur histoire secrète- généralement de nature matérialiste » écrit-il en 1921 dans In Defense of Dagon. Cette lecture matérialiste de l’histoire des religions n’est pas foncièrement originale et l’on devine sans mal que Lovecraft est un connaisseur de Fraser. »

« Cependant, Lovecraft ne voit pas dans la peur la cause unique des religions. Il en voit au contraire plusieurs dont il s’ouvre à Long dans une lettre du 22 novembre 1930. Il y a aussi l’émerveillement face à l’inconnu, ce qu’il appelle la perversion érotique et, bien évidemment, l’incapacité de penser la causalité en dehors de l’intentionnalité. Il faut ajouter à cela le sommeil et le rêve. Le sommeil, identifié à la mort, laisse croire que celle-ci peut n’être que passagère et le rêve fait deviner l’existence d’un arrière-monde que l’on interprète à tort comme réel et objectif, et non subjectif et strictement relatif au rêveur. Enfin, le sommeil et le rêve entraînent une vision dualiste où l’âme est distincte du corps et capable d’accéder à un autre monde : celui que le rêve dévoile momentanément. (23) »

« Dans la philosophie classique domine l’interprétation aristotélicienne de la causalité qui voit à chaque conséquence quatre causes : ma cause matérielle, la cause formelle, la cause efficiente et, enfin, la cause finale. Cette dernière était pour Aristote particulièrement importante. Il l’appelait télos et c’est d’elle que vient l’idée que la causalité a un sens. Or, chez Lovecraft, la causalité est purement mécanique. (24) »

« D’ailleurs, le fameux distique que l’on trouve dans le Necronomicon : « N’est pas mort ce qui à jamais dort/ Et au long des siècles, peut mourir même la mort » dit par son ambiguïté et son caractère décevant toute la distance qui nous sépare, nous autres humains, de ce que nous appellons Cthulhu sans vraiment arriver à prononcer ce mot et encore moins à concevoir de qui ou de quoi il s’agit réellement. 
Les cultes qui peuplent les récits de Lovecraft ont tous en commun de surintérpréter anthropologiquement les signes qu’ils croient percevoir dans les actes des entités qu’ils adorent. Mais le mécanisme est exactement celui du barbare qui surintérpréte les phénomènes naturels en leur prêtant une volonté analogue à celle de l’homme. En cela, la fiction de Lovecraft fait doublement œuvre de démythologisation. D’une part, elle se démythologise elle-même en démontrant que des cultes que l’ont croit rendus à des êtres surnaturels ne sont rien d’autre que des malentendus presque bouffons avec des extraterrestres ; d’autre part, elle démythologise toutes les religions en montrant comment elles naissent de la sur-interprétation de ce qui est perçu au travers d’une lecture qui voit en la volonté de l’homme la mesure de toute chose. (25) »

« Cependant, en prenant en compte les phénomènes naturels, les religions ont un rapport profond  à la réalité. Plus généralement, les religions se fondent sur la Nature et, en cela, elles entérinent, souvent de façon empirique, l’application de lois naturelles. Ainsi, par exemple, la contrainte morale que l’on retrouve au sein de la plupart des religions ne fait que prendre en compte cette loi quasi-scientifique qui veut que la maximalisation du plaisir passe par la modération. Dans « The Poe-et’s Nightmare », Lovecraft cite Terence à ce sujet : « l’excès est toujours cause de désordre ». Les religions ne sont donc pas absurdes, notamment dans leurs aspects moraux, bien au contraire. »

« Comme nous l’avons vu, Lovecraft découvre la culture gréco-latine à l’âge de six ans. C’est l’un des évènements fondateurs de sa formation intellectuelle. (26) »

« Il est amusant de noter que Lovecraft reproduit dans sa biographie le cheminement qu’il prête à la civilisation occidentale. »

« La lecture spenglérienne qu’il prête au narrateur des Montagnes hallucinées s’accommoderait assez bien d’un tel glissement entre biographie, philosophie et fiction. Les civilisations sont comme les hommes, elles ont une enfance dans laquelle elles connaissent la croyance simple et directe à des dieux visibles dans les phénomènes de la nature, puis vient l’âge adulte où, avec les peurs de l’enfance, le besoin de croire s’est envolé, ensuite, vient la vieillesse où la proximité de la mort peut incliner certains à renouer avec la foi de leur enfance, mais sans la naïveté originelle.  (27) »

« En somme, ce qui séduit Lovecraft en Rome, c’est son degré supérieur d’organisation et sa capacité à l’imposer aux autres, mais aussi, certainement, sa vision conformiste de la pratique religieuse, respectée plus au nom de la tradition et du bon goût plus que par crainte des dieux. (29) »

« Lovecraft, en lecteur de Margaret Murray et de Sir James Fraser, croyait que des cultes archaïques pré-aryens avaient subsisté, malgré la christianisation, au sein de certaines communautés rurales. (32) »

« Certes, Lovecraft est resté toute sa vie favorable au régime de l’Allemagne nazie et à son dirigeant, « der Schön Adolf », comme il l’appelle dans une lettre à Alfred Galpin datée du 25 juillet 1934, en revanche, son désaccord sur la façon dont l’Allemagne traitait les Juifs n’était pas causé par son seul refus de la violence. L’antisémitisme de Lovecraft, pour partager son origine avec l’antisémitisme nazi, diffère de lui sur de nombreux points. En cela, il se rapproche d’un autre antisémitisme, allemand lui aussi, mais plus philosophique et spirituel, celui de penseurs conservateurs comme Spengler ou Heidegger. »

« Lovecraft est un homme de la culture qui privilégie cette dernière, c’est-à-dire l’acquis, sur l’inné, même s’il n’ignore pas l’importance de ce qui est hérité. (34) »

« De plus, il voit à la fin de sa vie la religion comme étant un obstacle à des changement sociaux nécessaires. (36) »

« Il a cru, dans sa jeunesse, que seule l’aristocratie pouvait défendre ce qui comptait vraiment pour lui. Il pense à la fin de sa vie que c’est l’organisation étatique de l’économie qui peut préserver le type de domination qu’il affectionne et qui est « le seul enthousiasme politique ou social que j’ai » comme il écrit dans la même lettre. »

« Pour lui, en effet, il est parfaitement possible de fonder la morale et les mœurs sur autre chose que sur la transcendance comme nous l’avons vu plus haut. (37) »

« L’adhésion de Lovecraft au mythe courant à l’époque de la race aryenne est mâtinée chez lui, comme chez beaucoup d’autres, d’une lecture superficielle de Nietzsche. (38) »

« En effet, pour Lovecraft la guerre a une double légitimité philosophique. D’une part, elle est naturelle : « toute vie est lutte et combat ». D’autre part, elle est esthétique comme l’exprime Lovecraft, dans une lettre à James Ferdinand Norton datée du 10 février 1923… »

« Le nietzschéisme de Lovecraft est donc essentiellement rhétorique puisque le passage à l’acte de l’engagement militaire a avorté. (39) »

« le dieux païens sont supérieurs au Dieu des Chrétiens, cela ne fait aucun doute pour Lovecraft. Ils sont supérieurs esthétiquement et moralement en ce qu’ils ne s’opposent pas aux vertus naturelles des aryens. »

« L’athéisme de Lovecraft n’est en aucun cas un athéisme revendicatif et prosélythe. (40) »

« A fortiori, il condamne la propagande antireligieuse du système soviétique. Pour lui, elle ne vaut pas mieux- et même plutôt moins- que l’endoctrinement religieux. Lovecraft est un athée, mais un athée qui respecte la tradition, dans laquelle il s’inscrit. (41) »

« Car, pour lui, le catholicisme est étranger à la tradition américaine. Il voit, d’ailleurs, d’un mauvais œil l’immigration des Canadiens français comme celle des Italiens en Nouvelle-Angleterre, car, comme il l’écrit à sa tante Lilian le 11 janvier 1926, les immigrés européens « formeront une culture catholique romaine distincte et hostile à la nôtre. » (42) »

« Mais si l’univers est absurde, nos vies ne le sont-elles pas aussi et, dans ce cas, à quoi bon vivre ? Cette double question Lovecraft se l’est posée et y a réfléchi avec une rare acuité depuis son plus jeune âge, lorsque la découverte des immensités cosmiques, grâce à l’astronomie, lui a fait perdre sa naïve fois dans les divinités agrestes du paganisme hellénique et romain.  (44) »

« Certes, il voyait dans la mort l’arrêt de toutes les souffrances, mais elle est aussi une séparation définitive car il n’y a nul paradis où se retrouvent ceux qui se sont aimés. »

« Il est mort le 15 mars 1937, mais le 11, il faisait encore par écrit des observations sur son état. Il suit et décrit pas à pas l’avancement du cancer des intestins qui finit par l’emporter. (48) »

« Certes, il voyait sans doute dans le socialisme national de Roosevelt l’élément organisationnel qui manquait à la société, mai sil est douteux qu’il se soit imaginé en bénéficiaire des changements qu’il supposait pouvoir s’opérer. Au contraire, l’immigration incessante continuait à constituer, pour lui, plus qu’une menace, un danger pour le monde tel qu’il l’avait connu. (49) »

« Borné d’un côté par le journalisme amateur et de l’autre par le journal Weird Tales, entre la déjà vieille fiction gothique et la toute nouvelle science-fiction (on disait alors scientifiction), c’est dans un tout petit domaine que Lovcraft s’est imposé tout d’abord par des fictions gothiques ou oniriques inspirées de Poe et de (50) Dunsany puis par des fictions  beaucoup plus personnelles qui se rapportent à la weird science et à la science fiction. »

« Il n’est ni absurde ni arbitraire de séparer la carrière littéraire de Lovecraft en deux parties. Le tournant se faisant avec l’écriture de « L’appel de Cthulhu » en 1926, qui se différenciait des nouvelles antérieures par l’absence totale de surnaturel et par la dimension cosmique des implications du récit. (51) »

« Il y a dans la littérature d’horreur une école qui veut que l’anormal se glisse de façon subreptice et presque indécelable afin de créer un climat où ma normalité est subvertie de l’intérieur. (52)»

« Le lieu de l’horreur lovecraftienne n’est pas l’esprit du protagoniste, mais le monde dans lequel il vit et où cette horreur se déploie matériellement. Elle est radicalement externe, elle n’est en rien psychologique. (52) »

« Seuls les phénomènes importaient vraiment pour Lovecraft. Les êtres humains ne sont présents dans ses histoires que pour en rendre compte par leur mort ou par leur folie. Ils sont des martyrs au sens étymologique, ils sont des témoins. (55)»

« La folie n’est jamais à l’origine de l’horreur, elle en est une conséquence seconde, presque anecdotique au niveau choisi par l’auteur. Quelle importance peut avoir la folie d’un homme ou même sa mort à l’échelle d’un drame cosmique ? Car l’échelle de l’horreur lovecraftienne est cosmique. (55) »

« En vérité, cette fiction provoque l’horreur de deux façons convergentes qu’il nous appartient de distinguer. Il y a à la fois la question de l’homme par rapport aux autres entités qui hantent les pages des nouvelles de Lovecraft et aussi celle de l’être humain dans un mond où règne l’absence de cause finale et donc d’économie salvifique. » (56)

« Ainsi, la Grand’Race de Yith (« Dans l’abîme du temps ») ou les Anciens (Les montagnes hallucinées) sont résolument d’un autre ordre que les formes de vie existantes sur notre planète. Souvenons-nous, dans Les montagnes hallucinées, du trouble de Lake incapable de classer les Anciens entre le règne végétal et le règne animal.
Des deux races que nous venons de citer, l’homme n’est pas le contemporain. Il se heurte donc à elles que dans des conditions exceptionnelles que racontent ces deux grands textes que sont Les montagnes hallucinées et « Dans l’abîme du temps ». Dans le premier de ces deux récits, c’est la découverte accidentelle d’un groupe d’Anciens conservés par la glace qui entraîne leur retour à la vie avec les suites que l’on a décrites plus haut. Ce qu’il est intéressant de noter ici, c’est que la violence des Anciens est à la fois seconde- le premier sang à couler est le leur, pas celui des hommes – et très humaine en fin de compte. Paradoxalement, c’est la dissection du « pauvre Gedney », en ce qu’elle témoigne d’une libido sciendi qui semble tout à fait humaine, qui pousse Dyer à les considérer comme des hommes à leur façon. D’ailleurs, hommes et Anciens se retrouvent quasiment sur un pied d’égalité face à la menace des shoggoths. Le rapport à cette création artificielle de la vie par les Anciens est strictement celui de la prédation et ce sont les Anciens et les hommes qui sont les proies… Cette création démontre l’hubris des Anciens. Une démesure qui leur a coûté d’être finalement supplantés dans leurs propres cités sous-marines par leurs anciens esclaves les shoggoths et sur la terre par ceux qu’ils ont crées par jeu ou par accident, les hommes. 
« Dans l’abîme du temps » nous offre un récit situé sur une toute autre échelle de temps que Les montagnes hallucinées. Avant l’homme, avant même les Anciens, la Terre a connu le règne de la Grand’Race de Yith. Celle-ci, sans être bienveillante, ne nous est en rien hostile. Elle ne porte atteinte à la santé mentale du narrateur Nathaniel Peaslee qu’en l’exposant  indirectement et involontairement à un trop grand savoir. Le drame que vit le personnage principal est qu’il se souvient, malgré l’effacement théorique de sa mémoire, d’avoir eu accès à une parcelle du savoir de cette race extraterrestre qui avait pris possession de son corps en échangeant son esprit avec celui d’un des siens. Nathaniel Peaslee est donc une perte collatérale dans un plan plus vaste qui est l’enquête méthodique que mène la Grand’Race sur l’histoire de toutes les civilisations ayant vécu sur Terre.
Si l’homme n’est pas contemporain des Anciens ou de la Grand’Race de Yith, il l’est en revanche de Ceux du Dehors. Ce peuple venu de Yuggoth, c’est-à-dire de Pluton (découverte en 1930), n’est présent sur Terre que pour exploiter en secret certaines ressources minières. » (57)

« Cependant si les rapports des hommes avec ces trois races sont à penser sur le mode de la terreur et de la folie, il n’e s’agit aucunement de haine. » (58)

« Les premiers traîtres à la race humaine de la fiction lovecraftienne se rencontrent dans « L’appel de Cthulhu ». Il s’agit des adorateurs de Cthulhu que l’inspecteur Legrasse arrête alors qu’ils se livrent à un de leurs rites orgiaques, « plus diabolique que le plus noir de tous ceux pratiqués dans les milieux africains », dans un marais de Louisiane. » (58)

« Une fois la color line franchie, plus rien n’arrête l’hybridation et la différence entre le métissage d’un blanc avec un noir et celui d’un homme avec un de Ceux des profondeurs comme dans « Le cauchemar d’Innsmouth » n’est pour Lovecraft pas de nature, mais de degré.
D’ailleurs, le dégoût légitime à l’égard des hybrides d’hommes et de Ceux des profondeurs habitant Innsmouth est, dans l’ignorance de cette hybridation, interprété et justifié comme une simple préjugé racial. » (58-59)

« Mais avec « L’appel de Cthulhu » et, surtout, avec « Le cauchemar d’Innsmouth », le recours à l’état d’exception est illustré et défendu par Lovecraft au travers de sa fiction, Ainsi, dans la première de ces deux nouvelles, le fait que seuls deux adorateurs de Cthulhu soient pendus indique que les preuves ou que l’état mental de tous les autres n’ont pas permis de les condamner, Néanmoins ils sont privés de liberté puisque internés dans un cadre psychiatrique. Or, celui-ci déroge par définition du droit commun puisqu’il laisse aux savants (comme ceux qui décident de la destruction de la momie dans « Faits concernant feu Arthur Jermyn ») le droit d’enfermer ceux qui tombent sous leur juridiction. » (59-60)

« Peut-être le modèle des évènements d’Innsmouth est-il à chercher du côté de ce qui s’est passé à Malaga Island en 1912 et dont Lovecraft avait sûrement eu vent. Sur cette petite île du Maine subsistait depuis la fin de la guerre entre les Etats en 1865 une communauté de métis (blancs, noirs, indiens) échappant à l’administration et à la bureacratie. A la fois par humanitarisme et par hygiènisme, la communauté a été dispersée par la force et en dehors du cadre légal sous l’impulsion du gouverneur de l’époque, le démocrate Frederick W. Plaisted. Là, comme à Innsmouth, il s’agit de défaire une communauté métisse et hors norme. Mais bien sûr, dans la fiction de Lovecraft, le métissage se fait avec des entités d’origine extraterrestre et la méthode de liquidation est autrement plus brutale, On ne peut néanmoins s’empêcher de faire le parallèle. De même, il est difficile de ne pas voir une allusion à la politique raciale allemande dans le fait de Ceux des profondeurs craignent la swastika… » (60)

«La souillure que constitue l’hybridation d’un homme avec ce quasi-dieu est trop grande. Il faut l’éradiquer en en détruisant les preuves vivantes que sont les hybrides eux-mêmes. » (60)

« La nature de l’horreur lovecraftienne est tout d’abord dans l’absence totale d’instance supérieure. Nous sommes seuls face à nos prédateurs dans le grand struggle for life cosmique. Il y a une sorte d’amère théodicée athée chez Lovecraft. Elle fait découler le mal de la lutte pour la survie et de la compétition sexuelle (avec Ceux des profondeurs, avec Yog-Sothoth lui-même…), c’est-à-dire de l’idée même de vie telle qu’on la sait être dans sa réalité au moins depuis Darwin. » (61-62)

« L’horreurr lovecraftienne est donc, en premier lieu, dans l’absence de Dieu, mais en second lieu et c’est cela qui compte peut-être le plus, dans la conscience de cette absence. Car après tout, en la matière, la croyance fausse, c’est-à-dire l’âge des ténèbres, suffit presque pour échapper au pire. « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil », comme l’écrivait René Char, et ce soleil dissipe les ténèbres protectrices. Cette déchirure du rideau du Temple de la Création nous dévoile qu’il n’y a ni créateur ni juge, car la théodicée athée de Lovecraft est résolument exempte de téléologie. » (62)

« Les personnages de Lovecraft – la critique a souvent insisté sur ce point – ne semblent ressentir véritablement la peur, et donc commencer à se montrer prudent, que beaucoup trop tard. Ils sont comme aveugles au danger. C’est qu’ils ne peuvent avoir peur de ce qui leur reste encore inconnu. Il faut que l’inconnu se dévoile à eux pour que les héros lovecraftiens ressentent enfin la peur et sombrent dans la folie ou attendent l’oubli miséricordieux que seule la mort pourra leur apporter. Et ce qui se révèle est toujours identique dans l’esprit de Lovecraft. Il s’agit d’annoncer à l’homme la mauvaise nouvelle qu’il n’est qu’un animal parmi tant d’autres – y compris extraterrestres – et qu’il n’est pas nécessairement au sommet de la chaîne alimentaire ; que la seule loi est celle du plus fort et qu’il n’y a pas de Dieu pour rendre une autre justice que celle qui naît dans l’immanence d’un struggle for life cosmique. » (64)

« Dans ses fictions, Lovecraft témoigne souvent d’un savoir ésotérique et fait fréquemment référence à l’occultisme, à la magie (noire le plus souvent) mais aussi à la théosophie. » (65)

« Le cas le plus frappant est le Necronomicon. Ce livre imaginaire a même fait l’objet d’un historique écrit par Lovecraft en 1927 et pris au sérieux par certains. L’invention était, d’ailleurs, trop belle pour ne pas être exploitée en couvrant de son nom bien des essais littéraires qui prétendaient, parfois sérieusement, être de véritables traductions de l’ouvrage de l’arabe fou Abdul Alhazred. Il en va ainsi du fameux Necronomicon de Simon publié en 1977 en vendu à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.
Il faut reconnaître que Lovecraft a su jouer de l’ésotérisme et de l’occultisme comme peu d’auteurs de littérature d’horreur. Il a su les intégrer dans ses histoires en leur donnant une dimension bien supérieure à leur propre prétention. Il leur a, pour tout dire, donne une dimension cosmique. En effet, Lovecraft remplace les forces cachées et surnaturelles qui sont supposées être l’objet de la connaissance occultiste ou ésotérique par des forces naturelles, physiques, mais extraterrestres. C’est un des coups de génie de Lovecraft et c’est l’une de ses inventions qui a eu le plus grand impact.
En effet, si l’on en croit The Cult of Alien Gods de Jason Calavito, la théorie – très en vogue dans les années 1960-70- selon laquelle certains mystères supposés de l’histoire s’expliqueraient par la visite d’extraterrestres à des époques très reculées, trouverait son origine dans la fiction de Lovecraft. » (66)

« La thèse de Calavito explique lepassage d’une invention littéraire à une croyance partagée par des millions de gens aujourd’hui. Elle établit un lien indirect entre les écrits le Lovecraft et l’ouvrage qui a popularisé l’idée en 1968, Erinnerungen an die Zunkuft : Ungelöste Rätsel der Vergangenheit d’Erich von Däniken. Cet ouvrage est plus connu sous son titre anglais, Chariots of the Gods. » (66)

« Le matin des magiciens fait passer de la fiction lovecraftienne à la supposition historique la conceptions d’une origine extraterrestre des savoirs les plus étonnants et des réalisations humaines les plus inexpliquées. » (66)

« Pire, alors que pour Lovecraft cette origine avait pour rôle dans sa fiction de rabaisser l’orgueil humain, chez les tenants de cette pseudo-science, de Heaven’s Gate à Raël, elle démontre au contraire l’exceptionnalité de l’homme. Les extraterrestres jouent alors le même rôle que le Dieu des Chrétiens. » (67)

« Le moyen de connaître le créateur n’est plus alors la théologie, mais la science commune. Seulement, c’est une science trompeuse qui n’a que le badigeon du matérialisme, car elle est tautologique et a pour point de départ ce qu’elle veut démontrer. Cette subversion de la science – du même type que ce que l’on trouve chez les créationnistes, d’ailleurs -, qui fait rentrer Dieu et la téléologie par la petite porte, apparaît certainement aux yeux de l’athée Lovecraft, s’il était encore en vie, comme un crime inexpiable contre l’intelligence. » (67)

« Certes, il est bien connu que dans le courant des années 1930 il se réclame du socialisme et qu’il se rallie au New Deal de F.D. Roosevelt. De là, beaucoup veulent inférer qu’il a cessé d’être conservateur et raciste. » (70)

Lovecraft : Le dernier puritain – Cédric Monget

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