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mardi 31 décembre 2013

Poèmes saturniens - Fêtes galantes - Paul Verlaine

« Maintenant, va, mon Livre, où le hasard te mène. »

« Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone. »

« Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. »

« La spontanéité craintive des caresses ! »

« MON REVE FAMILIER

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues. »
« CROQUIS PARISIEN
La lune plaquait ses teintes de zinc
Par angles obtus.
Des bouts de fumée en forme de cinq
Sortaient drus et noirs des hauts toits pointus.

Le ciel était gris. La bise pleurait
Ainsi qu'un basson.
Au loin, un matou frileux et discret
Miaulait d'étrange et grêle façon.

Moi, j'allais, rêvant du divin Platon
Et de Phidias,
Et de Salamine et de Marathon,
Sous l'oeil clignotant des bleus becs de gaz. »

« LE ROSSIGNOL

Comme un vol criard d’oiseaux en émoi,
Tous mes souvenirs s’abattent sur moi,
S’abattent parmi le feuillage jaune
De mon coeur mirant son tronc plié d’aune
Au tain violet de l’eau des Regrets,
Qui mélancoliquement coule auprès,
S’abattent, et puis la rumeur mauvaise
Qu’une brise moite en montant apaise,
S’éteint par degrés dans l’arbre, si bien
Qu’au bout d’un instant on n’entend plus rien,
Plus rien que la voix célébrant l’Absente,
Plus rien que la voix -ô si languissante!-
De l’oiseau qui fut mon Premier Amour,
Et qui chante encor comme au premier jour;
Et, dans la splendeur triste d’une lune
Se levant blafarde et solennelle, une
Nuit mélancolique et lourde d’été,
Pleine de silence et d’obscurité,
Berce sur l’azur qu’un vent doux effleure
L’arbre qui frissonne et l’oiseau qui pleure. »
« Nous sommes les Ingénues,
Aux bandeaux plats, à l’œil bleu,
Qui vivons, presque inconnues,
Dans les romans qu’on lit peu. »

« UNE GRANDE DAME

    Belle " à damner les saints " , à troubler sous l'aumusse
    Un vieux juge ! Elle marche impérialement.
    Elle parle - et ses dents font un miroitement -
    Italien, avec un léger accent russe.

    Ses yeux froids où l'émail sertit le bleu de Prusse
    Ont l'éclat insolent et dur du diamant.
    Pour la splendeur du sein, pour le rayonnement
    De la peau, nulle reine ou courtisane, fût-ce

    Cléopâtre la lynce ou la chatte Ninon,
    N'égale sa beauté patricienne, non !
    Vois, ô bon Buridan : " C'est une grande dame ! "

    Il faut - pas de milieu ! - l'adorer à genoux,
    Plat, n'ayant d'astre aux cieux que ses lourds cheveux roux
    Ou bien lui cravacher la face, à cette femme ! »

« Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres. »

« Baiser ! rose trémière au jardin des caresses !
Vif accompagnement sur le clavier des dents
Des doux refrains qu’Amour chante en les cœurs ardents
Avec sa voix d’archange aux langueurs charmeresses ! »

« Le Pactole a son or. Le Bosphore a sa rive
Où vient faire son kief l’odalisque lascive. »

« Et tu coules toujours, Seine, et, tout en rampant,
Tu traînes dans Paris ton cours de vieux serpent,
De vieux serpent boueux, emportant vers tes havres
Tes cargaisons de bois, de houille et de cadavres ! »

« Quand Marco pleurait, ses terribles larmes
Défiaient l’éclat des plus belles armes ;
Ses lèvres de sang fonçaient leur carmin
Et son désespoir n’avait rien d’humain ; »

« L'ALLEE

Fardée et peinte comme au temps des bergeries
Frêle parmi les noeuds énormes de rubans,
Elle passe sous les ramures assombries,
Dans l'allée où verdit la mousse des vieux bancs,
Avec mille façons et mille afféteries
Qu'on garde d'ordinaire aux perruches chéries.
Sa longue robe à queue est bleue, et l'éventail
Qu'elle froisse en ses doigts fluets aux larges bagues
S'égaie un des sujets érotiques, si vagues
Qu'elle sourit, tout en rêvant, à maint détail.
- Blonde, en somme. Le nez mignon avec la bouche
Incarnadine, grasse, et divine d'orgueil
Inconscient. - D'ailleurs plus fine que la mouche
Qui ravive l'éclat un peu niais de l'oeil. »

« Et les amants lutinent les amantes »

« Et même les lilas ont beau
Pousser leur haleine poivrée,
Dans l’ardeur du soleil nouveau : »

«     FANTOCHES

Scaramouche et Pulcinella
Qu'un mauvais destin rassembla
Gesticulent, noirs sous la lune.

Cependant l'excellent docteur
Bolonais cueille avec lenteur
Des simples parmi l'herbe brune.

Lors sa fille, piquant minois,
Sous la charmille, en tapinois,
Se glisse, demi-nue, en quête

De son beau pirate espagnol,
Dont un langoureux rossignol
Clame la détresse à tue-tête. »
« Bah ! malgré les destins jaloux,
Mourons ensemble, voulez-vous ?
-La proposition est rare. »

Poèmes saturniens – Fêtes galantes – Paul Verlaine

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