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samedi 29 septembre 2012

La pension Marguerite - Metin Arditi

« Tout ira bien à Paris, lui avait dit Rose. »

« L’odeur du pain bien grillé le plongea dans le plaisir. Il anticipa le crissement de la mie brune sous le couteau, la petite cascade de miel qu’il laisserait inégale sur la couche de beurre, histoire de créer la surprise dans le palais, et pour finir le bruit de la tartine craquant sous la dent. »

« Il ressentit un plaisir secret d’avoir été si poli. Il détestait donner dans le flou. »

«Une lettre couvrait la pile, deux pages tapées à la machine sur un modèle ancien, constellées de corrections manuscrites. »

« la recherche d’identité est une activité de chaque être et de chaque instant. »

« Il avait vécu la mort de sa mère les yeux secs. »

« Mais le bruit était bien là. Au do, la corde de sol laissait échapper un petit gémissement. C’était un son étouffé, à peine perceptible. Le chagrin enfoui d’un enfant qui serait allé chercher sa peine au fin fond de la maison.
-Tu n’es pas sûr ?
-Si, je crois, En tout cas le bruit est là.
-Tu paniques ?
-Non. Un peu.
-Tu veux que je vienne ?
-Tu peux ?
-Ca fait longtemps que tu ne me l’as pas demandé…
-Je sais. Viens. »

« M. Zoltan, pensionnaire violoniste. Il lui avait appris à réciter une comptine hongroise bourrée de ö :
Öt Török öt Görögöt
dögönyöz örökös
örömök között. (Cinq Turcs se battent contre cinq Grecs dans une joie éternelle. »

« J’ai grandi, craintive, passive, à ne pas m’interroger sur les événements. A ne jamais leur répondre par un élan. Si on m’avait dit : C’est chouette, sois heureuse, vas-y, je n’aurai pas su. »

« Ma mère. L’abnégation. Un concentré d’abnégation. »

« Paule et moi, nous étions des pauvres déguisées en riches. Ca sautait aux yeux. Belles robes et accessoires branlants. Paule et son châle hideux, moi des chaussures trop grandes, pas assorties, on aurait dit Daisy Duck. »

« Un jour que nous sortions de la pièce, la prof de français dit en souriant, mi-figue, mi-raisin : ‘C’était vraiment très piano, votre morceau.’ »

« Mon père était mort pour la patrie. On meurt de ça ? »

« Fin juillet, Laurence se fiance sans crier gare. A vingt-neuf ans, on n’hésite plus. »

« Posséder une bonne technique, ce n’est pas forcément un handicap, c’est comme bien connaître une langue. Cela permet de mieux exprimer des sentiments… »

« Aldo avait accueilli la solitude de l’internat avec intelligence. Il savait qu’elle seule pouvait l’aider à découvrir son violon jusque dans son intimité. »

« Aldo avait vingt et un ans. Elle en avait dix de plus. Il pensa au corps de Rose. Il traverse le temps se dit-il. »

« Rose avait les cheveux gris, un corps de sportive, une douceur triste dans le regard et dans les gestes. Une belle femme sans âge. »

« Rose préparait son doctorat en musicologie. Il était à portée de main. Une vie sereine, au milieu de livres, de musique, d’étudiants beaux et heureux. Une vie où tout semblait un rêve. Où tout était un rêve. Un mari comme dans les revues. Attentionné, calme. Chercheur en physique. Affectueux. Absent au lit, mais quelle importance ? Est-ce qu’on peut tout avoir dans la vie ? Franchement ? Surtout quand on a une fillette comme dans ces histoires qu’on ne peut croire tant elles sont belles, une fillette au regard fort et grave, fixé sur celui de sa mère, qui disait : ‘J’ai tout compris, maman. Je suis là, maman. ‘ Un regard de grande, qui comprenait tout. Qui rassurait Rose. Rose qui défaillait de plaisir à la laver, la coiffer, l’habiller, qui pouvait tout lui dire, comme à une grande. »

« -Pardon, dit Aldo, je ne voulais pas être indiscret.
-C’est le destin qui a été indiscret, pas vous. Il s’est faufilé dans ma vie comme un serpent. Il m’a mordue. »

« Rose était toujours sans âge. Une allure de jeune fille et des cheveux presque blancs. Une femme blessée à la peau fraîche. »

« L’échec d’Aldo lui avait donné le seul instant d’assurance qu’elle pouvait se rappeler. »

« Elle est rassurée. Contente d’avoir eu un peu mal, d’avoir un peu souffert. D’avoir été utile. Pas comblée. Simplement contente de vivre un lien si fort qu’il en rend d’autres inutiles. Ou impossibles. »

« C’est ça le bonheur ? Jouir à répétition ? Il me dit : je crois que c’est avoir de l’appétit. Comme les deux Turcs. Ils avaient la force. Il fait une pause, je sens qu’il réfléchit, et puis : Au fond, peut-être que le bonheur, c’est d’avoir envie de courir derrière le bonheur. »

« Il y a dans l’air quelque chose de magique. Chaque matin le bonheur. Ca me gifle. Dès que je sors, j’ai l’impression d’avoir de l’avance sur la vie. Je marche très vite. »

« Üsküdara giderirken altimda bir yagmur,
Kâtibimin setresi uzun, etegi çamur.  (En allant à Scutari, je suis pris par la pluie. La redingote de mon secrétaire est si longue que l’étoffe en est toute boueuse. )
Plus tard ils m’ont appris la chanson. J’aimais ces sons qui venaient du fin fond de la gorge, des sons vrais. »

« Presque personne n’est artiste dans sa vie. Presque chacun peut le devenir. Il dit qu’être artiste, c’est vouloir partager ses émotions. Mois je dis : ‘J’ai aucun talent. Il répond : Il faut de la technique, oui. Le reste, c’est le cœur. Le talent c’est ce qui vient du cœur. C’est ce qui te porte vers l’autre, si tu veux vraiment partager. Sinon c’est pas la peine. »

« La ventriloquie, c’est un travail de contorsionniste. Ce n’est pas les muscles des jambes ou des bras, c’est ceux de la gorge, c’est tout. La partie arrière de la langue recule. Là où les muscles se contractent, en bourrelets, tu crées une nouvelle bouche, dans la gorge. ‘Tutto qui.’ »

« Elle avait le regard du matin. »

« C’est ça aimer, pensa Aldo. Ne rien dire. Etre là. Quelques notes d’une musique de Kodàly un matin de chagrin. »

« Rose avait fait luthière comme d’autres font cuisinières militaires. Pour avoir un endroit où aller. »

« Vivre, c’est oublier. »

La pension Marguerite – Metin Arditi

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