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dimanche 29 septembre 2013

La Ballade de Lila K - Blandine Le Callet

« Plusieurs fois, elle a cligné des yeux. Chaque battement de paupières était comme un baiser. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime. Et elle m’a souri, derrière le bâillon. »

« Sédation, ça veut dire injections d’anxiolytiques, sangles, et musique douce pour enrober le tout d’un peu d’humanité. »

« J’avais peur pour elle, et c’était encore pire que les hélicoptères. A partir de là, je me suis tenue à carreau. Dès que j’entendais au loin le bourdonnement sourd des gros frelons trapus, et leurs lourdes pales hachant l’air, je me bouchais les oreilles, et je me mordais la lèvre tout en fermant les yeux. »

« Je me souviens, l’orthophoniste avait mauvaise haleine, un chat mort dans la gorge. Dès le départ, ça a nui à nos relations. Lorsqu’elle ouvrait la bouche, elle m’envoyait ses miasmes en plein visage, et je devais serrer les lèvres pour bloquer les spasmes qui me retournaient l’estomac. »

« La culpabilité, il n’y a que ça de vrai. Arrangez-vous pour que les autres se sentent toujours un peu coupables à votre égard, et vous en obtiendrez tout ce que vous voulez. »

« Souvent, il s’amusait à mélanger les langues – il en parlait couramment une quinzaine et en était très fier. Evidemment, je ne comprenais pas tout. »

« J’appréciais beaucoup mes professeurs – c’est tellement plus facile d’aimer les gens de loin, tellement plus confortable. Aucun problème de contact fortuit ou de mauvaise haleine. Le paradis. »

« Le jour de mes neuf ans, M. Kauffmann m’a offert un kaléidoscope, pour voir tout en beau, même quand tout est très moche. »

« Je retenais sans peine. J’ai toujours été très spongieuse. »

« Les poèmes fleurissaient dans mon crâne avec mes émotions, et même dans plusieurs langues, car M. Kauffmann tenait mordicus à ce que je sois polyglotte. »

« Il a concédé que son amour de la langue l’avait sans doute entraîné trop loin dans l’apprentissage du vocabulaire. »

« Alors, qu’on n’aille pas me raconter des salades avec les bébés phoques, la Vénus de Milo ou la forêt d’émeraude. »

« Ex libris veritas, fillette. Le vérité sort des livres. »

« Je me moquais un peu du contenu des livres. Ce que je recherchais, surtout, c’est le pouvoir qu’ils m’accordaient. J’arrivais grâce à eux à m’abstraire de ma vie. J’oubliais le Centre, sa routine et son lot de contraintes épuisantes. J’oubliais qu’on m’avait confisqué ma maman. J’étais d’ailleurs, loin du monde, loin de moi. C’est parfois reposant de se perdre de vue. »

« En un mot, il meublait le silence. »

« Ils sont venus l’arrêter chez lui le 3 novembre. »

« Le traître essayait maintenant de se poser en bon Samaritain. Il y a des claques qui se perdent, je vous jure. »

« Certaines légendes anciennes prétendent que les dieux ne peuvent pas supporter le bonheur des mortels. Ils le trouvent obscène, bruyant, et tellement insultant pour tous les malheureux. Non, les dieux n’aiment pas les gens heureux. Pour les faire taire, ils inventent des malheurs terribles qui leur font à jamais passer le goût de vivre. Ce sont des légendes, bien sûr, des contes d’un autre âge. Les dieux n’existent pas. Pourtant, quand je vois ce qui est arrivé à Lucienne et Fernand, je me demande parfois s’il ne faudrait pas y croire. »

« Atrophie des avant-bras. Ce n’était la faute de personne, seulement la faute à pas de chance. »

« Denrée de luxe, trop risquée pour les cœurs malmenés. »

« J’ai souri à mon tour, puis j’ai refermé la porte comme on tourne une page. »

« -Mais non Lila ! Ce n’est pas si étonnant qu’on te regarde. Tu es une personne remarquable.
-Comment ça, remarquable ?
Je l’ai vu hésiter un moment, légèrement s’empourprer.
-Tu attires les regards, Lila, parce que tu es… enfin… ce qu’on appelle une beauté.
-Fernand, vous êtes sérieux ?
-Est-ce que j’ai l’habitude de plaisanter ?
-C’est vrai, j’oubliais. Donc, vous êtes sérieux.
Il a hoché la tête, puis il a murmuré, sans me regarder :
-Tu es devenue une très belle jeune femme, Lila. C’est… c’est normal qu’on te regarde.
-Mais pourquoi vous ne m’avez pas avertie ?
Il a eu un petit rire.
-Les gens n’ont pas besoin qu’on le leur dise, d’habitude. Ils s’en aperçoivent tout seuls.
-Fernand, ai-je fait affolée, comment je vais m’en sortir, si les gens me dévisagent comme ça, tout le temps ?
-Oh là, pas de panique. Ce n’est tout de même pas un drame ! Continue de porter des tenues sobres et couvrantes, comme je te l’ai conseillé. Reste discrète. Et surtout, Lila, surtout, a-t-il ajouté en martelant ses mots, évite autant que possible de croiser le regard des hommes. »

« C’est pour cela aussi que j’aimais Justinien. Pour la surprise de ces petits miracles qui jaillissaient sans crier gare de son crâne cabossé. »

« On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s’interdit d’aller : derrière, il y a tous les monstres que l’on s’est créés. On les croit terribles, invincibles, mais ce n’est pas vrai. Dès qu’on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu’on ne l’imaginait. Ils perdent consistance, s’évaporent peu à peu. Au point qu’on se demande, pour finir, s’ils existaient vraiment. »

« On était fin septembre, il faisait encore chaud. »

« Le bar s’appelait l’Anatolie. »

« Elle avait ce rêve pour moi, pour moi dont la venue lui avait coupé les ailes. »

« Mais surtout, je pensais que mes mots possédaient un pouvoir : celui de vous protéger. Tant que quelqu’un vous parle, quelque part, vous écrit, vous ne pouvez pas mourir. Vous êtes encore au monde ; vous lui appartenez. J’en étais persuadée, Milo, c’est pour cela que je suis allée jusqu’au bout : vous dire mon histoire, mais surtout, vous garder vivant. »

La Ballade de Lila K – Blandine Le Callet

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