«Pourquoi ? »
demanda-t-elle à l’étudiant assis sur le sofa : car elle l’aimait tant, il
savait les plus charmantes histoires et il découpait des images si
amusantes : des cœurs, avec de petites dames dedans, qui dansaient, des fleurs
et de grands châteaux dont elle pouvait ouvrir les portes. »
Les
fleurs de la petite Ida
« Les
pivoines se rengorgeaient d’être plus grandes qu’une rose, mais ce n’est pas la
taille qui compte ! »
« Oh !
comme cette herbe est douce ! et voyez, la gentille petite fleur avec de
l’or dans le cœur et de l’argent sur sa robe ! »
« Pour
la motte d’herbe et sa pâquerette, elles furent jetées dans la poussière sur le
grand chemin, personne ne pensa à celle qui, pourtant, avait souffert le plus
pour le petit oiseau et qui aurait tant voulu le consoler ! »
La
pâquerette
« Il
y avait un fils de roi, personne n’avait autant de livres, ni d’aussi beaux.
Tout ce qui s’était passé en ce monde, il pouvait l’y apprendre et le voir représenté en magnifiques images. Il pouvait se renseigner sur chaque peuple,
chaque pays. »
« Sa
grand-mère lui avait raconté, quand il était encore tout petit mais qu’il
allait commencer l’école, qu’au jardin de Paradis chaque fleur était un gâteau
succulent, les étamines donnaient le vin le plus délicat. L’une donnait
l’histoire, une autre, la géographie, ou les tables de multiplication, il n’y
avait qu’à manger un gâteau, on savait sa leçon. Plus on mangeait, plus on
apprenait d’histoire, de géographie et de tables de multiplication. »
« Une
femme d’un certain âge, grande et forte, que
l’on eût prise pour un homme déguisé, se tenait près du feu, y jetant
bûche sur bûche. »
« Tu
es ici dans les grotte des vents, mes fils sont les quatre vents du monde,
peux-tu comprendre ça ?
-Où
sont tes fils ? demanda le prince.
-Hé !
à question stupide, réponse malaisée, dit la femme. »
« Est-ce
le petit zéphyr ? »
« Il
avait l’air d’un sauvage, mais il portait un chapeau à bourrelet de feutre pour
ne pas se faire de mal. Il tenait à la main une massue d’acajou coupée dans les
forêts d’Amérique. »
« Arriva
alors le vent du sud, portant turban et cape volante de bédouin. »
« Le
jour où ils furent expulsés, le jardin de Paradis sombra sur terre mais il
conserva la chaleur de son soleil, sa douce atmosphère et toute sa splendeur.
La reine des fées y habite, c’est là que se trouve l’île de Félicité où la mort
ne vient jamais, où il est délicieux de vivre ! Mets-toi sur mon dos
demain, je t’emporterai. Je pense que ça peut se faire ! Mais trêve de
bavardages à présent, je veux dormir ! »
« Vers
le soir, quand il fit noir, il fut amusant de voir les grandes villes. Les
lumières brillaient, tantôt ici, tantôt là, c’était exactement comme lorsqu’on
a brûlé un morceau de papier et que l’on voit toutes les petites étincelles qui
font comme des enfants sortant de l’école ! Et le prince applaudit, mais
le vent d’est lui dit de cesser et de bien se tenir, au contraire, sinon, il
pourrait facilement tomber et rester suspendu à la flèche d’une église. »
« Il
prirent alors davantage vers le sud et il y eut aussitôt un parfum d’épices et
de fleurs. Figues et grenades poussaient à l’état sauvage, et la vigne sauvage
portait des raisins bleus et rouges. »
« Pendaient
en longues guirlandes les plantes grimpantes les plus étranges comme on n’en
trouve représentées, coloriées et dorées, que dans les marges des anciennes
vies de saints ou enlacées aux initiales. »
« Arriva
alors la fée du Paradis. Ses vêtements irradiaient comme le soleil, son visage
avait la douceur de celui d’une mère heureuse quand elle se réjouit de son
enfant. Elle était jeune et belle, et de ravissantes jeunes filles
l’accompagnaient, chacune portant une étoile brillante dans les cheveux. »
« « Est-ce
sur moi que tu pleures ? murmura-t-il. Ne pleure pas, ravissante
femme ! Voici seulement que je comprends le bonheur du Paradis, il déferle
dans mon sang, dans ma pensée, je sens en mon corps terrestre une force de
chérubin et une vie éternelle. Que la nuit soit éternelle pour moi, une minute
comme celle-ci est un pur trésor ! » et ses baisers chassèrent les
larmes des yeux de la fée, sa bouche toucha la sienne… Alors retentit un coup
de tonnerre si profond, si épouvantable que nul encore n’avait jamais rien
entendu de pareil, et tout s’effondra : la fée ravissante, le Paradis en
fleurs sombrèrent, sombrèrent profondément, profondément, le prince les vit
s’abîmer dans la nuit noire. Ils rayonnèrent bien loin, comme une petite étoile
brillante ! Le froid de la mort transperça ses membres, il ferma les yeux
et resta longtemps gisant, comme mort. »
Le
jardin de Paradis
« Et
la reine des abeilles bourdonna en l’air, chantant la vengeance des fleurs et
l’elfe de la rose, en disant que derrière le moindre pétale habite quelqu’un
capable de dire le mal et de le venger. »
L’elfe
de la rose
« -Vous
pouvez en inventer un tout de suite, dit le petit garçon. Mère dit que tout ce
que vous regarder peut devenir un conte et que de tout ce que vous touchez,
vous pouvez tirer une histoire. »
«
« L’automne est magnifique ici ! » disait la petite fille, et le
ciel était deux fois plus haut, plus bleu, la forêt prit des couleurs du rouge,
du jaune et du vert le plus ravissant, les chiens de chasse passaient en
courant, des bandes d’oiseaux sauvages volaient en criant au-dessus du tertre
où des ronciers s’accrochaient aux vieilles pierres. La mer était bleu noir
avec des voiliers blancs et, dans la grange, de vieilles femmes, des jeunes
filles et des enfants égrenaient du houblon dans une grande cuve. Les jeunes
chantaient des chansons et les vieilles disaient des contes qui parlaient de
nixes et de trolls. Ce ne pouvait être mieux ! »
La
fée du sureau
« Il
y avait une reine puissante qui avait dans son jardin les fleurs les plus
ravissantes de chacune des saisons de l’année et de tous les pays du monde,
mais c’étaient surtout les roses qu’elle aimait, aussi en avait-elle des
espèces les plus diverses, depuis l’églantier aux feuilles vertes fleurant la
pomme jusqu’à la plus belle rose de Provence ; elles poussaient contre les
murailles du château, s’enlaçaient aux piliers et aux cadres des fenêtres,
pénétraient dans les couloirs et allaient jusqu’au plafond de toutes les
salles. Et ces roses mêlaient leurs parfums, leurs formes et leurs
couleurs. »
« apportez-lui
la plus belle rose du monde, celle qui exprime l’amour le plus élevé et le plus
pur ! »
« Alors
pénétra dans la pièce un enfant, le jeune fils de la reine. Il avait les yeux
et les joues pleins de larmes. Il portait un gros livre ouvert, relié de
velours, à grands fermoirs d’argent.
« Mère,
dit le petit, oh ! écoute ce que j’ai lu ! » Et l’enfant s’assit
près du lit et lut, dans ce livre, l’histoire de Celui qui se voua à la mort
sur la croix pour sauver les hommes, y compris les générations à naître.
« De plus grand amour, il n’y en a pas ! » »
La
plus belle rose du monde
«-Certainement !
Tout m’a été donné, dit le rosier, mais à vous, il a été donné davantage encore !
Vous êtes de ces natures pensantes, profondes, un de ces êtres très doués qui
étonneront le monde ! »
L’escargot
et le rosier
« Et
le perce-neige fut remis dans le livre, il s’y sentit à la fois honoré et
satisfait de savoir qu’il servait de marque dans le charmant livre de chansons
et que celui qui l’avait chanté et rédigé avait aussi été un perce-neige, avait
été dupe en hiver. La fleur comprenait cela à sa façon, tout comme nous
comprenons chaque chose à notre façon. »
Le
perce-neige
L’elfe
de la rose – Hans Christian Andersen
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