« Christina était extrêmement mince
de visage et de corps, sans que son squelette apparaisse jamais. Ses cheveux,
sa peau et ses yeux avaient la couleur du caramel. Elle avait grandi au
Nouveau-Mexique et disait qu’elle n’y avait jamais connu un jour sans soleil :
sa carnation en portait l’empreinte.
Elle relevait sa chevelure en une sorte
de chignon de cuir indien qu’un bâtonnet de bois maintenait ; cette
coiffure rudimentaire dégageait un cou d’une longue perfection. »
« Les sages affirment que rien n’a de
sens. Les amoureux possèdent une sagesse plus profonde que les sages. Qui aime
ne doute pas instant du sens des choses. »
« Oui. Il m’adore comme un gamin de
quinze ans adore son père. Donc, il a envie de me tuer. »
« On observait leur manière hiératique
de siéger silencieux l’un à côté de l’autre, tels un roi et une reine de
l’époque mycénienne, n’échangeant rien que leur beauté et leur majesté. »
« Oui, les jeunes ne connaissent que
l’immédiateté. »
« Joe eut dix-huit ans comme d’autres
achèvent une peine de prison. »
« Les langues ont tout à tour leur
supériorité. En l’occurrence, l’anglais l’emporte sur le français : fire dancer, c’est tellement mieux que
danseur de feu. Pauvre français de besogneux analytique, qui doit établir un
constat d’accident – un complément déterminatif – est-ce un génitif objectif ou
subjectif ? Qu’est-ce que la grammaire vient faire entre deux divinités ?
C’est l’anglais qui a raison, il faut jeter les deux mots l’un contre l’autre –
et qu’ils se débrouillent – et aussitôt ils crépitent ensemble. »
« Personne n’habite autant la
totalité de son corps que les grands danseurs. »
« Ils mangèrent sans parler, comme
une famille. »
« Au début, Joe se conduisit comme
un étudiant : dès qu’il avait un week-end de libre, il faisait de l’auto-stop
pour venir à Reno, où il arrivait avec du linge sale. »
« L’an 2000, tu te rends compte,
dit-elle, comme le dirent, cette nuit-là, des milliards de gens. »
« Janvier, février, mars. Norman et
Christina remarquèrent ce que constata la planète entière : aucun
changement en l’an 2000. »
Tuer le père – Amélie Nothomb
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