« La voix devint de plus en plus étouffée :
un mouvement tumultueux fit retentir les boiseries. La victime résistait autant
qu’une femme peut résister à quatre hommes. »
« C’était une charmante femme de vingt-cinq à
vingt-six ans, brune avec des yeux bleus, ayant un nez légèrement retroussé,
des dents admirables, un teint marbré de rose et d’opale. Là cependant
s’arrêtaient les signes qui pouvaient la faire confondre avec une grande dame.
Les mains étaient blanches, mais sans finesse : les pieds n’annonçaient
pas la femme de qualité. Heureusement d’Artagnan n’en était pas encore à se
préoccuper de ces détails. »
Les Trois Mousquetaires – Alexandre Dumas
« Elle tremblait si peu que les trois flammes de
son chandelier étaient raides comme des pointes de fourche. »
« Angelo pénétra dans un beau salon. Il vit tout
de suite son propre reflet dans une grande glace. Il avait une barbe de huit
jours et de longues rayures de sueur noirâtre sur tout le visage. Sa chemise en
lambeaux sur ses bras nus et sa poitrine couverte de poils noirs, ses culottes
poussiéreuses et où restaient les traces de plâtre de son passage à travers la
lucarne, ses bas déchirés d’où dépassaient des arpions assez sauvages
composaient un personnage fort regrettable. Il n’avait plus pour lui que ses
yeux qui donnaient toujours cependant des feux aimables. »
« -Je m’excuse, dit Angelo d’une voix étranglée.
-Les temps ne sont plus aux excuses, dit-elle.
Que faites-vous debout ? Si vous voulez vraiment
me rassurer, comportez-vous de façon rassurante. Assoyez-vous. »
Docilement, Angelo posa la pointe de ses fesses au
bord d’un fauteuil mirobolant. »
« J’ai fouillé de fond en comble la maison où le
choléra sec avait étendu entre deux portes cette femme aux beaux cheveux d’or.
Celle-ci est plus brune que la nuit mais le choléra sec est terriblement
foudroyant et l’on a même pas le temps d’appeler. »
Le Hussard sur le toit – Jean Giono
« Le Père Finnegan, à la belle chevelure
argentée, monta en chaire et engloba du regard les quelques affligés assemblés
aux premiers rangs. »
« -Un saint triste… il y a incompatibilité entre
ces deux termes, ne trouvez-vous pas ?
-Mon Dieu… oui, fit Harold, qui se sentait sur des
charbons ardents. »
« Quand elle souriait, ses fines pattes d’oie
faisaient paraître ses yeux plus étincelants et plus bleus encore. »
« Appuyant sur le champignon, elle démarra à
faire gémir les pneus qui déjà sentaient le caoutchouc brûlé, dévala la rue et
disparut au prochain tournant. Mais on percevait encore dans le lointain ses
bruyants changements de vitesse.
Harold resta cloué sur place, interdit lui aussi.
Le Père Finnegan qui, posté sur le porche de
l’église, avait assisté à ce départ foudroyant, dit à la cantonade :
-Cette dame vient tout simplement de s’approprier ma
voiture. »
Harold et Maude – Colin Higgins
« GUIDO : Oh regarde ! La vache noire
donne du café. La blanche donne du lait, la noire du café. »
« Dans le pigeonnier, une jeune femme a été
piquée par une guêpe, précisément au-dessus de la tête de Guido. Elle perd l’équilibre
et tombe dans les bras de Guido, tandis que les pigeons s’envolent en faisant
un bruit assourdissant. Tous deux roulent au sol, à même la paille. Elle se
retrouve sur lui, elle porte un petit masque en voilage sur son visage. »
« GUIDO : Mais où sommes-nous donc ?
Mais c’est un endroit magnifique : les pigeons volent, les femmes vous
tombent du ciel ! Je m’établis ici ! »
La vie est belle – Roberto Benigni et Vincenzo Cerami
« Mais
tandis que chacune de ces liaisons, ou chacun de ces flirts, avait été la
réalisation plus ou moins complète d’un rêve né de la vue d’un visage ou d’un
corps que Swann avait, spontanément, sans s’y efforcer, trouvés charmants, en
revanche quand un jour au théâtre il fut présenté à Odette de Crécy par un de
ses amis d’autrefois, qui lui avait parlé d’elle comme d’une femme ravissante
avec qui il pourrait peut-être arriver à quelque chose, mais en la lui donnant
pour plus difficile qu’elle n’était en réalité afin de paraître lui-même avoir
fait quelque chose de plus aimable en la lui faisant connaître, elle était
apparue à Swann non pas certes sans beauté, mais d’un genre de beauté qui lui
était indifférent, qui ne lui inspirait aucun désir, lui causait même une sorte
de répulsion physique, de ces femmes comme tout le monde a les siennes,
différentes pour chacun, et qui sont l’opposé du type que nos sens réclament.
Pour lui plaire elle avait un profil trop accusé, la peau trop fragile, les
pommettes trop saillantes, les traits trop tirés. Ses yeux étaient beaux mais
si grands qu’ils fléchissaient sous leur propre masse, fatiguaient le reste de
son visage et lui donnaient toujours l’air d’avoir mauvaise mine ou d’être de
mauvaise humeur. »
« Autrefois on rêvait de posséder le cœur de la femme
dont on était amoureux; plus tard sentir qu’on possède le cœur d’une femme peut
suffire à vous en rendre amoureux. Ainsi, à l’âge où il semblerait, comme on
cherche surtout dans l’amour un plaisir subjectif, que la part du goût pour la
beauté d’une femme devait y être la plus grande, l’amour peut naître—l’amour le
plus physique—sans qu’il y ait eu, à sa base, un désir préalable. A cette
époque de la vie, on a déjà été atteint plusieurs fois par l’amour; il n’évolue
plus seul suivant ses propres lois inconnues et fatales, devant notre cœur étonné
et passif. Nous venons à son aide, nous le faussons par la mémoire, par la
suggestion. En reconnaissant un de ses symptômes, nous nous rappelons, nous
faisons renaître les autres. Comme nous possédons sa chanson, gravée en nous
tout entière, nous n’avons pas besoin qu’une femme nous en dise le début—rempli
par l’admiration qu’inspire la beauté—, pour en trouver la suite. Et si elle
commence au milieu,—là où les cœurs se rapprochent, où l’on parle de n’exister
plus que l’un pour l’autre—, nous avons assez l’habitude de cette musique pour
rejoindre tout de suite notre partenaire au passage où elle nous attend. »
Un amour de Swann – Marcel Proust
« La première fois qu'Aurélien vit
Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas
comment elle était habillée. Une étoffe qu'il n'aurait pas choisie. Il avait
des idées sur les étoffes. Une étoffe qu'il avait vue sur plusieurs femmes.
Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui portait un nom de princesse d'Orient
sans avoir l'air de se considérer dans l'obligation d'avoir du goût. Ses
cheveux étaient ternes ce jour-là, mal tenus. Les cheveux coupés, ça demande
des soins constants. Aurélien n'aurait pas pu dire si elle était blonde ou
brune. Il l'avait mal regardée. Il lui en demeurait une impression vague,
générale, d'ennui et d'irritation. Il se demanda même pourquoi. C'était
disproportionné. Plutôt petite, pâle, je crois… Qu'elle se fût appelée Jeanne
ou Marie, il n'y aurait pas repensé, après coup. Mais Bérénice. Drôle de superstition.
Voilà bien ce qui l'irritait.
Il
y avait un vers de Racine que ça lui remettait dans la tête, un vers qui
l'avait hanté pendant la guerre, dans les tranchées, et plus tard démobilisé.
Un vers qu'il ne trouvait même pas un beau vers, ou enfin dont la beauté lui
semblait douteuse, inexplicable, mais qui l'avait obsédé, qui l'obsédait encore
:
Je demeurai longtemps errant dans Césarée… »
« Césarée, c'est du côté d'Antioche, de
Beyrouth. Territoire sous mandat. Assez moricaude, même, des bracelets en veux-tu
en voilà, et des tas de chichis, de voiles. Césarée… un beau nom pour une
ville. Ou pour une femme. Un beau nom en tout cas. Césarée… »
Aurélien – Aragon
« de nouveau ce fut le sourire noir où luisaient
deux canines. »
« En ce soir du Ritz, soir de destin, elle m’est
apparue, noble parmi les ignobles apparue, redoutable de beauté, elle et moi et
nul autre en la cohue des réussisseurs et des avides d’importances, mes pareils
d’autrefois, nous deux seuls exilés, elle seule comme moi, et comme moi triste
et méprisante et ne parlant à personne, seule amie d’elle-même, et au premier
battement de ses paupières je l’ai connue. C’était elle, l’inattendue et
l’attendue, aussitôt élue en ce soir de destin, élue au premier battement de
ses longs cils recourbés. Elle, Boukhara divine, heureuse Samarcande, broderie
aux dessins délicats. Elle c’est vous. »
« O l’élancée, ô ses longs cils recourbés dans
la glace, et mon âme s’est accroché à ses longs cils recourbés. Un battement de
paupières, le temps d’un baiser sur une glace, et c’était elle, elle à jamais.
Dites-moi fou mais croyez-moi. »
« Hantise d’elle, jour après jour, depuis le
soir de destin. O elle, tous les charmes, ô l’élancée et merveilleuse de
visage, ô ses yeux de brume piqués d’or, ses yeux trop écartés, ô ses
commissures pensantes et sa lèvre lourde de pitié et d’intelligence, ô elle que
j’aime. O son sourire d’arriérée lorsque, dissimulé derrière les rideaux de sa
chambre, je la regardais et la connaissais en ses folies, alpiniste de
l’Himalaya en béret écossais à plume de coq, reine des bêtes d’un carton
sorties, comme moi de ses ridicules jouissant, ô ma géniale et ma sœur, à moi
seul destinée et pour moi conçue, et bénie soit ta mère, ô ta beauté me
confond, ô tendre folie et effrayante joie lorsque tu me regardes, ivre quand
tu me regardes, ô nuit, ô amour de moi en moi sans cesse enclose et sans cesse
de moi sortie et contemplée et de nouveau pliée et en mon cœur enfermée et
gardée, ô elle dans mes sommeils, tendre complice dans mes sommeils, ô elle
dont j’écris el nom avec mon doigt sur de l’air ou, dans mes solitudes, sur une
feuille, et alors je retourne le nom mais j’en garde les lettres et je les
mêle, et j’en fais des noms tahitiens, nom de tous ses charmes, Rianea, Eniraa,
Raneia, Aneira, Neiraa, Niaera, Ireana, Enaira, tous les noms de mon amour.
O elle dont je dis le nom sacré dans mes marches
solitaires et ms rondes autour de la maison où elle dort, et je veille sur son
sommeil, et elle ne le sait pas, et je dis son nom aux arbres confidents, et je
leur dis, fou des longs cils recourbés, que j’aime et j’aime celle que j’aime,
et qui m’aimera car je l’aime comme nul autre ne saura, et pourquoi ne
m’aimerait-elle pas, celle qui peut d’amour aimer un crapaud, et elle m’aimera,
m’aimera, m’aimera, la non-pareille m’aimera, et chaque soir j’attendrai
l’heure de la revoir et je me ferai beau pour lui plaire, et je me raserai de
si près pour lui plaire, et je me baignerai, me baignerai longtemps pour que le
temps passe plus vite, et tout le temps penser à elle, et bientôt ce sera
l’heure, ô merveille, ô chants dans l’auto qui vers elle me ménera, vers elle
qui m’attendra, vers les longs cils étoilés, ô son regard tout à l’heure
lorsque j’arriverai, elle sur le seuil m’attendant, élancée et de blanc vêtue,
prête et belle pour moi, prête et craignant d’abîmer sa beauté si je tarde, et
allant voir sa beauté dans la glace, voir si sa beauté est toujours là et
parfaite, et puis revenant sur le seuil et m’attendant en amour, émouvante sur
le seuil et sous les roses, ô tendre nuit, ô jeunesse revenue, ô merveille
lorsque je serai devant elle, ô son regard, ô notre amour, et elle s’inclinera
sur ma main, paysanne devenue, ô merveille de son baiser sur ma main, et elle
relèvera la tête et nos regards s’aimeront et nous sourirons et nous sourirons
de tant nous aimer, toi et moi, et gloire à Dieu. »
Belle du Seigneur – Albert Cohen
« Sa main était moite. Je déteste serrer la main
des gens qui transpirent, même pour dire bonjour en vitesse, je déteste. Mais pas
la sienne. J’ai dit qu’elle l’essuyait sur sa robe. N’importe qui d’autre, en
faisant ça, m’aurait dégoûté. Mais pas elle. Sa main humide était celle
d’un bébé qui a chaud, elle me rapprochait de quelque chose que j’ai toujours
aimé, je ne sais pas quoi, quelque chose qui est dans les bébés et les enfants,
et qui vous fait penser à vous, à votre père et à son piano mécanique pourri,
qui vous rappelle au milieu d’une danse que vous et vos frères, vous n’êtes pas
allés sous les fenêtres du Crédit Municipal pour leur jouer Roses de Picardie –
oui, je sais ce que je veux dire : quelque chose qui n’a rien à voir avec
ce qui est bien ou ce qui est mal, mais qui peut aussi sûrement vous conduire
où j’en suis que faire pleurer une bonne fois un Verdier à grosses larmes et
l’empêcher d’être un pauvre type. »
L’été meutrier – Sébastien Japrisot
« Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. »
Les Fleurs du Mal – Charles Baudelaire
« Je marchais toujours derrière Mrs. Haze quand,
au-delà de la salle à manger, jaillit soudain une explosion de verdure -
"la piazza!" chanta mon guide, et subitement, au dépourvu, une longue
vague bleue roula sous mon c?ur et là, à demi nue sur une natte inondée de
soleil, s'agenouillant et pivotant sur ses jarrets, je vis mon amour de la
Riviera qui m'observait par-dessus ses lunettes noires. C'était la même
enfant - les mêmes épaules graciles aux reflets de miel, le même dos souple et
soyeux et nu, la même chevelure châtaine. Le foulard noir à pois qui ceignait
son torse cachait à mes yeux de simien sénescent, mais non point aux regards
d'une mémoire toujours vivace, les seins juvéniles que j'avais caressés un jour
immortel. Et, telle la nourrice d'une petite princesse de conte de fées
(disparue, enlevée et découverte enfin, dans des haillons de bohémienne à
travers lesquels sa nudité sourit au roi et à ses lévriers), je reconnus sur
son flanc le signe bistre d'un minuscule grain de beauté. Hagard et extasié (le
roi pleurant de bonheur, les trompes sonnant en fanfare, la nourrice ivre
morte), je revis l'adorable courbe rétractile de son abdomen, où s'étaient
jadis recueillies mes lèvres descendantes, et ces hanches enfantines où j'avais
embrassé l'empreinte crénelée laissée par l'élastique de son short - dans la
fièvre de cette ultime et impérissable journée, derrière les Roches Roses. Les
vingt-quatre années que j'avais vécues depuis se fondirent jusqu'à n'être plus
qu'une flammèche imperceptible, qui palpita un instant et s'éteignit. »
« Ce que je veux souligner, c’est que ma
découverte de cette fille était la conséquence fatale de cette
« principauté au bord de la mer » dans mon passé tourmenté. Tout ce
qui s’était passé entre les deux évènements n’avait été qu’une série de
tâtonnements et de bourdes, des rudiments de joies factices. »
Lolita – Vladimir Nabokov
« Et, dans une des vitrines, il y a le programme
d’une pièce jouée dans le théâtre de l’hôtel (?) le 20 novembre 1896 : Le
Petit Ministre, par J.-M. Barrie, avec dans le rôle principal une actrice du
nom d’Elise McKenna. A côté du programme, il y a son protrait ; elle a le
visage le plus extraordinairement beau que j’aie vu de ma vie.
Je suis tombé amoureux d’elle.
C’est tout à fait moi, ça. Trente-six ans, de passades
en feux de paille, une vie semée de liaisons imitant l’amour. Mais rien de
vrai, rien de solide. Et voilà qu’ayant attendu d’être atteint d’une maladie
incurable, je me mets en devoir de tomber enfin amoureux d’une femme qui est
morte depuis une bonne vingtaine d’années.
Qui dit mieux ? »
« Mais… ô mon âme, j’ai comme le sentiment d’être
la victime d’une mauvaise plaisanterie teintée de sadisme. Je n’ai nullement le
désir de m’apitoyer sur mon sort, mais, grands Dieux ! – jouer à pile ou
face, rouler pendant presque deux cents kilomètres jusqu’à une ville où je n’ai
jamais mis les pieds, prendre une autoroute sur un coup de tête, traverser un
pont pour trouver un hôtel dont j’ignorais l’existence, y trouver la photo
d’une femme décédée depuis longtemps et, pour la première fois de ma vie, avoir
un coup de foudre ? Qu’est ce que Mary dit tout le temps ? C’est plus que le cœur ne peut en
supporter ? Exactement mon sentiment. »
Le jeune homme, la mort et le temps – Richard Matheson
« Elle, elle est restée celle du livre, petite,
maigre, hardie, difficile à attraper le sens, difficile à dire qui c’est, moins
belle qu’il n’en paraît, pauvre, fille de pauvres, ancêtres pauvres, fermiers,
cordonniers, première en français, tout le temps partout et détestant la
France, inconsolable du pays natal et d’enfance, crachant la viande rouge des
steaks occidentaux, amoureuse des hommes faibles, sexuelle comme pas rencontré
encore. Folle de lire, de voir, insolente, libre. »
L’Amant de la Chine du Nord – Marguerite Duras
« Tout avait toujours la même propreté miteuse et
exhalait toujours la même odeur de produits de nettoyage, mêlée parfois à une
odeur de choux ou de haricots, de friture ou de lessive. Des autres occupants
de l’immeuble, je ne connus autre chose que ces odeurs, que les paillassons
devant les portes et que les noms sous les boutons de sonnette. Je ne me
rappelle pas avoir jamais rencontré un autre locataire dans l’escalier. »
« Ses bras nus étaient pâles. Ses gestes, pour
soulever le fer à repasser, le diriger, le reposer, puis pour plier les pièces
de linge et les poser, étaient lents et réfléchis, comme était lente et
réfléchie sa façon de se mouvoir, de se pencher, de se redresser. Sur son visage
d’alors sont venus se poser, dans ma mémoire, ses visages ultérieurs. Quand je
veux l’évoquer devant mes yeux telle qu’elle était alors, elle apparaît sans
visage. Il faut que je le reconstitue. Front haut, pommettes hautes, yeux bleu
clair, lèvres pleines aux courbes régulières sans rupture, menton fort. Un beau
visage dessiné à grands traits, rude et féminin. Je sais que je le trouvais
beau. Mais je ne vois pas sa beauté devant moi. »
Le liseur – Bernard Schlink
« Tou à coup,
sans bouger le moins du monde,
cette jeune fille
ouvrit les yeux.
Hervé Joncour ne s’arrêta pas de parler mais baissa
instinctivement les yeux vers elle, et ce qu’il vit, sans s’arrêter de parler,
c’était que ces yeux-là navaient pas une forme orientale, et qu’ils étiaent
avec une intensité déconcertante, pointés sur lui. »
Soie – Alessandro Baricco
« sa piqûre irritait ma chair à tel point que
j’en pâlissais, et d’autre part je sentais son onction bienfaisante. »
Le Roman de la Rose – Guillaume de Lorris
« JULIETTE : Il y a de la religion dans vos
baisers. »
Roméo et Juliette – William Shakespeare
« Mon mal vient de plus loin. A pein au fils
d’Egée »
Phèdre – Jean Racine
« Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son
passé ? Il souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les
robes qu’elle avait portées, les gens qu’elle fréquentait ; et le désir de
la possession physique même disparaissait sous une envie plus profonde, dans
une curiosité douloureuse qui n’avait pas de limites. »
« Leurs yeux se rencontrèrent. »
L’Education sentimentale – Gustave Flaubert
« Ses dents étaient blanches dans son visage
brun, et sa peau et ses yeux étaient du même brun doré. Elle avait les
pommettes hautes, les yeux gais, et une bouche droite aux lèvres charnues. Ses
cheveux avaient la couleur d’or bruni d’un champ de blé brûlé par le soleil,
mais ils étaient coupés si court qu’ils faisaient penser au pelage d’un
castor. Elle sourit en regardant Robert Jordan, leva sa main brune et se
la passa sur la tête, aplatissant ses cheveux qui se redressaient ensuite à
mesure. Elle a un beau visage, pensa Robert Jordan. Elle serait très belle si
on ne l’avait pas tondue. »
« Le lapin au vin rouge était garni d’oignons, de
poivrons et de pois chiches. Il était bien préparé, la chair se détachait
d’elle-même des os, et la sauce était délicieuse. »
« Robert Jordan épongea devant lui la dernière
goutte de sauce avec un bout de pain, empila les os de lapin sur le côté,
épongea la sauce qui restait à l’endroit où ces os se trouvaient tout d’abord,
puis il essuya sa fourchette avec du pain, essuya son couteau, le replia et
avala le pain. Il se pencha pour remplir sa tasse de vin. La jeune fille
le regardait toujours. »
Pour qui sonne le glas – Ernest Hemingway
« Les Américains ont du mal à regarder une Noire
en face, surtout si elle est belle, vous n’avez pas remarqué cela ? »
« Puis, elle ôte son manteau, pose le sac sur une
table et fait des gestes rapides et brusques comme pour se débarrasser d’un
nuage qui flotterait autour d’elle. »
« Nous nous regardons. Elle respire plus serré,
comme moi. Je vois dans ses yeux cette lueur un peu folle, cet éclat doré qui
se dilate dans la prunelle marron et qui m’avait frappé dès qu’elle était
apparue dans l’entrebâillement de la porte de la chambre à coucher. Elle
entrouvre ses lèvres en un sourire qui n’a plus rien de commun avec tous ceux
qui précédèrent, un peu triste et fané, comme si elle avait déjà vécu tout
cela. »
L’étudiant étranger – Philippe Labro
« Elle était accoudée à la traverse de la fenêtre… »
L’Abyssin – Jean-Christophe Rufin
« C’est contre le crime d’amour que se font tous
les crimes. Facile à vérifier, et pourtant personne ne le dit.
Passion fixe – Philippe Sollers