« Depuis
l’Antiquité, ce qui s’appellait d’abord l’Asie Mineure, devenu Empire romain
d’Orient, puis Empire byzantin, puis l’Empire ottoman, est en effet le produit
du choc de deux mondes, l’Occident et l’Orient. »
« En
1923, Atatürk institua une République turque musclée, qui voulait faire entrer
le pays rapidement et au forceps dans l’ère de la modernité à l’occidentale,
quitte à supprimer nombres de traditions ancestrales. D’où des tensions, des
conflits ethniques et religieux, qui empoisonnent encore la vie politique
turque et fragilisent le pays, toujours tiraillé entre l’Occident et l’Orient,
l’Europe et l’Asie. Sans compter ses rapports privilégiés avec les Etat-Unis.
Depuis des lustres, la Turquie, du moins ses élites éclairées, aspire à
intégrer la communauté européenne. C’est sa seule chance d’échapper à
l’attraction de l’islamisme, et c’est aussi la nôtre de nous agréger un pays
puissant, dynamique, moderne, et stratégiquement indispensable à l’équilibre de
la région. »
« On
rappellera ainsi que Sinan, qui fut au XVIe siècle l’immense architecte de
Soliman le Magnifique pour lequel il bâtit les mosquées les plus inspirées,
était né à Kayseri, en Anatolie, dans une famille d’origine grecque chrétienne.
Les fonctions éminentes qu’il occupa prouvent à l’envi l’intelligence de
Soliman, son mépris des différences ethniques ou religieuses, balayées au
profit de l’intérêt général. En ces temps actuels de crispation généralisée, de
peur de l’autre et d’hystérie sécuritaire, quel bel exemple, quel symbole fort
à méditer : le melting pot plutôt que la guerre des mondes. »
Introduction
– Jean-Claude Perrier
« Plus
large que les autres rues de Smyrne, la rue des Roses côtoie la mer dont elle
suit la courbe et conduit hors de la ville à une langue de terre qui s’avance
dans le golfe et forme une promenade nommée à bon droit la Bella-Vista. A
l’entrée de la nuit, cette rue, dorée par les dernières lueurs du couchant,
offre un spectacle qui peut-être n’a pas son pareil au monde. Des deux côtés de
cette voie, où se pressent des officiers de toutes les marines, des voyageurs
de tous les pays, des dandies qui posent, des cavaliers qui caracolent, sont
assises par centaines, auprès des portes entrouvertes, les plus belles femmes
de l’Orient. »
Une
année dans le Levant – Alexis de Valon
« Jamais
de ma vie je n’ai vu tant de si somptueuses chevelures. J’ai compté jusqu’à
cent dix de ces tresses sur une seule dame, et toutes vraies. Il faut
reconnaître que la beauté est ici plus répandue que chez nous. Il est
surprenant de croiser une jeune femme sans attrait. Elles ont naturellement un
teint parfait et en général de grands yeux noirs. »
L’Islam
au cœur, 1717-1718, Correspondance – Lady Mary W. Montagu
« L’homme
installa trois petits grils individuels et compléta le menu avec un saladier de
yaourt, un yaourt spécial nacré, riche et parfumé. Chassignet avoua qu’il
n’avait jamais rien goûté de tel.
-Bien
sûr ! Ca n’existe qu’en Turquie et uniquement à la campagne. C’est fait
avec du lait entier de bufflonnes. Nous appelons ça « la crème des vaches
heureuses ».
-Et
pouquoi sont-elles heureuses, vos vaches ?
-Parce
qu’elles sont nourries à l’opium.
-Quelle
blague !
-Pas
du tout. Dans certains coins les paysans cultivent le pavot, surtout dans la
région d’Afyon. Il ne consomment pas de drogue, mais utilisent les graines pour
le pain, et les jeunes feuilles pour la salade. Tout le reste est donnée aux
vaches comme fourrage.
-Je
ne suis guère amateur de jus de vache, dit Rico, mais là, bravo les
narco-ruminants ! »
Pera
Palas – Gérard Oberlé
« Il y a des gens qui connaissent les
diverses variétés de poissons
moi celles des séparations.
Il y a des gens qui peuvent citer par cœur le nom des étoiles,
moi ceux des nostalgies.
J'ai été locataire et des prisons et grands hôtels,
J'ai connu la faim et aussi la grève de la faim et il n'est pas de mets dont j'ignore le goût.
Quand j'ai atteint trente ans on a voulu me pendre,
à ma quarante huitième année on a voulu me donner le Prix mondial de la Paix
et on me l'a donné.
Au cours de ma trente-sixième année, j'ai parcouru en six mois quatre mètres carrés de béton.
Dans ma cinquante-neuvième année j'ai volé de Prague à La Havane en dix-huit heures. »
moi celles des séparations.
Il y a des gens qui peuvent citer par cœur le nom des étoiles,
moi ceux des nostalgies.
J'ai été locataire et des prisons et grands hôtels,
J'ai connu la faim et aussi la grève de la faim et il n'est pas de mets dont j'ignore le goût.
Quand j'ai atteint trente ans on a voulu me pendre,
à ma quarante huitième année on a voulu me donner le Prix mondial de la Paix
et on me l'a donné.
Au cours de ma trente-sixième année, j'ai parcouru en six mois quatre mètres carrés de béton.
Dans ma cinquante-neuvième année j'ai volé de Prague à La Havane en dix-huit heures. »
Autobiographie
– Nazim Hikmet
Le
goût de la Turquie – Jean-Claude Perrier
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