« Je
ne sais pas pourquoi, mais son visage m’a instantanément fait penser à une tête
d’écureuil. Des petits yeux noirs rigolos, un nez qui gigote et des dents à
faire éclater des noix. Bonjour la tronche du messager du destin. »
« Je
vais vous raconter le truc le plus stupide que j’aie fait de toute ma
vie. »
« Il
fait déjà chaud, le bitume colle et le prix de la bouteille d’eau est indexé
sur le baril de pétrole. »
« Je
ne sais pas d’où vient le sursaut d’énergie qui vous permet de sourire à ce
genre de blague alors que vous avez simplement envie de pleurer. C’est sans
doute la même force que celle qui vous empêche de flanquer une grande baffe à
votre amie pour son humour si douloureux. »
« Après,
il y a eu la dégustation de cookies brûlés. Si un jour j’ai un cancer, je
saurai d’où ça vient. »
« -C’est
presque une chance que Didier soir parti. Ce n’était pas un homme pour toi. Il
aura toujours dix ans dans sa tête et tu l’aurais eu à charge toute ta vie.
Notez bien que si vous remplacez « Didier » par « Donovan »
et que vous ajoutez « il n’en voulait qu’à ta fortune » à la fin, on
dirait le dialogue d’une série américaine. »
« J’admire
ceux qui partent découvrir le monde, ceux qui font leur valise pour vivre un an
au Chili, celles qui épousent un Australien, ceux qui prennent un billet
d’avion et qui verront sur place. »
« Il
bouge ses mains comme un candidat à la présidentielle qui passe à la télé.
Dommage pour lui, il a un poil qui lui sort du nez et c’est tout ce que je
vois. Tout ce gel, ces jolis vêtements achetés en solde sur Internet, cette
montre qui n’est qu’une imitation, et vous voilà pourtant réduit à un simple
poil disgracieux. »
« J’ai
préféré l’imaginer inconscient, la joue cramoisie et la tête en biais, explosé
dans son fauteuil comme un mannequin de la Sécurité routière après un impact à
130 km/h contre un container rempli de fers à repasser. Pour la première fois,
un calme harmonieux a flotté dans nos locaux. Quelque chose a changé ce
jour-là, à l’agence et en moi. »
« Les
gens sont beaux quand ils font ce qu’ils aiment. »
« A
cette seconde, si j’avais été en train de passer un électrocardiogramme, l y
aurait eu un grand trait en travers de l’écran. »
« C’est
trop bien les mecs, ça ne remarque rien. »
« ‘A
bientôt’ : quelle expression détestable. Pour moi qui panique à l’idée de
perdre les gens, ces simples mots sont une horreur. Ils signifient que l’on ne
sait pas quand on se reverra. On accepte que le hasard décide. »
« Mais
t’es complètement folle ! Boulangère ! Franchement Julie, l’autre
soir tu étais déjà bizarre mais là, c’est le pompon. Ton treizième mois, tes
vacances, ta mutuelle, tu y as pensé ? Tu vas bosser le jour de Noël et à
chaque fois que les autres feront la fête. Et puis bonjour la stimulation
intellectuelle ! »
« Je
crois entendre un bruit, peut-être la mâchoire de Sophie qui est tombée sur son
parquet. »
« Comment
un homme qui caresse les tôles comme les cheveux d’une femme peut-il vous
sortir des phrases que même un auteur romantique du XIXe siècle aurait eu du mal
à écrire ? Je suis retournée. »
« Papa
observe Ric. Il n’a pas l’air de lui déplaire. Je trouve toujours amusant le
moment où le jeune mâle rencontre le plus ancien. Ils se jaugent, se reniflent.
Sans doute se demandent-ils s’ils auraient pu devenir amis sans l’écart d’âge.
J’ai parfois observé ce rite de passage. Le prétendant rencontre le père de la
belle. Se déroule alors un examen secret, une épreuve non dite, dont nous les
filles sommes toujours l’enjeu. Des millénaires de civilisation pour avoir l’impression
de se retrouver au fond d’une grotte préhistorique devant des hommes qui vous
négocient comme à la foire. »
« Les
gens qui dorment ont toujours quelque chose d’émouvant. Ils sont vulnérables.
Comme partis ailleurs, ils vous confient en quelque sorte leur corps. »
« Je
crois pouvoir officiellement annoncer sans aucune vantardise qu’en ce moment il
recherche ma compagnie. Trompettes, coups de canon, lâchers de colombes. Merci
de ne pas libérer les volatiles avant les tirs de canon parce que ça serait un
carnage. »
« Elle
a ce port de menton, cette noblesse de visage et cette assurance dans le regard
acquise en vendant plus de deux millions de baguettes et autant de croissants à
n’importe qui. »
Demain
j’arrête – Gilles Legardinier
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