« Pour
Naëlle, aujourd’hui était un jour bleu, et elle ne remarquait pas le regard de
ces hommes ; plongée dans sa lecture, le reste du monde n’existait
plus ! »
« Debout,
elle était encore plus spectaculaire. Au boulot, ils l’appellaient « la
gazelle » ; eux faisaient référence à sa taille élevée, à la
gracieuse lenteur de ses mouvements, à ses yeux en amande, si grands et presque
toujours baissés »
« elle
ne faisait rien pour se fondre dans la masse, pour paraître plus ordinaire.
Elle aurait pu renoncer aux talons hauts mais elle appréciait la jolie cambrure
qu’ils donnaient à ses jambes, elle aurait pus couper ses longs cheveux, mais
elle aimait les sentir caresser sa taille au moindre mouvement, elle aurait
aussi pu cesser de les décolorer, mais ce blond léger, enfantin la
rassurait. »
« j’adore
lire, alors le métro, c’est idéal »
« Pour
échapper à la promiscuité du métro qu’elle supportait parfois difficilement,
Naëlle se mit à lire, debout, adossée à la paroi métallique. Depuis des années,
elle avait développé cette faculté d’échapper à la réalité grâce à la
lecture ; ses compagnons de voyage couchés sur le papier étaient bien
différents de ceux qu’elle côtoyaient chaque jour avec leurs odeurs, leur
présence envahissante, leurs regards insistants. »
« Durant
son adolescence, sa timidité et son mutisme n’avaient pas incité ses
professeurs à la stimuler. Sa scolarité s’était donc limité à un graduat
technique. Seule, avec avidité, elle avait dévoré tous les livres qui lui
tombaient sous la main, ceux de l’institut puis, rapidement, tous ceux de la
petite bibliothèque communale où on lui permettait d’accéder une fois par
semaine. »
« Aussi
loin que je m’en souvienne, j’ai toujours eu un livre sous la main :
enfant, ça me permettait d’échapper au monde que les adultes m’imposaient, de
vivre des aventures extraordinaires par procuration, et aujourd’hui, c’est
comme un sas entre la vie réelle et le monde des rêves. »
« tes
cheveux blonds, traîtresse, filets de lune emprisonnant mon âme »
« Pastel,
légère, telle une ombre peinte par Leonor Fini, elle passa la porte. »
« On
relève davantage de traces de cette anomalie, comme vous le dites, dans
certaines régions de Turquie et du bassin méditerranéen, mais c’est peut-être
purement culturel ou lié à un passé chargé de légendes et de mythologie où les
androgynes sont omniprésents, d’où une plus grande facilité à admettre leur
existence. »
Comme
des larmes sous la pluie – Véronique Biefnot
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