« Quand
la vie joue les prolongations, il faut bien s’autoriser quelques caprices,
conclut-il en s’installant confortablement. »
« Ils
avaient fait glisser le steak d’élan avec de la bière, et il se sentait si
incroyablement bien qu’il se mit soudain à avoir peur de la mort. »
« Il
se demandait comment ils pouvaient être au courant d’autant de choses, et
surtout il avait du mal à comprendre comment les adultes pouvaient se comporter
de manière aussi déraisonnable. L’Autriche avait déclaré la guerre à la Serbie.
L’Allemagne avait déclaré la guerre à la Russie. Puis les Allemands avaient
pris le Luxembourg en un après-midi avant de déclarer la guerre à la France.
Sur ce, l’Angleterre avait déclaré la guerre à l’Allemagne qui avait riposté en
déclarant la guerre à la Belgique. L’Autriche avait déclaré la guerre aux
Russes et la Serbie à l’Allemagne.
Et
ainsi de suite. Les Japonais et les Américains devinrent alliés. Pour une
raison ou pour une autre, les Anglais prirent Bagdad, puis Jérusalem. Les Grecs
et les Bulgares se firent la guerre entre eux, et puis il fallut que le tsar de
Russie abdique, pendant que les Arabes conquéraient Damas. »
« Allan
était parfaitement heureux en compagnie de lui-même, ce qui était une bonne
chose, car il était très seul. »
« Ce
qui avait été un jeune homme blond aux cheveux longs et gras, à la barbe
clarisemée et portant une veste en jean avec dans le dos l’inscription Never
Again devint en l’espace d’un seul plouf ou gueuleton pour les poissons de la
mer Rouge. »
« -Excusez-moi,
mais je ne comprends pas pourquoi vous ne séparez pas l’uranium en deux parties
égales ?
La
question lui avait échappé au moment où il versait du café dans la tasse de
l’illustre physicien Oppenheimer. »
« Allan
prit congé de Jiang Qing et d’Ah Ming et commença sa petite promenade d’un bout
à l’autre du Tibet, vers l’Himalaya, les Indes britanniques, l’Afghanistan,
l’Iran, la Turquie et l’Europe. »
« Allan
dut admettre que la frontière entre la folie et le génie était parfois aussi
fine qu’un cheveu de nourrisson. »
« Le
héros de guerre Winston Churchill perdit de façon assez surprenante les
élections de 1945 et son poste de Premier ministre. Les Anglais sont des
ingrats. »
« Winston
Churchill était un homme capable de comprendre que le monde évoluait. Les
Anglais avaient besoin d’être dirigés par un chef qui sache leur dire haut et
fort quels étaient les véritables enjeux, et pas d’un socialiste aux pieds
tendres à la Clement Attlee. »
« La
politique est l’art de faire attention où on met les pieds. »
« Allan
reste silencieux quelques secondes, se demandant s’il allait révéler au docteur
Eklund que, à la différence de ses scientifiques et vraisemblablement de la
dénommé Greta, lui savait comment on fabriquait une bombe atomique.
Finalement,
il décida que le docteur Eklund ne méritait pas qu’on lui donne un coup de
main, vu qu’il n’était même pas capable de poser les bonnes questions. Sans
compter que le café de Greta était un vrai jus de chaussette. »
« -Alors
tu penses que soixante-quinze centilitres d’alcool pourraient résoudre le
conflit entre Israël et la Palestine ? lui demanda Bosse. L’histoire
remonte quand même jusqu’à l’époque de la Bible !
-Pour
ce conflit-là, il faudrait peut-être augmenter la dose, mais le principe reste
le même. »
« -Est-ce
que Staline a bien entendu ? Tu es sympathisant de Franco, tu as combattu
le camarade Mao, tu as sauvé la vie du cochon londonien et tu as mis l’arme la
plus dangereuse de la planète entre les mains des capitalistes aux
Etats-Unis ? »
« -J’ai
pensé à un truc, dit Allan.
-Ah
oui ? Quoi donc ? demanda Staline, furieux.
-Tu
ne trouves pas que tu devrais raser cette moustache ?
La
soirée se termina sur cette question. L’interprète avait perdu
connaissance. »
« Staline
et Truman s’étaient partagé fraternellement le pays et avaient proposé
arbitrairement de faire du trente-huitième parallèle la ligne de partage
Nord-Sud. Il y avait eu ensuite d’interminables négociations afin de parvenir à
un accord sur l’indépendance de la Corée, mais comme Truman et Staline
n’avaient pas du tout les mêmes opinions politiques, l’histoire s’était terminé
comme en Allemagne. Les Etats-Unis avaient fondé la Corée du Sud et l’URSS
avait riposté en créant la Corée du Nord. Ensuite, les Américains et les Russes
avaient laissé les Coréens se débrouiller entre eux. »
« -Je
suis sûr que c’est lui le vrai coupable.
-L’étranger ?
-Oui,
je ne sais pas s’il s’appelle Ibrahim ou Mohammed, parce que le journal le
désigne toujours comme « le vendeur de hot dogs ambulant », comme si
on n’était pas capable de deviner que c’est un Turc ou un Arabe ou un musulman
ou un truc dans ce genre. Ca ne peut pas être un Suédois en tout cas, un
Suédois ne vend pas des saucisses dans la rue. Surtout pas dans une ville comme
Akers Styckebruk. Ce genre d’affaires ne peut être rentable que pour un
étranger qui ne paye pas d’impôts.
-Eh
bien, dit Aronsson, vous n’y allez pas de main morte. Mais je me permets juste
de préciser qu’on peut être turc et musulman, ou arabe et musulman, c’est tout
à fait compatible.
-Ah
bon, il est turc et musulman ? C’est pire ! Alors qu’est-ce que vous
attendez pour le coincer ? Lui et tous les membres de sa famille !
Ils doivent être une centaine, à toucher des allocations familiales et le
chômage et tout ça ! »
« Son
seul souci : faire gober aux médias que l’odeur de cadavre sentie par le
chien policier sur la draisine était le parfum anticipé de la mort prochaine du
centenaire Allan Karlsson. »
« Le
jour de son quatre-vingt-cinquième anniversaire, Amanda reçut de son mari un
ordinateur portable avec une connexion Internet. Allan avait entendu dire que
les jeunes aimaient bien surfer sur le Net. »
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire – Jonas Jonasson
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