"Mais pourquoi toutes les femmes de son entourage ne lui demandaient-elles qu'une seule chose: des services sexuels ininterrompus? C'était une excellente occupation, seulement pourquoi n'avait-il jamais réussi une seule fois dans sa vie à choisir une femme lui-même? Il aurait bien aimé, lui aussi, tomber amoureux d'une fille comme Alla... Comme Lilia Laskine... Pourquoi Génia Rozenzweig, ce gringalet au cou maigre, avait-il pu se trouver une Alla? Pourquoi lui, Chourik, sans jamais choisir, devait-il répondre avec les muscles de son corps à toute demande insistante émanant de cette folle de Svetlana, de la minuscule Jane, et même de la petite Maria?"Peut-être que je n'en ai pas envie? Non, c'est ridicule! Le malheur c'est que justement j'en ai envie... Mais envie de quoi? De les consoler toutes? Et seulement de les consoler? Mais pourquoi?"Et il avait l'impression qu'elles le cernaient de toutes parts, reconnaissables, mais un peu altérées, comme dans un miroir légèrement déformant: Alia Togoussova avec son chignon crêpé de cheveux gras qui glissait sur le côté, Mathilda éplorée avec son chat mort dans les bras, Valéria avec ses jambes martyrisées et son magnifique courage, cette Svetlana souffreteuse avec ses fleurs artificielles, la minuscule Jane avec son chapeau miniature, Léna avec son visage dur, et cet amour de Maria qui n'avait pas encore l'âge, mais qui prenait déjà sa place dans la file d'attente... Et derrière elles toutes se profilait la lionne Faïna Ivanovna sous l'aspect d'un véritable fauve, mais blessée et larmoyante, et il fut submergé par une telle pitié qu'il s'y noyait littéralement... Et s'ammoncelaient encore au loin des multitudes d'inconnues en larmes accablées par le malheur, et même profondément malheureuses, toutes autant qu'elles étaient... Avec leur pauvre petit coquillage inconsolable... Pauvres femmes... Les pauvres, les pauvres... Et il fondit en larmes."
Sincèrement vôtre, Chourik - Ludmila Oulitskaïa
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